Le 25ème congrès des CUMA des Landes

22 février 1982
01m 37s
Réf. 00178

Notice

Résumé :

La fédération départementale des CUMA des Landes tient son 25ème congrès. Couvrant des champs d'actions variés, ces coopératives agricoles œuvrent pour le développement de l'entraide entre agriculteurs et n'ont de cesse de se développer, bénéficiant de l'encouragement financier de l'Etat, du Conseil général et du Conseil régional.

Date de diffusion :
22 février 1982
Source :

Éclairage

Créées après la Seconde Guerre mondiale, les coopératives d'utilisation du matériel agricole ou CUMA sont un peu un écho aux habitudes d'entraide entre voisins qui existaient depuis longtemps, notamment pour certains travaux saisonniers. En Chalosse, c'était en gascon l'obrada, particulièrement pour la batèra, "la moisson", ou bien sûr las vrenhas, "les vendanges".

Certes l'agriculture française est fort peu mécanisée avant 1939-45, mais déjà le machinisme apparaît : batteuses, machines à labourer à vapeur, tracteurs, treuils électriques. La crise économique des années 1930 fait d'ailleurs découvrir aux agriculteurs l'intérêt de se grouper pour se défendre et s'organiser. Non seulement des coopératives laitières ou viticoles se sont mises en place à la Belle Époque dans certaines régions (Alsace, Languedoc, Charente-Maritime...), mais des syndicats de battages et des coopératives de culture mécanique ont vu le jour.

À partir de 1945, la Reconstruction du pays exige aussi de réorganiser et de moderniser le secteur. La Confédération générale de l'agriculture, qui devient en 1946 la FNSEA [1], met alors en place un réseau coopératif avec notamment la création de l'Union nationale des CUMA. Ces coopératives se développent très rapidement (8000 en 1949). En 1954, les CUMA se réorganisent sur de nouvelles bases, particulièrement stimulées à l'époque par l'engagement des militants de la Jeunesse agricole catholique (JAC).

Alors que la PAC (politique agricole commune) impulsée par le Traité de Rome (1957) instituant la Communauté économique européenne (CEE), fait profondément évoluer l'agriculture, l'orientant vers plus de productivisme [2] et précipitant "la fin des paysans" [3], les CUMA diversifient leurs activités : drainage, irrigation, stockage, séchage, conditionnement, comptes de gestion... Plus tard, dans les années 1990, elles s'investissent aussi dans d'autres domaines concernant l'environnement : épandage des fumiers et lisiers, pulvérisation...

Dans les Landes, elles sont plutôt implantées dans le sud (Chalosse, Tursan, pays de l'Adour en général), où l'agriculture dite "familiale" a davantage perduré ; contrairement à la Haute-Lande dont les horizons, le parcellaire, l'hydrographie et les mentalités sont largement modifiés par l'implantation des "maïsiculteurs" profitant des avantages de la PAC à partir du milieu des années 1960.

[1] Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, qui s'appuie largement sur le Cercle national des Jeunes Agriculteurs (CNJA) mis sur pied en 1957.

[2] De nombreux adhérents aux CUMA, militants du mouvement dit des "paysans-travailleurs" fondé par Bernard Lambert en 1970 et devenu plus tard (1987) la Confédération paysanne, ou adhérents au MODEF (Mouvement de défense des exploitants familiaux) fondé en 1959 et assez proche du parti communiste, ne manquent d'ailleurs pas de critiquer l'augmentation impressionnante du productivisme.

[3] La fin des paysans (1967), titre du célèbre ouvrage du sociologue Henri Mendras (1927-2003).

Jean-Jacques Fénié

Transcription

Journaliste
L’histoire de ces coopératives d’utilisation de matériel agricole s’étend déjà sur un quart de siècle au cours duquel elles n’ont cessé, en dépit de bien des oppositions politiques, de se développer. Ainsi, la fédération départementale des Landes qui vient de tenir son 25ème congrès, représente, elle, aujourd’hui 181 coopératives, 6500 agriculteurs, des investissements à 1981 de 12 millions de francs et un chiffre d’affaires la même année, d’un peu plus du double. Car les CUMA s’occupent aussi bien de vendanges que de récoltes de maïs et de céréales, d’assainissement de sol, de travaux forestiers, de drainage ou même tout simplement de comptabilité gestion. Elles mettent en place et permettent partout un développement continu de l’entraide entre agriculteurs, entraide sans laquelle l’agriculture familiale ne pourrait résister aux pressions de l’économie moderne. C’est d’ailleurs pourquoi le gouvernement a décidé d’augmenter de 74% le montant des prêts super bonifiés consentis à 6% au CUMA des Landes, et d’élargir à 7% le taux de la TVA pour certains travaux agricoles. Les aides du Conseil général des Landes se sont élevées en 81 à 1 400 000 francs, ce qui montre le choix résolu du Conseil général, d’encourager la coopération au stade même de la production. Par contre, l’aide reçue du Conseil régional reste, aux yeux de la fédération des CUMA des Landes, d’un montant encore trop modeste mais il est bien vrai que les moyens du Conseil régional sont eux-mêmes plus que modestes.