Anny Cordy crée Hello Dolly en France
Notice
Des images de répétitions montrent Annie Cordy, entourée de boys, chanter la chanson principale de Hello Dolly, comédie musicale de Jerry Herman que la chanteuse belge s'apprête à créer en France, en ce mois d'avril 1972. Un reporter interroge ensuite la star et le metteur en scène américain en train de prendre un verre avec toute la compagnie, après la répétition.
Éclairage
La comédie musicale Hello Dolly ! s'inspire d'une comédie de Thornton Wilder (The Matchmaker, 1955), nouvelle mouture d'une pièce de 1938 d'après une comédie du dramaturge viennois Nestroy (Einen Jux will er sich machen, 1842), elle même calquée sur un canevas anglais (A Day well spent, 1835). On y retrouve les archétypes de la comédie de situation : un riche barbon qui s'oppose au mariage de jeunes désargentés, la marieuse qui parvient à épouser son employeur, le valet qui se fait passer pour un seigneur, etc. Le tout situé dans la banlieue de New York puis au cœur de Manhattan.
Cet argument joyeux incita David Merrick à produire un musical dont la composition de la partition fut confiée à un musicien au charme mélodique proverbial: Jerry Herman (aussi auteur de Mame et La Cage aux Folles). Le show fut rôdé dans la douleur à Detroit et Washington, avant d'aborder Broadway après de substantielles modifications. Les grandes vedettes de l'époque Ethel Merman et Mary Martin ayant refusé d'incarner le rôle-titre, c'est l'inénarrable Carol Channing, blonde explosive à la voix très grave, qui s'y colla et trouva ainsi le rôle de sa vie: elle devait le chanter jusqu'en 1995. Créé le 16 janvier 1964 au Saint James Theatre de New York, le spectacle obtint un tel succès qu'il aligna 2 844 représentations successives et remporta 10 Tony Awards (plus haute récompense dans le domaine du spectacle vivant en Amérique). Et s'il tint l'affiche jusqu'en 1970, c'est grâce au flair de Merrick qui sut relancer l'intérêt du public en confiant Dolly à des stars en tous genres : Ginger Rogers, Ethel Merman finalement, etc. L'incrédulité surgit lorsqu'on annonça une adaptation cinématographique avec la jeune Barbra Streisand. Mais le film de Gene Kelly tient le pari. Streisand y réinvente le personnage avec classe dans une mise en scène et des chorégraphies brillantes. Ce film, qui a coûté la bagatelle de 24 millions de dollars, comporte aussi un cameo de Louis Armstong dans la célèbre chanson-titre. La popularité du show n'en est devenu que plus grande, jusqu'en France où Annie Cordy s'y est illustrée, dans une traduction français qui a assuré un grand succès hexagonal à cet ouvrage devenu un «classique» de la comédie musicale américaine.