Le comptage des palombes
Notice
Depuis la fin des années 1980, les paloumayres sont chargés de comptabiliser, à chaque saison de migration, les palombes de passage et les palombes capturées, afin de déterminer l'impact des prélèvements sur l'espèce. Exemple d'un comptage de palombes à Saint-Martin-de-Seignanx.
Éclairage
Le pigeon ramier, de la famille des colombidés, est appelé communément palombe dans tout le sud-ouest de la France. Des contingents importants d'oiseaux migrants transitent par la région pour hiverner principalement en péninsule ibérique. Depuis 20-30 ans, à la faveur de l'extension de la culture du maïs, de nombreux oiseaux s'installent dans les Landes pour des périodes plus ou moins longues. Sur les sites d'hivernage, ils deviennent grégaires et constituent des groupes de plusieurs milliers d'oiseaux. La reproduction s'étale d'avril à septembre, période durant laquelle il peut y avoir jusqu'à 8 pontes ; seules 2 ou 3 nichées seront menées à bien. Chaque ponte comporte 2 œufs. Bien que beaucoup d'entre elles échouent pendant l'incubation (prédation), un couple produit en moyenne un peu plus de 2 jeunes par an.
La palombe est chassée traditionnellement au passage, en palombière, au filet horizontal (pante) et au fusil, avec des appeaux (appelants vivants), ainsi qu'en hivernage souvent à poste fixe. Dans les Landes, on comptera en 2006, 2987 palombières traditionnelles avec filets, recensées dans 256 communes sur 331 (la densité la plus forte se situe dans le nord-est du département), auxquelles il faut ajouter les installations fixes et pérennes où l'on chasse au fusil. On pratique également, en plaine, la chasse à l'affût ou "chasse devant soi". Sur la frange côtière, elle se fait à partir de pilônes.
Concernant les volumes de prélèvement [1], il faut, comme l'indiquent Frank Lamerenx, ingénieur écologue ornithologiste, et Jacques Récarte, technicien cynégétique, se doter d'outils fiables et distinguer jeunes et adultes, migrateurs, semi-migrateurs et sédentaires.
Depuis 1990, les chasseurs participent au comptage des vols et mentionnent leurs observations dans un carnet fourni par la Fédération. En 1998, les instances cynégétiques associatives (Fédérations, Conseils Régionaux de la Chasse d'Aquitaine et de Midi-Pyrénées), conscientes de la nécessité d'ouvrir le champ des recherches à une aire plus en phase avec la biologie de l'espèce, ont initié la création du Groupe d'Investigation International sur la Faune Sauvage (GIIFS), qui coordonne l'étude de la migration selon un protocole strict et invariable. Quatre réseaux d'observation se sont mis progressivement en place : un réseau "migration en plaine" situé au nord de la zone d'étude (72 postes landais d'observation du 15 octobre au 11 novembre), un autre au niveau des cols pyrénéens (4 postes), un troisième qui s'intéresse aux effectifs hivernant en plaine agricole, et un dernier réseau d'observation qui se préoccupe des oiseaux séjournant dans la zone forestière (80 bénévoles landais). Par ailleurs, le GIFS Euskadi mène des travaux similaires en péninsule ibérique pour l'acquisition de connaissances sur les prélèvements, la distribution, le suivi et la variabilité génétique des populations.
En parallèle, les déplacements des oiseaux ont été appréhendés au travers de campagnes de baguage et de radio-pistage.
La migration en plaine du pigeon ramier dans le Sud-Ouest de la France de 1988 à 2004 montre un pic autour du 22 octobre (plus de 8 % des vols vus). Au total et sur 20 ans de données, il apparaît que la migration reste stable.
[1] Selon l'enquête Sofres de 1993/1994, le nombre de pigeons ramiers tués était d'environ 453 000. L'enquête de l'ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) de 1998-1999 estimait le prélèvement dans les Landes à 369 413 palombes.