Natura 2000 dans les Landes
Notice
Dans les Landes, dix-neuf sites ont été sélectionnés pour être classés en zone Natura 2000, un réseau écologique européen destiné à préserver la biodiversité des milieux naturels ; parmi eux : la dune littorale de Seignosse et les barthes de Saint-Vincent-de-Paul.
Éclairage
Le département des Landes ne compte pas parmi les secteurs les plus altérés par la pression foncière mais certains milieux fragiles sont quand même menacés. Ici, comme ailleurs, un organisme veille donc, depuis 1992, à la préservation - voire à la restitution - de sites naturels menacés. C'est Natura 2000, réseau écologique européen d'espace institué par la directive "Habitat" ; il a pour objectif de préserver la biodiversité au niveau du continent.
Dans le cadre de cette politique de protection de l'environnement, dix-neuf sites ont été sélectionnés dans le département, parmi lesquels la dune littorale de Seignosse, espace mouvant et incertain, et les barthes [1] de l'Adour, du côté de Saint-Vincent-de-Paul. Ces choix s'expliquent aisément.
Sur le littoral, constitué d'un cordon dunaire de sable fin, mis en place à la fin du Quaternaire et aménagé au XIXe siècle dans la physionomie que nous lui connaissons aujourd'hui, l'érosion de l'Océan (1 m à 1, 50 m par an), conjuguée à l'emprise du bâti, restreignent l'espace imparti à la dune proprement dite qui abrite une faune et une flore spécifiques ; sur 60 hectares, pas moins de 11 espèces végétales protégées colonisent ainsi les sables sous haute surveillance de l'ONF et de la mairie. Une dizaine de kilomètres de barrières et des panneaux à la fois didactiques et dissuasifs, installés dans le cadre de cette vaste opération, permettent de reconstituer les données de la nature tout en maîtrisant l'emprise des hommes soumis désormais à une occupation des sols raisonnée.
L'Histoire le raconte : à Mimizan, comme dans maintes communes côtières, l'eau et le sable ont eu raison des orgueilleuses villas, bâties en première ligne, contre vents et marées, au début du XXe siècle. Natura 2000 aide à ne pas répéter les erreurs du passé.
À l'intérieur des terres, sur une centaine d'hectares, dans les zones humides des barthes de l'Adour, une nouvelle vie commence au milieu des années 1980 où élus et amoureux de la nature décident de rendre ces berges inondables à leur vocation première. Limitant autant que faire se peut l'agriculture intensive, ces acteurs locaux, éco-responsbles avant l'heure, réaménagent les rives à l'abandon. La Nature n'attend pas pour prendre le dessus et si une faune et une flore autochtones, adaptées aux milieux humides, se réinstallent (hérons, aigrettes garzettes et anatidés) dans les saligas, aubars et augars [2], s'invitent également des hôtes que l'on n'avait jamais vus jusque là, des cigognes qui s'adaptent parfaitement à ce biotope.
Fruit d'une volonté locale, cette action menée dans le cadre juridique d'une OGAF [3] est déjà une réussite lorsque l'Europe décide d'inclure le secteur en zone protégée. Comment concilier les nouveaux conseilleurs et les riverains qui se sentent quelque peu "dépossédés" de leur initiative et qui craignent d'être corsetés par une réglementation trop stricte ?
Quant il en est de l'intérêt de tous, l'issue est heureuse. Aujourd'hui, de Port-de-Lanne, à la confluence de l'Adour et des gaves réunis, en passant par Saubusse et jusqu'à Saint-Vincent-de-Paul, au-delà de Dax, les rives du fleuve ont retrouvé un équilibre naturel. Loin de l'agitation de la côte, les cigognes surveillent de leur perchoir les chevaux qui galopent, crinière au vent, au milieu des barthes.
Dans un pays où l'on a tant asséché, drainé, l'eau redevient source de vie !
[1] Mot prélatin passé au gascon sous la forme barta désignant des terres inondables en bord de rivière, domaine des saussaies, oseraies et autres strates arbustives adaptées à ce milieu.
[2] Mots gascons indiquant "saulaies", "aubiers" et "lieux humides".
[3] Opération Groupée d'Aménagement Foncier.