Mady Mesplé chante "L'air des clochettes" de Lakmé de Leo Delibes

Lakmé, célèbre opéra de Léo Delibes d'après une nouvelle de Pierre Loti, Rarahu, est créé à l'Opéra-Comique le 14 avril 1883, et reste encore l'un des fleurons du répertoire français de cette époque. Son intrigue, basée sur l'amour impossible d'un européen et d'une jeune indienne que tout contrarie, en particulier les distances sociales et raciales, dans l'Inde du milieu du XIXe siècle, est typique de l'univers d'exotisme et de dépaysement qu'on attendait alors du genre. Sa partition comporte quelques airs et duos parmi les plus ravissants de ce répertoire.

Le fameux Air des clochettes au IIe acte « Où va la jeune Hindoue », l'un des « tubes » absolus du répertoire français, se déroule sur un marché, où le père de l'héroïne, Nilakantha, force Lakmé à chanter la légende d'une jeune fille de basse extraction qui sauva la vie du dieu Vishnou en le prévenant par le son des clochettes de sa baguette des dangers que lui font courir des bêtes féroces, et qui est alors entraînée par lui au paradis.

C'est avec Lakmé justement que la toulousaine Mady Mesplé débute en 1953, à l'Opéra de Liège, point de départ d'une carrière de soprano légère colorature qui la mène bientôt à Paris, à l'Opéra-Comique, où elle entre en 1956 avec le même Lakmé. Elle est ensuite à l'Opéra, en 1958, où après avoir participé aux Dialogues des Carmélites de Poulenc, et aux Indes galantes de Rameau dans la fameuse production de Maurice Lehmann, elle règne une dizaine d'années durant sur le répertoire de colorature, après avoir repris triomphalement en 1960 Lucia di Lammermoor de Donizetti à la suite de Joan Sutherland. La même année, elle fête la 1500e représentation de Lakmé à l'Opéra-Comique, dont elle reste considérée comme l'une des interprètes majeures. Il est donc tout à fait logique que la Télévision française fasse appel à elle en 1961 quand elle programme une intégrale de studio de l'opéra de Delibes, réalisée par Henri Spade, dont est extrait le présent Air des clochettes.

La carrière de Mady Mesplé, qui la mène du Festival d'Aix-en-Provence (Zémire et Azor, Ariadne auf Naxos) au Metropolitan Opéra de New York et au Bolchoï de Moscou, est aussi riche de créations contemporaines. Citons le Dernier Sauvage de Gian Carlo Menotti en 1963, la version française d'Elégie pour de jeunes amants de Hans Werner Henze en 1965, et de nombreuses pièces écrites spécialement pour sa voix.