Déboisement des barthes de l'Adour
Notice
Au fil du temps la forêt a envahi les barthes de l'Adour, entraînant une profonde modification de la faune. A Saint-Martin-de-Seignanx, la fédération des chasseurs landais s'attelle à un vaste déboisement pour recréer le paysage d'antan et ainsi favoriser la réintroduction d'une faune disparue et notamment des oiseaux migrateurs.
Éclairage
Dans la basse vallée de l'Adour maritime, le gascon barta, " broussaille dans un bas-fond généralement humide ", d'origine prélatine, prend le sens plus précis de " prairie marécageuse vouée traditionnellement à l'élevage extensif des bovins et équins ou à la production des chênes pédonculés ".
Situées dans le lit majeur et donc inondable de l'Adour, les " barthes ", notamment dans le Seignanx, ont été en partie aménagées aux XVIIe et XVIIIe siècles (digues, écluses, fermes). Ce milieu humide propice au gibier d'eau et à l'élevage, qui s'étend sur quelque 12000 ha, est d'un grand intérêt écologique, d'autant qu'il constitue une nécessaire zone d'expansion lors des crues du fleuve ou de son affluent des Gaves réunis en amont de Peyrehorade.
Compte tenu de la valeur de cet héritage, l'association de Chasse Communale Agréée (A.C.C.A) de Saint-Martin-de-Seignanx crée, en 1973, une Réserve de Chasse et de Faune Sauvage (R.C.F.S.) d'une superficie de 79 ha dans les barthes de Lesgau et de Nastre.
À partir de 1982, l'A.C.C.A. de la commune demande à la Fédération Départementale des Chasseurs des Landes (F.D.C.L.), présidée par Henri Sallenave, d'y mener une opération d'aménagement du site en faveur des oiseaux d'eau. Dès 1984, la Fondation Nationale pour la Protection des Habitats Français de la Faune Sauvage (F.N.P.H.F.F.S.) et la Fédération Départementale des Chasseurs des Landes acquièrent un premier lot de la Société d'Aménagement Foncier et d'Etablissement Rural (S.A.F.E.R.) sur une superficie de 54 hectares qui s'étend rapidement à 94 ha dans les années suivantes.
Il s'agit, dans cette expérience pilote, de réhabiliter les paysages humanisés traditionnels qui ont disparu, faute de main-d'œuvre masculine au lendemain du premier conflit mondial. Composé en majeure partie de prairies naturelles pacagées ou fauchées, bénéficiant d'un système hydraulique parfaitement entretenu par les propriétaires regroupés dans l'association syndicale des Barthes de la rive droite de l'Adour, ce biotope jadis si bien maîtrisé retourne bientôt à l'état sauvage si bien que, au moment de l'acquisition, la réserve présente un paysage en déshérence, étouffé par les aulnes.
La tâche des " chasseurs-écologistes " est donc lourde d'autant plus que ce programme ne peut être mené à bien dans un secteur qui ne pourrait enrayer l'exode rural et évincer les spéculateurs briguant l'achat de terres destinées à la populiculture et à la maïsiculture.
Sous l'impulsion de la F.D.C.L., un plan d'aménagement est donc conçu par un groupe de travail constitué de plusieurs organismes, parmi lesquels la Direction Départementale de l'Agriculture et de la Forêt (D.D.A.F.) et la Direction Régionale à l'Architecture et à l'Environnement. Quand les bureaucrates rejoignent les hommes de terrain...
Cette collaboration permet alors de réhabiliter les prairies humides qui constituent les milieux les plus riches en défrichant, en restaurant le réseau de drainage, en favorisant la reconstitution de la faune naturelle, en proposant aux utilisateurs des méthodes de gestion et des pratiques agricoles compatibles avec les contraintes environnementales, tout en demeurant économiquement intéressantes.
Pari gagné puisque, en 1996, dans le cadre du programme Natura 2000, la réserve devient site d'intérêt patrimonial au niveau européen par l'importance de sa richesse avifaunistique. Elle est, de ce fait, classée en Zone de Protection Spéciale (Z.P.S.) quand, peu de temps après, en 1999, l'ensemble des barthes de l'Adour sont classées Site d'Intérêt Communautaire (S.I.C.).
Une reconnaissance après une décennie de travail opiniâtre qui met en exergue le rôle prépondérant du chasseur dans l'équilibre des écosystèmes.