Elisabeth Schwarzkopf à Versailles

25 décembre 1971
09m 27s
Réf. 01124

Notice

Résumé :

À l'occasion de la réouverture de l'Opéra royal de Versailles le 30 juin 1971, la soprano allemande Elisabeth Schwarzkopf donne un récital de Lieder accompagnée par le pianiste Aldo Ciccolini. Un Lied de Hugo Wolf est suivi d'images de tout le cérémonial de préparation qui le précède, de la recherche minutieuse du meilleur emplacement sur la scène, au choix de sa robe, pour lesquels Walter Legge - son mari et mentor - est l'indispensable conseil.

Date de diffusion :
25 décembre 1971
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Thèmes :

Éclairage

1971 : l'année de ce récital donné à l'Opéra royal de Versailles, Elisabeth Schwarzkopf (1915-2006) abandonne la scène lyrique, où elle a pris le rang de plus célèbre soprano allemand des années cinquante et soixante. Sa carrière commence en 1938, à Berlin, sous la baguette de Karl Böhm, quand elle chante l'une des Filles-fleurs de Parsifal. Tout en se perfectionnant chez Maria Ivogun, elle chante bientôt La Chauve-souris à l'Opéra de Paris occupé en 1941, donne son premier récital de Lieder en 1942, débute à l'Opéra de Vienne en 1944. Après son procès en dénazification, elle est remarquée par le producteur britannique des disques HMV Walter Legge, qui devint son Pygmalion, et l'épouse finalement en 1953. Sa carrière, par l'intermédiaire de ses prestigieux enregistrements HMV / La voix de son maître, devient vite internationale, et la mène du Covent Garden de Londres au Festival de Salzbourg, du Festival de Bayreuth à La Scala, de Milan, de La Fenice de Venise - où elle crée en 1951 The rake's progress d'Igor Stravinski - au Metropolitan de New York. Au début des années cinquante, elle abandonne rapidement son répertoire de soprano colorature (Oscar, Zerbinette, Rosine, Blondchen) pour Mimi, Violetta, Marcelline, Mélisande, Alice Ford, Marguerite, mais aussi Wagner (Eva, Elisabeth, Elsa), et surtout les grands rôles mozartiens qui la rendent célèbre partout dans le monde (Suzanne, puis Fiordiligi, Elvira, Pamina) et en particulier à Salzbourg, dont elle est l'une des stars de 1947 à 1964. Dans les années soixante, elle se consacre uniquement à ces derniers rôles, ainsi qu'à ses deux rôles straussiens fétiches, La Maréchale du Chevalier à la rose - dont un film célèbre avec Herbert von Karajan à Salzbourg rend compte - et la Comtesse de Capriccio, rôle qu'elle interprète aussi à Paris en 1962.

Perfectionniste absolue, elle doit, comme Dietrich Fischer-Dieskau, remettre la culture du Lied allemand au rang des nécessités du goût musical contemporain : chacun de ses récital annuels, à Salzbourg, à Londres, à Paris est un événement, qui ne fait pas peu pour la reconnaissance de l'univers romantique fort séduisant de Schubert ou Schumann, mais aussi de ceux plus difficiles d'abord de Richard Strauss et surtout de Hugo Wolf.

Après 1971, elle se consacre exclusivement au Lied, où ses accompagnateurs sont soit Gerald Moore, baptisé « le prince des accompagnateurs », soit de grands solistes comme Aldo Ciccolini qui l'accompagne ici à Versailles. Elle quitte définitivement l'estrade du récital en 1979 à la mort de son époux - à qui elle consacre un livre sous le titre clin d'œil La voix de mon maître - pour se consacrer à l'enseignement. Le document filmé à Versailles montre très exactement le rôle de Walter Legge, toujours à l'écoute de la moindre imperfection, et attentif aux petits détails d'un art tout de composition maîtrisée, qui n'empêche pas de trouver un naturel exquis à la moindre de ses interprétations, comme en témoigne le Lied Wenn du zu den Blumen gehst de Hugo Wolf qu'on entend ici.

