La porcelaine de Samadet
Notice
Entre 1730 et 1840, Samadet devient célèbre grâce à sa faïencerie qui produit une vaisselle originale aux décors riches en couleurs et aux motifs floraux caractéristiques. Plus d'un siècle après la fermeture de la manufacture, les Samadétois perpétuent le souvenir de la faïence de Samadet ; tous possèdent quelques pièces héritées de leurs aïeuls, certains les collectionnent.
Éclairage
Rien ne prédestinait la petite bourgade de Samadet, en Chalosse, à une reconnaissance internationale mais, en 1930, Charles-Maurice du Bouzet, marquis de Roquépine, qui demeure à Paris, rachète les terres tombées dans la succession d'une cousine, Jeanne Geneste, baronne de Samadet.
Soucieux de faire fructifier son patrimoine, il fonde tout d'abord une tuilerie, exploitant les ressources locales en bois, eau et argile. Homme de relations, il ne tarde pas à obtenir, le 25 mars 1732, un arrêt du Conseil du Roi qui l'autorise à y installer une "manufacture royale de fayance".
Produisant à l'origine des pièces communes, l'atelier qui occupe une trentaine d'ouvriers, gagne en renommée grâce notamment à son premier directeur, Daniel Le Pâtissier, venu de Bordeaux, et au peintre Pierre Chapelle, de Rouen. Les pièces s'enrichissent donc d'influences diverses et le petit atelier landais concurrence rapidement d'autres manufactures renommées qui pratiquent des prix plus élevés, à qualité égale.
Cette embellie dure jusqu'à la Révolution. En effet, peu après la reconduction, en 1752, des privilèges royaux, son fondateur meurt ; Le Pâtissier est assassiné et les propriétaires se succèdent. À partir de 1784, le déclin s'amorce, les ouvriers les plus qualifiés disparaissent ; la qualité de la production s'en ressent et, malgré la bonne volonté de Pierre Duviella, directeur en 1810, qui essaye de restaurer le lustre d'antan, la fin du "Samadet" est annoncée dès 1830, après le dernier renouvellement du bail. L'entreprise périclite, ferme ses portes en 1840 et les bâtiments sont démolis en 1842.
C'est pour cette raison qu'il ne reste plus aucune trace de cette noble activité qui a fait vivre toute une communauté pendant plus d'un siècle, forgeant sa renommée dans le monde très confidentiel des collectionneurs français et étrangers. Conscients de la valeur de leur héritage, les habitants de Samadet sont fiers. L'école locale transmet, de génération en génération, l'histoire de la manufacture et, dans le village, les uns conservent pieusement les services de famille "ordinaires", d'autres amorcent une collection de pièces plus nobles à une époque où les prix sont encore abordables, d'autres enfin, qui devraient s'en confesser, cachent des trésors...
Quoi qu'il en soit, les nouvelles générations ont appris à identifier les pièces en provenance de leur village car, malgré les ressemblances avec le Moustiers, le vieux Bordeaux ou le Rouen, certains signes ne trompent pas : "Samadet" se caractérise, par exemple, par le célèbre bouquet associant une rose manganèse et un œillet mais aussi par l'oiseau emblématique du terroir, la palombe.