Des cerfs pour la forêt landaise
Notice
Dans la forêt domaniale de Chambord, une vingtaine de cerfs sont capturés en vue de repeupler la forêt landaise. Les bêtes sont ensuite relâchées sur la commune de Moustey.
Éclairage
1956 : la forêt de pins ou pinhadar landais se relève des grands incendies d'après guerre. Une belle forêt, soigneusement entretenue, source de revenus et d'emplois, se développe sur un million d'hectares répartis entre la Gironde, les Landes et le Lot-et-Garonne.
Un siècle après la promulgation de la loi relative à l'assainissement et la mise en valeur des Landes de Gascogne, le massif forestier tient ses promesses et, dans ce biotope si particulier, le résinier ou gemmeur partage l'espace avec une faune naturelle composée de renards, blaireaux, fouines, écureuils, lièvres et lapins dont la discrète présence anime le sous-bois.
Mais, depuis les années de braise, la population naturelle de grands cervidés s'est effondrée nécessitant un plan de repeuplement. Dans la vaste forêt de feuillus de Chambord, ancienne forêt royale, puis domaniale, aujourd'hui réserve nationale de chasse, on prélève donc des individus, selon les besoins, dans le but de restituer ailleurs un équilibre naturel, dans le respect de la biodiversité.
Maîtrisés à l'aide de fusils anesthésiants, cerfs (Cervus elaphus) et chevreuils (Capreolus capreolus) sont capturés et transférés dans des régions déficitaires comme le massif forestier gascon.
On ne doute guère alors de leur pouvoir d'adaptation à un nouveau milieu et, dans l'enthousiasme de ce programme un brin utopique, on oublie même que, en l'absence de grands prédateurs, les " jolies bestioles " peuvent proliférer et que leur surpopulation risque de très vite porter préjudice aux sylviculteurs et aux agriculteurs nouvellement installés en Haute Lande au cœur des Trente Glorieuses.
L'opération qui a lieu à Moustey en cette belle journée de janvier 1956 s'inscrit donc dans un programme de plus grande ampleur à l'origine d'un véritable bouleversement dans l'écosystème local. Devant la gravité du problème, au début des années 2000, on doit, de ce fait, légiférer en donnant au chasseur un rôle prépondérant dans la maîtrise de la situation comme le stipule cet extrait de l'article L1 du Code forestier : " Le développement durable des forêts implique un équilibre sylvo-cynégétique harmonieux permettant la régénération des peuplements forestiers dans des conditions économiques satisfaisantes pour le propriétaire. Cet équilibre est atteint notamment par l'application du plan de chasse défini à la section 3 du chapitre V du titre II du livre IV du code de l'environnement, complété le cas échéant par le recours aux dispositions des articles L. 427-4 à L. 427-7 dudit code ".
On est loin de la scène champêtre digne d'un tableau de Rosa Bonheur [1] qui se déroule sous les yeux ravis des habitants du petit bourg nord landais tant attachés à leur forêt qu'ils savent si fragile.
[1] Rosalie Bonheur (Bordeaux 1822 – Thomery 1899) est une peintre spécialisée dans la représentation animalière. Comme George Sand et Sarah Bernhardt, ses contemporaines, elle est une figure des débuts du féminisme.