Hivernage des grues : argument touristique
Notice
De novembre à mars, les grues cendrées s'arrêtent dans la région landaise, comme ici à Lencouacq, au sud de Captieux, au cours de leur migration. Ces grues peuvent se nourrir de grains de maïs qui restent dans les champs après les récoltes. La nuit, elles dorment sur le site de l'ancien camp militaire de Captieux. Depuis 5 ans, le parc naturel régional des Landes de Gascogne en collaboration avec les agriculteurs, les chasseurs et la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) a décidé de favoriser cet hivernage, pour en faire un argument touristique. Les propriétaires de maisons d'hôtes sont formés pour parler des grues.
Éclairage
Les transformations du milieu et des activités économiques engendrent parfois de nouvelles formes de tourisme. C'est le cas dans le territoire du Parc naturel régional des Landes de Gascogne (1), plus particulièrement dans le secteur géographique de la Haute-Lande (2) où l'observation des grues cendrée (Grus grus) attire, pendant leur hivernage, simples curieux et fins observateurs des oiseaux, tous fascinés par ces grands volatiles migrateurs.
De même qu'en Champagne-Ardennes par exemple, plus particulièrement autour du lac du Der-Chantecocq (3), les grandes troupes de grues cendrées amènent nombre de fervents observateurs de la nature, le cœur des Landes de Gascogne, sur l'axe de passage de ces oiseaux migrateurs, voit en hiver la venue d'ornithologues ou de personnes désireuses de passer de longs moments derrière jumelles ou appareil photo au zoom performant.
Les grues cendrées, très grégaires, volent toujours en groupes. Attirant aussi l'attention par leurs cris caractéristiques, elles traversent l'Europe, de la Scandinavie à la péninsule ibérique. Durant leur périple, elles filent en diagonale à travers l'Hexagone, en effectuant des haltes en bordure des principales étendues d'eaux où elles peuvent trouver insectes, mollusques, vers, herbes ou graines.
Certes, dans la Grande Lande, les grues ont toujours été observées (4) mais trois éléments expliquent leur présence plus fréquente et plus longue en période hivernale.
D'une part, la grande agriculture productiviste, avec ses immenses parcelles d'exploitation et ses abondantes récoltes de maïs, offre un généreux garde-manger. D'autre part, les zones humides naturelles (terrain militaire de Captieux) ou artificielles (lacs artificiels de la réserve d'Arjuzanx sur l'ancienne mine de lignite) offrent aux oiseaux des zones de repli et de sécurité. Enfin, il y a depuis les deux dernières décennies une certaine tendance au réchauffement climatique pouvant fixer, même en hiver, les grues cendrées dans les vastes étendues de la Lande.
On comprend dès lors que le spectacle de ces mystérieux et sauvages oiseaux tournoyant en formations disposées en V dans les airs, cherchant les meilleures ascendances et lâchant leurs cris troublants puisse être une aubaine pour les hébergeurs de la région, notamment les propriétaires de gîtes ruraux. Le tourisme rural, tourisme doux respectueux de la nature, ne peut que travailler en liaison avec le Parc naturel régional qui, dans ses missions, se veut protecteur de l'environnement et soutien à tout ce qui peut être une activité économique ayant des retombées positives sur le territoire.
(1) Créé en 1970, le PNRLG, à cheval sur les Landes et la Gironde, comprend 51 communes à la date du 2 janvier 2014. Elles sont essentiellement forestières. À l'origine le point commun de ces communes était d'être situées dans le bassin hydrographique des vallées de la Leyre ; au fur et à mesure de son évolution le territoire a englobé d'autres communes qui restent néanmoins assez caractéristiques des paysages de la Lande forestière.
(2) "Initialement, la "Haut Lana" correspond, selon Félix Arnaudin, aux confins des communes de Lencouacq et Retjons, jusqu'aux limites des communes de Callen, Captieux, Lucmau et Luxey. C'est en fait une sorte de zone de partage des eaux où les altitudes atteignent 120 à130 mètres. De ce "château d'eau", certes plat et marécageux (en gros le terrain militaire de Captieux), naissent l'Estrigon, les deux Gouaneyre et la Petite Leyre. Les pasteurs d'antan avaient conscience d'être là dans un pays "haut", tout relatif ." [Extrait du Dictionnaire des Landes, par B. Boyrie-Fénié et J.-J. Fénié, Éditions Sud Ouest, 2009).
(3) Aménagé dans les années 1960-1970 à la limite des départements de la Marne et de la Haute-Marne, cet immense réservoir a pour vocation de protéger Paris des inondations dues à la Marne dont il renforce cependant le débit en période d'étiage.
(4) Dans le tome VIII des Œuvres complètes de Félix Arnaudin (co-édition Parc naturel régional des Landes de Gascogne/Éditions Confluences, 2003), quatre pages (375-379) y sont consacrées, avec une fine illustration du dessinateur et photographe animalier Pierre Petit qui apparaît d'ailleurs dans le reportage de France 3.