Le 25ème congrès des CUMA des Landes
Notice
La fédération départementale des CUMA des Landes tient son 25ème congrès. Couvrant des champs d'actions variés, ces coopératives agricoles œuvrent pour le développement de l'entraide entre agriculteurs et n'ont de cesse de se développer, bénéficiant de l'encouragement financier de l'Etat, du Conseil général et du Conseil régional.
Éclairage
Créées après la Seconde Guerre mondiale, les coopératives d'utilisation du matériel agricole ou CUMA sont un peu un écho aux habitudes d'entraide entre voisins qui existaient depuis longtemps, notamment pour certains travaux saisonniers. En Chalosse, c'était en gascon l'obrada, particulièrement pour la batèra, "la moisson", ou bien sûr las vrenhas, "les vendanges".
Certes l'agriculture française est fort peu mécanisée avant 1939-45, mais déjà le machinisme apparaît : batteuses, machines à labourer à vapeur, tracteurs, treuils électriques. La crise économique des années 1930 fait d'ailleurs découvrir aux agriculteurs l'intérêt de se grouper pour se défendre et s'organiser. Non seulement des coopératives laitières ou viticoles se sont mises en place à la Belle Époque dans certaines régions (Alsace, Languedoc, Charente-Maritime...), mais des syndicats de battages et des coopératives de culture mécanique ont vu le jour.
À partir de 1945, la Reconstruction du pays exige aussi de réorganiser et de moderniser le secteur. La Confédération générale de l'agriculture, qui devient en 1946 la FNSEA [1], met alors en place un réseau coopératif avec notamment la création de l'Union nationale des CUMA. Ces coopératives se développent très rapidement (8000 en 1949). En 1954, les CUMA se réorganisent sur de nouvelles bases, particulièrement stimulées à l'époque par l'engagement des militants de la Jeunesse agricole catholique (JAC).
Alors que la PAC (politique agricole commune) impulsée par le Traité de Rome (1957) instituant la Communauté économique européenne (CEE), fait profondément évoluer l'agriculture, l'orientant vers plus de productivisme [2] et précipitant "la fin des paysans" [3], les CUMA diversifient leurs activités : drainage, irrigation, stockage, séchage, conditionnement, comptes de gestion... Plus tard, dans les années 1990, elles s'investissent aussi dans d'autres domaines concernant l'environnement : épandage des fumiers et lisiers, pulvérisation...
Dans les Landes, elles sont plutôt implantées dans le sud (Chalosse, Tursan, pays de l'Adour en général), où l'agriculture dite "familiale" a davantage perduré ; contrairement à la Haute-Lande dont les horizons, le parcellaire, l'hydrographie et les mentalités sont largement modifiés par l'implantation des "maïsiculteurs" profitant des avantages de la PAC à partir du milieu des années 1960.
[1] Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, qui s'appuie largement sur le Cercle national des Jeunes Agriculteurs (CNJA) mis sur pied en 1957.
[2] De nombreux adhérents aux CUMA, militants du mouvement dit des "paysans-travailleurs" fondé par Bernard Lambert en 1970 et devenu plus tard (1987) la Confédération paysanne, ou adhérents au MODEF (Mouvement de défense des exploitants familiaux) fondé en 1959 et assez proche du parti communiste, ne manquent d'ailleurs pas de critiquer l'augmentation impressionnante du productivisme.
[3] La fin des paysans (1967), titre du célèbre ouvrage du sociologue Henri Mendras (1927-2003).