Opération Méduse au nord d'Haïphong
Notice
L'opération "Méduse" se situe au nord d'Haïphong et vise à "nettoyer" le delta du fleuve Rouge.
Éclairage
Nommé Haut-Commissaire avec les pleins pouvoirs civils et militaires, le général Jean de Lattre de Tassigny arrive en Indochine à la toute fin de l'année 1950. L'opération « Méduse » fait partie du dispositif militaire qu'il met en place au printemps 1951 pour s'opposer aux offensives lancées sur le delta tonkinois par les troupes vietminh du général Giap.
Fidèle au ton des Actualités cinématographiques, le commentaire évoque immédiatement « le succès total des troupes franco-vietnamiennes ». A l'heure de la vietnamisation accrue des troupes souhaitée par le général de Lattre, il s'agit donc de faire entendre (en plus d'une présence anonyme à l'écran) la part prise aux combats par les forces locales. Aux plans embarqués sur les navires de transport des troupes, s'ajoutent ceux (avec ponctuation sonore appuyée) des vols de soutien des chasseurs bombardiers. Les opérateurs du Service Presse Information saisissent ainsi des images tournées au cœur de l'action comme en atteste certaines prises de vues dont le caractère « saisi sur le vif » restitue l'instantané du combat à hauteur d'hommes. L'artillerie et l'infanterie complètent ce dispositif. Le montage rapide composé de plans courts donne le sentiment d'un feu extrêmement nourri et provenant de toute part. Il est particulièrement remarquable de relever le volontaire faux-raccord du chapitre final de ce sujet : lorsque un soldat d'infanterie passe sous un portique de roseau (« l'infanterie poursuivait sa progression ») et qu'en contre-champ, ce sont des prisonniers vietminh qui sortent d'une structure similaire. Cette astuce donne l'illusion qu'après une ellipse ce sont bien les mêmes combattants français qui viennent de faire la capture de ces hommes reflués vers la caméra. La volonté d'une mise en scène de l'efficacité de l'armée française est ici évidente, mais le spectateur doit rester sensible aux changements de texture de l'image qui dénoncent des prises de vues non coordonnées. Si le théâtre des opérations était présenté sous différents angles pour accentuer le dynamisme de la riposte française, lors des scènes finales, la multiplication des plans (sous différents angles) des colonnes de prisonniers surenchérit, quant à elle, à la victoire remportée, tout comme le choix de la musique dont les derniers accords glorieux résonnent sur une masse de dos nus, les mains levées au-dessus des têtes, avançant à allure rapide pour s'enfoncer dans la profondeur de l'image.