Présentateur
Dans une quinzaine de jours, on va célébrer le dixième anniversaire de la mort du célèbre biologiste Jean Rostand.
A Pouydesseaux dans la Haute Lande près de Roquefort se trouvent les fameux "étangs à monstres" ;
où Rostand effectua une partie importante de ses recherches sur les anomalies des batraciens, et cela, de 1962 à 1975.
Aujourd’hui, le centre Jean Rostand de Pouydesseaux est devenu un des lieux touristiques et écologiques les plus fréquentés dans notre région.
Le reportage de Jean-Pierre Dinand et Michel Carlot.
Pierre Darre
Jean Rostand est un des rares chercheurs à avoir dépassé, dépassé sa mort tant à la fois par son œuvre scientifique que littéraire.
Car Jean Rostand a été un grand chercheur, un grand découvreur, mais aussi un grand écrivain scientifique, un grand vulgarisateur, sûrement un des plus grands.
Mais pour les recherches qu’il menait sur les anomalies chez les batraciens, les monstruosités, recherches auxquelles j’ai participé, aujourd’hui, elles sont un peu en sommeil.
Parce que Jean Rostand avait réussi à mettre à l’évidence un agent, un agent causal et semble-t-il un virus ;
provocant ces anomalies, ces malformations chez les grenouilles mais surtout chez les têtards de la grenouille ;
et qui certaines années, ce phénomène pouvait atteindre des proportions de 80 à 90 %.
Journaliste
C’est ici aux étangs de Pouydesseaux près de Roquefort dans les Landes que fut découverte, par Pierre Darre collaborateur de Rostand de 62 à 77 ;
la plus grande prolifération de grenouilles à anomalie de France.
Jean Rostand, fort intéressé par ces anomalies - des doigts supplémentaires - héréditaires chez le crapaud, provoqués par un virus, et non héréditaires chez la grenouille.
Il en tira des conclusions résumées dans son livre Les étangs à monstre, considéré encore aujourd’hui comme essentiel.
Pierre Darre
Ces recherches qui apparaissent en sommeil, ces recherches fondamentales à partir des grenouilles vont vraiment, sinon revivre ;
mais trouver une application car c’était des recherches fondamentales.
Et voilà qu’aujourd’hui, une certaine démarche expérimentale, une certaine technique expérimentale mise en lumière à partir d’un milieu naturel ;
vont déboucher sur des applications, et en particulier la réintroduction de la grenouille en France et dans le monde.
Journaliste
Depuis quelques années en effet, c’est un des paradoxes de la recherche appliquée ;
le centre comme le CNRS ou le CEMAGREF livre des grenouilles mais aussi des écrevisses pour l’élevage dans le monde entier.
Les brochets ont fait récemment leur apparition.
Parallèlement, le domaine équipé d’un bâtiment d’accueil, d’une bibliothèque Rostand, d’une vidéothèque ;
ainsi que de films et diaporamas est devenu une sorte d’écomusée accueillant plus de 30 000 visiteurs par an.
Pierre Darre
Il ne s’agit pas d’un musée, je suis contre cette conception muséologique.
Je suis plutôt pour un milieu de nature qui est un milieu, qui est un conservatoire de nature, tant sur le plan de la flore que de la faune ;
qui est un milieu d’observation, qui est un milieu d’éducation, un milieu de recherche, de production, mais pas de musée.
En aucun cas, le centre Jean Rostand ne sera jamais un musée.
Journaliste
Une oasis de rêve ?
Pierre Darre
Ah, tout à fait, une oasis de rêve.
Nous avons beaucoup de visiteurs et visiteuses qui viennent ici pour rêver, ils en ont besoin.
Et en 1987, cela me paraît nécessaire.
