Tony Poncet interprète Paillasse
Notice
Le ténor Tony Poncet interprète en français le fameux air de Canio Ris donc Paillasse, extrait de l'opéra de Leoncavallo, dans une production de studio de la Télévision française signée Henri Spade.
Éclairage
L'opéra vériste conquiert l'Italie à la fin du XIXe siècle, tel un raz-de-marée supplantant par son réalisme parfois outrancier le répertoire verdien et les restes du bel canto déjà très en déclin. L'un de ses titres les plus emblématiques est I Pagliacci (Paillasse) de Ruggero Leoncavallo, créé en 1892, au Teatro dal Verme à Milan, qui conte un drame de la jalousie dans le milieu forain, avec comme décor une Sicile encore très paysanne. Le fameux air Ridi, Pagliaccio (Ris donc, Paillasse) montre Canio, désespéré par l'infidélité de sa compagne, constatant amèrement que son destin est de faire rire le public qui l'attend dans son rôle de clown, quelle que soit la douleur qui le mine. Ce rôle très payant a été interprété par tous les grands ténors du XXe siècle.
Tony Poncet, ténor français d'origine espagnole est, de la fin des années cinquante au début des années soixante-dix, le ténor héroïque attitré de toutes les scènes d'opéra et de concert de France, et en priorité de l'Opéra de Paris et de l'Opéra-Comique, où il débute en 1958. Il chante les rôles de ténor des répertoires du XIXe siècle français et italien, de l'Arnold du Guillaume Tell de Rossini au Duc de Mantoue du Rigoletto de Verdi, de l'Éléazar de La Juive d'Halévy au Faust de Gounod, du Vasco de Gama de L'Africaine de Meyerbeer au Raoul de ses Huguenots (qu'il interprète au Carnegie Hall de New York), du Don José de Carmen de Bizet au Jean de l'Hérodiade de Massenet, du Turridu de Cavalleria rusticana de Mascagni à Canio, qui reste d'ailleurs son rôle le plus emblématique, puisqu'il débute sur scène en Avignon en 1954 avec lui, et le chante près de 200 fois.
Sa voix puissante, aux aigus claironnants, en a fait l'archétype du fort ténor préférant la vaillance aux nuances, ce qui reste une analyse un peu simpliste, comme en témoigne l'air enregistré ici. Cet air fait partie d'une intégrale de l'œuvre, chantée en français et réalisée en studio par et pour la télévision française, comme il est de coutume à l'époque en matière d'opéra. Le réalisateur Henri Spade s'est fait une spécialité de ce qui est alors une prouesse, l'enregistrement se faisant généralement en continu, et sans aucune reprise ni correction.