Le comptage des palombes

07 novembre 1996
05m 05s
Réf. 00278

Notice

Résumé :

Depuis la fin des années 1980, les paloumayres sont chargés de comptabiliser, à chaque saison de migration, les palombes de passage et les palombes capturées, afin de déterminer l'impact des prélèvements sur l'espèce. Exemple d'un comptage de palombes à Saint-Martin-de-Seignanx.

Date de diffusion :
07 novembre 1996
Source :

Éclairage

Le pigeon ramier, de la famille des colombidés, est appelé communément palombe dans tout le sud-ouest de la France. Des contingents importants d'oiseaux migrants transitent par la région pour hiverner principalement en péninsule ibérique. Depuis 20-30 ans, à la faveur de l'extension de la culture du maïs, de nombreux oiseaux s'installent dans les Landes pour des périodes plus ou moins longues. Sur les sites d'hivernage, ils deviennent grégaires et constituent des groupes de plusieurs milliers d'oiseaux. La reproduction s'étale d'avril à septembre, période durant laquelle il peut y avoir jusqu'à 8 pontes ; seules 2 ou 3 nichées seront menées à bien. Chaque ponte comporte 2 œufs. Bien que beaucoup d'entre elles échouent pendant l'incubation (prédation), un couple produit en moyenne un peu plus de 2 jeunes par an.

La palombe est chassée traditionnellement au passage, en palombière, au filet horizontal (pante) et au fusil, avec des appeaux (appelants vivants), ainsi qu'en hivernage souvent à poste fixe. Dans les Landes, on comptera en 2006, 2987 palombières traditionnelles avec filets, recensées dans 256 communes sur 331 (la densité la plus forte se situe dans le nord-est du département), auxquelles il faut ajouter les installations fixes et pérennes où l'on chasse au fusil. On pratique également, en plaine, la chasse à l'affût ou "chasse devant soi". Sur la frange côtière, elle se fait à partir de pilônes.

Concernant les volumes de prélèvement [1], il faut, comme l'indiquent Frank Lamerenx, ingénieur écologue ornithologiste, et Jacques Récarte, technicien cynégétique, se doter d'outils fiables et distinguer jeunes et adultes, migrateurs, semi-migrateurs et sédentaires.

Depuis 1990, les chasseurs participent au comptage des vols et mentionnent leurs observations dans un carnet fourni par la Fédération. En 1998, les instances cynégétiques associatives (Fédérations, Conseils Régionaux de la Chasse d'Aquitaine et de Midi-Pyrénées), conscientes de la nécessité d'ouvrir le champ des recherches à une aire plus en phase avec la biologie de l'espèce, ont initié la création du Groupe d'Investigation International sur la Faune Sauvage (GIIFS), qui coordonne l'étude de la migration selon un protocole strict et invariable. Quatre réseaux d'observation se sont mis progressivement en place : un réseau "migration en plaine" situé au nord de la zone d'étude (72 postes landais d'observation du 15 octobre au 11 novembre), un autre au niveau des cols pyrénéens (4 postes), un troisième qui s'intéresse aux effectifs hivernant en plaine agricole, et un dernier réseau d'observation qui se préoccupe des oiseaux séjournant dans la zone forestière (80 bénévoles landais). Par ailleurs, le GIFS Euskadi mène des travaux similaires en péninsule ibérique pour l'acquisition de connaissances sur les prélèvements, la distribution, le suivi et la variabilité génétique des populations.

En parallèle, les déplacements des oiseaux ont été appréhendés au travers de campagnes de baguage et de radio-pistage.

La migration en plaine du pigeon ramier dans le Sud-Ouest de la France de 1988 à 2004 montre un pic autour du 22 octobre (plus de 8 % des vols vus). Au total et sur 20 ans de données, il apparaît que la migration reste stable.

[1] Selon l'enquête Sofres de 1993/1994, le nombre de pigeons ramiers tués était d'environ 453 000. L'enquête de l'ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) de 1998-1999 estimait le prélèvement dans les Landes à 369 413 palombes.

