Vie dans les camps de prisonniers vietminh [muet]

1954
01m 56s
Réf. 01060

Notice

Résumé :

[Document muet] Le film présente un camp de prisonniers français en Indochine. Soins, repos, jeu, musique, sport, repas rythment les journées des prisonniers.

Date d'événement :
1954
Thèmes :
Lieux :

Éclairage

Ce document est un bout-à-bout (un montage non finalisé ne cherchant pas à restituer une continuité narrative, mais à conserver une copie de visionnage des éléments tournés) de films réalisés par des opérateurs vietminh dans les camps de prisonniers français perdus en pleine jungle.

Les images finales de l'extrait présentent ainsi la géographie générale du camp, l'implantation de ses baraquements. Les premières séquences, en revanche, portent sur la vie des prisonniers français et leurs conditions de détention. Pourtant ces images ne sont pas le reflet de la réalité des camps, mais une mise en scène organisée devant la caméra de l'opérateur vietminh pour promouvoir une certaine vision de la captivité des soldats du Corps Expéditionnaire. Il s'agit donc de films de propagande supposés renseigner l'Occident sur les bons traitements réservés aux prisonniers, et entretenir dans le bloc de l'Est l'illusion de la conversion immanquable de tous les détenus aux bienfaits de la doctrine communiste.

Il peut donc légitimement paraître choquant de voir des hommes souriants, en bonne santé, danser bras dessus bras dessous pendant que l'un d'entre eux joue de l'accordéon et que d'autres entonnent l'air en chœur, mais le caractère excessif de ces images d'allégresse ne vient-il pas justement dénoncer le procédé ? De la même manière, la vision de ces hommes attablés devant un véritable banquet n'entre-t-elle pas en dissonance avec leur maigreur inquiétante que dissimulent à peine leurs chemises trop larges ? La lenteur inhabituelle de leurs mouvements ne vient-elle pas souligner leur état de faiblesse ? Et que dire de ces regards-caméras furtifs mais omniprésents que ces hommes échangent avec la caméra, conscients de la surveillance qu'elle opère et du rôle qu'ils sont forcés de tenir le temps du tournage ?

Notre but en montrant ces images n'est donc pas de laisser planer un doute sur l'état de santé physique et moral des prisonniers, mais de renseigner sur l'usage de l'audiovisuel en tant qu'arme de propagande par le Vietminh dès les années 1950.

Delphine Robic-Diaz