Ambiance avant Laval-Kiev
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A quelques minutes du coup d'envoi du match devant opposer le Stade Lavallois FC au Dynamo Kiev (32e de finale retour de la coupe de l'UEFA), l'ambiance bat son plein aux abords du stade. Le maire de Laval André Pinçon est au diapason et se risque à donner un pronostic.
Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
29 sept. 1983
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Contexte historique
ParDirecteur des archives départementales de la Mayenne
Publication : 01 sept. 2021
En Mayenne, les passionnés de foot le savent ou, mieux encore, s’en souviennent : le Stade Lavallois a vécu une destinée européenne. C’est en 1983 et les Tangos, comme on les surnomme en raison de leur maillot orange, sont emmenés par Michel Le Milinaire, ancien défenseur devenu entraîneur. Ce parcours en coupe UEFA marque l’apogée de l’histoire du club.
Cette histoire débute au tout début du XXe siècle : popularisé par les Anglais établis sur le pourtour de la Manche, le football est alors pratiqué dans ces régions, d’où il se développe ensuite à Paris, en Picardie et dans le Nord. À l’initiative de Joseph Germain, agent des Ponts et Chaussées à la mairie, et d’Émile Sinoir, professeur au lycée de Laval (aujourd’hui Ambroise-Paré), une association omnisport est créée à l’été 1902 sous le nom de Stade Lavallois, dont la section football est affiliée à la Fédération française.
Longtemps ballotté entre la division Honneur et la promotion Honneur, il accède en 1964 pour la première fois au Championnat de France amateur (CFA). Le retour de Le Milinaire, comme entraîneur, en 1968, accélère l’ascension du club vers la Division 2, la professionnalisation puis la Division 1 en 1976. Entretemps en 1971, on inaugure le stade Francis-Le-Basser et on fonde le groupe de supporters les Socios. Sur sa lancée, le Stade Lavallois joue au début des années 80 le haut du tableau, malgré des moyens financiers modestes.
Ces prouesses hexagonales lui valent une qualification en coupe UEFA, au détriment de l’AS Monaco pourtant champion de France en titre. Le 32e de finale oppose les petits poucets lavallois à un ogre soviétique : le redoutable Dynamo Kiev. Le 14 septembre 1983, à l’aller, les visiteurs Tangos décrochent un match nul sur un score vierge. Au match retour, quinze jours plus tard, la ferveur est grande aux abords du stade où 17 000 spectateurs sont présents en tribune. La foule s’est rassemblée dès midi, selon le journaliste, qui donne à voir des supporters drapeaux et tambours à la main, ou bien en plein pique-nique en attendant le coup d’envoi. Des personnalités ont aussi fait le déplacement : Michel Hidalgo, sélectionneur de l’équipe de France, André Pinçon, maire de Laval, qui se risque à un pronostic, et Henri Bisson, président du club, tendu par l’enjeu.
Le onze local est constitué de Jean-Michel Godart dans les cages ; Loïc Pérard, Michel Sorin, Patrice Bozon (capitaine) et Jean-Marc Miton en défense ; Jean-Paul Rabier, Thierry Goudet et José Souto en milieu de terrain ; Klaus-Dieter Jank, Omar Sené et Éric Stéfanini à l’attaque. Trois d’entre eux, Pérard, Sorin et Goudet sont natifs de la Mayenne et issus du centre de formation ; s’y ajoute l’attaquant Jacky Paillard entré en remplacement de Jank à la 85e. Les Tangos l’emportent 1-0 par un but de Souto à la 33e minute. La victoire retentit dans toute la France et jusqu’en URSS où le match est retransmis. À l’issue de la rencontre, le gardien laisse éclater sa joie, heureux d’avoir pu compter sur la solidarité défensive pour conserver sa cage inviolée. Il affirme alors : Ils nous ont pris pour des schtroumpfs, on les a bien schtroumpfés ! […] Nous sommes peut-être les smicards de la 1ère Division, mais nous avons su nous défoncer
, déclaration spontanée qui lui vaudra longtemps le surnom de Grand Schtroumpf et fait écho à un drapeau aperçu dans le reportage. Il explique 30 ans plus tard dans les colonnes d’Ouest-France que ce n’est pas l’adversaire du soir qui est visé, mais les grands clubs tricolores qui prennent les Lavallois de haut.
France Football élit Le Milinaire meilleur entraîneur de l’année 1983, comme déjà en 1979. La suite de l’histoire est certes méritoire, mais hélas moins glorieuse : opposés en 16e de finale à un autre cador européen, l’Austria Vienne, les Tangos sont défaits 2-0 à l’aller. Alors que le match retour débute pour le mieux au stade Le-Basser avec un score de 3-0 à la mi-temps, les Lavallois ne parviennent pas à empêcher les Viennois de recoller au score et arracher un match nul synonyme d’élimination pour les Français. Les années 1985-1986 sont fatales : le président Bisson se retire et des difficultés financières contraignent à se séparer de jeunes joueurs prometteurs. Après de nouveaux départs dans l’effectif l’année suivante, le club ne parvient pas à se maintenir et Le Milinaire est mis à l’écart. Le Stade Lavallois, ensuite ballotté entre la Ligue 2 et le National, perd son statut professionnel en 2019. L’âge d’or appartient au passé.
Bibliographie
Sources originales et monographies
- Archives départementales de la Mayenne, 490 J 31 : archives de l’association amicale des anciens élèves du lycée de Laval, archives d'Émile Sinoir, président de l’association de 1909 à 1912, activités sportives de la Société athlétique du lycée de Laval (1892-1928).
- Michel Jouneaux, Le Stade lavallois. Une histoire, Laval, Siloë, 1994, notamment p. 151-200.
- « Tribune du stade Francis-Le-Basser », Le patrimoine des communes de la Mayenne, Paris, Flohic, 2002, t. 2, p. 637.
Le Stade Lavallois dans la presse
- Comité des fêtes du Stade lavallois, Allez Laval, journal souvenir, juin 1969.
- Jean-Christophe Gruau, « Les cent ans du Stade lavallois : l'épopée de la Première Division (1976-1989) », Laval infos, juillet 2002, n° 73, p. 16-17.
Le match Stade Lavallois/Dynamo Kiev dans la presse
- Alan Nagard, « Le match du siècle : Laval bat le Dynamo Kiev », Ouest-France, édition Laval, 25 septembre 2009.
- « Jean-Michel Godart : "J'ai l'impression de voler encore" », Ouest-France, 27 septembre 2013.
Transcription
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