Muriel Erdmann, faïencière à Samadet
Notice
Dans son atelier de Samadet, Muriel Erdmann perpétue la tradition et le savoir-faire de la faïencerie du XVIIIe siècle qui contribua à la renommée de la petite commune landaise. Au fil des différentes étapes de la fabrication d'un plat, elle retrouve les gestes d'antan, de la mise en forme par estampage à la décoration au pinceau à main levée.
Éclairage
Samadet, petite commune située aux confins de la Chalosse et du Tursan, est connue, depuis le XVIIIe siècle, pour ses faïenceries. Entre le Louts et le Gabas qui se jettent dans l'Adour, la terre recèle assez de matière première, de l'argile de qualité, pour qu'une industrie de la faïencerie se développe et fasse vivre toute une communauté pendant plus d'un siècle.
C'est le 25 mars 1732 qu'un arrêt du Conseil du roi autorise Charles-Marie Bouzet, marquis de Roquépine, à y installer un atelier "avec privilège de vente pour 20 ans". Ce privilège est renouvelé en 1752 et, en dépit du changement régulier de propriétaires, la production perdure jusqu'en 1840, date de la fermeture définitive.
Si les gestes employés par les artisans landais ne diffèrent guère de ceux qui sont employés ailleurs - technique par estampage, à partir d'un moule en bosse, suivie d'une première cuisson dite "de biscuit" parachevée par l'émaillage - c'est le décor qui fait l'originalité du "Samadet" [1]. Très prisé aujourd'hui par les collectionneurs, il est proche, dans sa facture générale, des productions de Bordeaux, Moustier, Rouen, Nevers ou Strasbourg. Réalisées "au petit feu" par une trentaine d'artistes à l'apogée de la production, les pièces landaises se distinguent par l'originalité du décor.
De l'assiette "du pauvre", monochrome et minimaliste, aux œuvres déclinées sur des thèmes multiples inspirés par la nature, de l'œillet à la rose et au fameux pois de senteur traités en polychromie sur fond blanc, la production satisfait tous les goûts ; elle s'adapte même à des commandes spéciales, notamment pendant la Révolution. Ainsi les animaux et les personnages, traités pour la plupart dans un camaïeu vert, sont-ils bientôt concurrencés par des représentations plus complexes, personnalisées, qui s'éloignent de l'esprit qui présidait, par exemple, à la réalisation d'un décor "à la palombe" très local et populaire à la fois.
Créé en 1968 par une association locale, le musée départemental de la Faïence et des Arts de la table est le premier musée à accueillir les visiteurs in situ ; on y découvre, comme au musée des Arts décoratifs de Bordeaux et au musée de Lourdes, des pièces d'exception de cet atelier qui a forgé la réputation du petit bourg landais bien au-delà des frontières.
L'offre, sur le marché, de pièces authentique se raréfiant, quelques artisans se lancent, depuis quelques années, dans la copie d'ancien, renouant avec les techniques du passé : à Samadet, bien sûr, tout d'abord, où les gestes ancestraux sont en permanence renouvelés pour transmettre le savoir-faire. D'une boule d'argile d'un peu plus d'un kilo naît, sous les mains agiles de la potière, une "forme"qui, après diverses manipulations et en passant par l'étape de la décoration qui "marque" le produit, devient une pièce déjà du passé à transmettre aux générations futures dans le plus grand respect de la "tradition" au sens étymologique.
[1] Cf. Site Wikipedia.