Pierre Flinois

Transcription

(Musique)
(Bruit)
Journaliste
Mais un tel accomplissement d’interprète, comment Elisabeth Schwarzkopf y est-elle parvenue ? Depuis les considérations les plus simples concernant la place où chanter sur une scène et le choix d’une robe adaptée au cadre, jusqu’au travail technique le plus approfondi pendant toute une vie consacrée à l’art vocal, autant de choses qu’Elisabeth Schwarzkopf va ce soir nous montrer.
Elisabeth Schwarzkopf
Dans toutes les salles, il faut trouver une place où le ton vient à vous dans une certaine direction, pas seulement de là ou de là, où tout le monde autour de vous, mais comme ça, vous pouvez jouer sur les couleurs.
(Musique)
Elisabeth Schwarzkopf
Il y a une place dans chaque théâtre presque où on peut se sentir bien. Allons, on essaie un tout petit peu. Je crois peut-être que quelquefois, j’ai trouvé que même comme ça, pas dans le centre de la…
Aldo Cicciolini
De côté, oui.
(Musique)
Elisabeth Schwarzkopf
Ça sera bien ici. Mais je crois que nous avons des difficultés avec les caméras et avec le rideau, que faire ? Ah où sont les pompiers ? Est-ce qu’il y a un pompier peut-être. This is so big, you know ? I think it's much much too far from the public.
Walter Legge
There's no contact.
Elisabeth Schwarzkopf
What ?
Walter Legge
So little contact.
Elisabeth Schwarzkopf
I know. It's very difficult.
Aldo Cicciolini
Vous allez chanter…
Walter Legge
Try the other side of the piano.
(Musique)
Elisabeth Schwarzkopf
This is marvelous here. This is very good. But we can't go so far away can we ?
Walter Legge
Yes unfortunatly we have no contact with the public.
Elisabeth Schwarzkopf
I know, this is terrible. What are we going to do ?
(Musique)
Elisabeth Schwarzkopf
C’est encore bien ici.
(Musique)
Elisabeth Schwarzkopf
Encore bien mais c’est très loin vraiment.
(Musique)
Elisabeth Schwarzkopf
C’est déjà sec et ça change sûrement du soir, quand il y a du public, non ?
Intervenant
Non, on va peut-être essayer.
Elisabeth Schwarzkopf
Si nous devons rester ici à cause du rideau de fer, évidemment. Oh, j’aimerais rester là.
Walter Legge
yes but you're not in the middle now.
Elisabeth Schwarzkopf
Non, ça ne fait rien, non, je crois, hein ?
Walter Legge
Oui, pas trop mal.
Elisabeth Schwarzkopf
Pour les couleurs, qu’est-ce que je vais prendre ? Which dress do you think should I take ? Turquoise ?
Walter Legge
The green one.
Elisabeth Schwarzkopf
The green one.
Intervenant
Vous avez une robe verte avec vous?
Elisabeth Schwarzkopf
J’en ai deux avec moi, mais naturellement, avec toutes ces couleurs-là, on ne sait jamais. Can you... What's this color ?
Walter Legge
No, no, no. Too green.
(Bruit)
Elisabeth Schwarzkopf
Bon, il faut que j’arrive à me voir dans la glace, non ? Qu’est-ce que c’est que ça ?
(Bruit)
Elisabeth Schwarzkopf
Ouf, il faut que nous aillions de l’autre côté, non ?
(Bruit)
Elisabeth Schwarzkopf
[Inaudible]
Aldo Cicciolini
[Inaudible]
Elisabeth Schwarzkopf
Non, il ne faut pas toujours les…. Seulement ici, je fais le geste, il ne faut pas, c’est juste que je fais ça, ça sert à…
Aldo Cicciolini
[Inaudible]
Elisabeth Schwarzkopf
Non, quand je vais vraiment après Jacqueline, j’attends comme ça. Il faut déjà attendre un peu…
Aldo Cicciolini
Inaudible
Elisabeth Schwarzkopf
Oui, [Inaudible]. Ce n’est pas trop haut, non ? [Inaudible].
(Bruit)
Elisabeth Schwarzkopf
Il faut, oui il faut, lentement, lentement, hein ?
Aldo Cicciolini
Oui, il faut, tranquillement.
Elisabeth Schwarzkopf
Yes. Mon Dieu, ça s'est beau, je sais. Attention à quelque chose qui vole. Déjà ?
(Bruit)
(Musique)