Hubert Cahuzac

Transcription

Patrick Pannier
Bonsoir. Aquitaine première prend de la hauteur aujourd'hui. Alors que se termine la saison de la chasse à la palombe dans nos contrées, il est bien difficile de faire un bilan précis sur la migration. Dans les palombières comme celle-ci, les paloumayres disent ne pas avoir encore vu de vol important comme l’an passé. De leur côté, les fédérations de chasseurs du grand Sud-Ouest ont mis en place depuis 1990 un réseau d’observation du flux migratoire. Objectif, déterminer l’incidence du prélèvement sur l’espèce.
Jean-Pierre Pourtau
Là je fais marcher les glaneuses comme ça les palombes voient les glaneuses et elles se posent. Quand on voit arriver une palombe, hop, on cache nos, on se cache vite, et allez, on les attend, et on commence à les travailler avec les machines. On met les trois machines en branle et voilà qu’est-ce que ça donne. Les pigeons là-bas, hop, ils se lèvent l’un après l’autre et ils font venir les palombes. Et tout marche automatiquement.
Patrick Pannier
Les chasseurs de palombes ne manquent pas d’imagination pour faire fonctionner leur stratagème dont le but est la capture des oiseaux bleus. Ici, dans cette palombière de Saint-Martin-de-Seignanx, perchée à près de 20 mètres de haut, on connait tout sur les habitudes des migrateurs.
Jean-Pierre Pourtau
Le passage se fait à peu près nord nord sud, c'est-à-dire, nous avons le nord là-bas et ils viennent comme ça. Et l’après-midi, souvent, nous avons ce qu’on appelle le [rebrouc], c’est la palombe qui n’a pas pu passer la montagne, qui longe les Pyrénées, qui arrive sur Bayonne, butte sur Bayonne et revient à l’intérieur.
Patrick Pannier
Pour mieux comprendre la migration, à la fin des années 80, les fédérations de chasseurs ont chargé 800 paloumayres du grand Sud, de comptabiliser les palombes de passage et les palombes capturées. Et depuis cette année, on s’intéresse plus précisément à l’âge des oiseaux prélevés.
Frank Lamerenx
Il faut être capable de disposer d’outils fiables pour identifier les jeunes des adultes. Donc en fait, ces ailes sont collectées et un certain nombre de paramètres sont relevés du type donc couleur de l’iris, et cetera.
Jean-Pierre Pourtau
Et dans les vols de moins de 10, on a fait poser deux fois, on a pris trois palombes. Ce jour-là, on avait pris, on a pris 8 palombes. Et en bas, on mentionne le temps. C’est très important parce que bon, pour l’étude, on met s’il fait très beau temps, s’il pleut, le vent, on mentionne à peu près tout ce qui se passe dans la journée.
(Musique)
Jacques Récarte
Les prélèvements sont trop faibles, notamment ceux qui sont pratiqués au niveau de la chasse à la palombe dans le Sud-Ouest, sont trop faibles pour influencer une dynamique de populations qui concerne des oiseaux de toutes origines. Alors les baisses qu’on peut voir dans certaines populations, ça peut être dû effectivement à une année de mauvaise reproduction ou alors à une année où certaines populations n’ont pas migré puisqu’on se rend compte que pour la palombe c’est flagrant, on a certainement des populations qui vont migrer, c’est les migrateurs partiels, on a des populations qui vont migrer une année et qui vont peut-être hiverner chez nous une autre année.
(Musique)
Jacques Récarte
Il y a eu une année historique en 88 où il y a eu une très forte migration. Je pense que les chasseurs s’en souviennent encore, puis il y a eu une chute assez sensible en 89, et ça a continué à chuter jusqu’en 91 où là le moral devait être assez bas puisqu’on avait indice assez faible. Et depuis 92, la tendance est à l’augmentation.
Patrick Pannier
Entre l’Atlantique et la Méditerranée, les palombes empruntent trois grands couloirs, dans leur voyage vers le Sud, le plus important se situant à l’est de la Gironde et des Landes.
Jacques Récarte
Il y a des pics qui rassemblent des grandes de bandes d’individus, qui ont décidé de partir pour des raisons climatiques bien souvent. Des individus qui sont partis de la péninsule finno-scandinave qui sont partis d’autour de la mer baltique, ont vu qu’au niveau de l’Europe les conditions étaient propices, que les vents étaient porteurs, vent du nord principalement, qu’il faisait beau donc ces individus se sont groupés, ont été peut-être rejoints en route par d’autres individus et ça nous fait des, ce qu’on appelle les rushes migratoires mais qui n’interviennent qu’une fois ou deux dans la saison.
(Musique)
Olivier(de) Marliave
Record absolu. 350000 palombes recensées pour la seule journée du 26 octobre 1993, dans les cols pyrénéens. 93 reste avec 1988 dans la mémoire de tous les paloumayres comme les meilleures années qu’ils aient connues. Mais peut-on chiffrer le nombre de palombes qui traversent la région pendant la migration. Elles seraient entre 3 et 5 millions à passer les cols, et sur ce chiffre, les chasseurs du grand Sud-Ouest prélèvent environ 900 000 oiseaux. Voilà des ordres de grandeurs. Selon les spécialistes, l’espèce n’est pas en danger, les colonies de palombes en Europe du Nord se montent à 20 millions d’oiseaux et la capture en migration comme durant l’hivernage est estimée à 4 millions de palombes chaque année.