Intervention japonaise en Indochine

15 janvier 1941
01m 09s
Réf. 00127

Notice

Résumé :

Les troupes japonaises, alliées aux Français par un accord récent, repoussent une attaque chinoise contre le Vietnam.

Date de diffusion :
15 janvier 1941
Source :

Éclairage

La Seconde Guerre mondiale et la débâcle de 1940 enlisent la France sur son territoire métropolitain, laissant les colonies livrées à elles-mêmes.

La France fragilisée, l'Indochine doit alors faire face à la remise en cause d'un certain nombre de statu quo avec les pays voisins. A l'Ouest tout d'abord, le Siam (devenu Thaïlande en 1939) « profite des circonstances actuelles », comme le souligne pudiquement le commentaire, pour tenter de nouveaux assauts et remettre en cause le tracé de la frontière avec le Cambodge établi en 1904 après une quarantaine d'années de combats et de tractations que vient résumer une carte animée dans la plus pure tradition didactique des Actualités cinématographiques diffusées en salle à l'époque pour informer les Français. On peut d'ailleurs noter que cette carte est la seule illustration proposée pour un conflit sans image dont l'intégralité du traitement porte sur le glorieux passé militaire du temps de la conquête coloniale. Le ton énergique donné au commentaire achève le sujet sur une note positive puisque « Hanoi, malgré son isolement, veille ! ».

Après une ouverture à l'iris, le sujet passe au front Nord-Est sur lequel, à l'été 1940, les Chinois viennent également de lancer une offensive pour envahir les territoires frontaliers du Tonkin. Dans le même temps, les Japonais tentent un ultimatum auprès du général Catroux, gouverneur d'Indochine, pour empêcher la progression chinoise. Catroux cède dans l'urgence, ce qui lui vaut d'être limogé par le gouvernement Pétain et remplacé immédiatement par l'amiral Decoux.

Dans le traitement audiovisuel de cet épisode par les Actualités, nulle trace de ces tensions diplomatiques ni de la pression exercée par le Japon qui vise l'occupation de l'Indochine comme plateforme d'expansion militaire et économique sur le continent asiatique ; les troupes nippones sont ici « appelées en vertu de cet accord à réduire une tentative chinoise ». Le champ lexical employé met l'accent sur le côté positif de ce soutien. A l'aide d'un montage rapide de stock-shots neutres de colonnes de soldats prises en plan d'ensemble et/ou de dos, auxquels s'ajoutent des plans tournés par les Japonais eux-mêmes, le sujet se fait seulement l'écho du renfort apporté par les Japonais aux Français pour endiguer la menace d'invasion chinoise.

A l'heure où la France est défaite militairement, sa métropole divisée en deux zones dont une occupée par le IIIe Reich, la ligne éditoriale des Actualités est de biaiser l'information pour trouver à tout prix des événements porteurs d'une vision optimiste.

Delphine Robic-Diaz

Transcription

Journaliste
Que se passe-t-il en Indochine ? A l’Ouest, le Cambodge est limitrophe du royaume de Siam, pays presque aussi grand que la France et peuplé de 11 millions d’habitants. Faut-il rappeler qu’en 1862, notre pays se porta au secours du Cambodge contre le Siam, et qu’en 1893, des bateaux de guerre français remontèrent jusqu’à Bangkok ? Le traité de 1904 fixa alors la frontière entre l’Indochine et le Siam. Profitant des circonstances actuelles, le Siam, devenu Thaïlande, vient de rallumer les querelles passées. Mais Hanoï, malgré son isolement, veille. Les autorités françaises ont, par ailleurs, conclu un accord avec le Japon.
(Musique)
Journaliste
Nous voyons, ici, les troupes nippones appelées, en vertu de cet accord, à réduire une tentative chinoise. L’Extrême-Orient reste sur le qui-vive.
(Musique)