Luis Mariano chante La Belle de Cadix

La Belle de Cadix est un ouvrage important dans l'histoire de l'opérette, car il ouvre une nouvelle époque, à la fois dans l'histoire du genre et dans la carrière de ses artisans. C'est en effet la première œuvre scénique composée par Francis Lopez, laquelle allait relancer la mode de l'opérette au sortir de la Deuxième Guerre mondiale. Et c'est aussi le titre qui donna un coup d'accélérateur à la carrière de Luis Mariano.

Francis Lopez, fils d'un dentiste d'origine basque, a commencé à composer des chansons pendant la guerre. Au sortir de celle-ci, le directeur du Casino-Montparnasse lui commande une opérette pour la fin de l'année 1945, ne lui laissant que deux mois et lui proposant un livret écrit en 1938 par Raymond Vincy. On déplace l'intrigue de Marseille en Hongrie, puis finalement en Espagne, et c'est ainsi que La Belle de Cadix voit le jour le 19 décembre 1945 au Casino-Montparnasse.

Le rôle principal masculin est confié à un jeune ténor qui commence à être connu dans la domaine de la chanson de variété : Luis Mariano. Fils d'un mécanicien ayant émigré en France au moment de la guerre civile espagnole, cet artiste (de son vrai nom Mariano Eusebio Gonzalez y Garcia) a suivi une formation classique et brigue une place à l'opéra-comique... Mais les chansons de variété qu'il interprète dans des cabarets et qu'il enregistre dans un premier disque en 1945 vont décider de la suite de sa carrière : sa voix chaleureuse et éclatante, sa diction mâtinée d'accent espagnol font de lui la vedette de La Belle de Cadix, qui va finalement tenir l'affiche pendant presque deux ans et susciter de nombreuses reprises (en 1958, 1968, 1977, 1979, 1991 et 1996) ainsi qu'un film avec Mariano en 1953.

Après ce succès inespéré, Francis Lopez et Luis Mariano vont créer ensemble de nombreux autres titres qui vont contribuer au renouveau du genre, les chansons faciles et enjôleuses de Lopez trouvant dans le charisme simple de Mariano un parfait vecteur. Parmi les titres qui vont consolider la réputation de ce duo, on doit citer Andalousie (1947), Le Chanteur de Mexico (1951) et Méditerranée (1955). Lopez allait ainsi devenir l'emblème de l'opérette d'après-guerre, genre optimiste, joyeux et sentimental qui connaissait ainsi son crépuscule. Quant à Luis Mariano, il allait devenir le chanteur le plus populaire dans la France des années 50.