Vladimir Vinchon avant les Jeux paralympiques

Le XIXe siècle est marqué par un mouvement appelé l’hygiénisme, qui place la santé publique au cœur des préoccupations scientifiques, sociales et architecturales. Des avancées médicales majeures sont permises grâce aux travaux du français Louis Pasteur et des britanniques Edward Jenner et Charles Darwin. Ce contexte crée un nouveau rapport au corps et favorise la pratique sportive dans une double visée de compétition et d’épanouissement personnel : à la fin du siècle, un certain Pierre de Coubertin, pédagogue gagné à ces idées, fonde le Comité international olympique. Les premiers Jeux olympiques modernes se déroulent à l’été 1896 à Athènes ; des Jeux olympiques d'hiver sont institués en 1924. Ils ont lieu tous les quatre ans, d’abord la même année, puis à partir de 1994 Jeux d’été et d’hiver sont décalés de deux ans.

L’équitation est présente à la seconde édition des Jeux d’été, en 1900, mais elle est supprimée ensuite pour réapparaître définitivement en 1912 avec six épreuves : saut d’obstacle, dressage et concours complet, chacune en individuel et par équipe. En France, l’hippisme a longtemps été entretenu dans les haras nationaux, dont la disparition n’a pas empêché l’inscription sur la liste du patrimoine de l’humanité de l'UNESCO, en 2011, de l’équitation de tradition française, pratiquée au célèbre Cadre noir de Saumur. Le sport hippique est populaire en France, notamment en Mayenne (voir la vidéo Course hippique féminine à Nuillé-sur-Vicoin) dont le symbole est le mythique cheval ailé Pégase.

Dans un premier temps, par souci d’équité sportive, seuls les sportifs amateurs sont autorisés à prendre part aux olympiades. Néanmoins, les professionnels seront progressivement admis à concourir, de manière officielle à partir des années 1980. De même, seuls les valides, longtemps, sont admis aux Jeux, et le baron de Coubertin est franchement hostile à la participation des femmes. Les évolutions, de ce point de vue, seront lentes (voir la vidéo Des supporters mayennais pour soutenir Manuela Montebrun). Il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour qu’un médecin britannique, Ludwig Guttmann, note les bénéfices de la pratique physique pour les anciens combattants. Il organise en 1948, près de Londres, les premiers Jeux mondiaux des personnes en chaises-roulantes et des amputés. Leur 9e édition, en 1960 à Rome, est considérée comme les 1ers Jeux paralympiques, ouverts aux personnes porteuses de handicap physique (visuel ou moteur) ou mental et organisés au même rythme que les Jeux olympiques. La 14e édition a lieu à Londres du 29 août au 9 septembre 2012 et compte 20 disciplines, parmi lesquelles l’équitation handisport.

Apparue aux Jeux paralympiques d’Atlanta en 1996, cette discipline a la particularité qu’hommes et femmes y concourent ensemble. Le handicap des participants est catégorisé en cinq grades, par souci d’équité sportive. La séquence vidéo fait apparaître quelques différences entre la paraéquitation et l’équitation olympique : le saut d’obstacles n’est pas pratiqué car le dressage est la seule discipline hippique homologuée handisport, la préparation et le matériel (la selle par exemple) sont adaptés au type de handicap des participants, le cheval monté est choisi pour sa compatibilité avec le handicap de son cavalier. Tel est le cas de Flipper d'Or, monté aux Jeux de 2012 par Vladimir Vinchon. Né dans l’Aisne en 1974, il découvre les sports hippiques dès son enfance et entreprend dans l’adolescence une formation de jockey. À l’âge de 20 ans, il subit au retour d’une course un accident de la route à l’issue duquel il perd sa jambe droite.

Champion de France en 2012, il fait logiquement partie des 78 cavaliers participant aux Jeux de Londres et forme le quatuor français avec Nathalie Bizet, Valérie Salles et José Letartre. Les 11 épreuves seront survolées par l’équipe du pays hôte, avec un tiers des médailles pour la Grande-Bretagne, soit 11 sur 33. Vladimir Vinchon finit 7e, tant à la reprise libre qu’à la reprise imposée. De retour aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021, il obtient la 9e place par équipe et la 6e en individuel.

Installé à Ahuillé, et licencié au centre équestre de Laval, son interview montre les valeurs sportives qu’il incarne : l’inclusion et un esprit de compétition conforme à l’idéal de Pierre de Coubertin. Un dernier défi, de taille, l’attend : les Jeux de Paris, en 2024, pour lesquels il est membre, avec une quinzaine d’autres sportifs, de la Team Mayenne.

Sur le patrimoine équestre et l’équitation de tradition française

• « Le cheval et ses patrimoines », In Situ, revue des patrimoines, n° 18, 2012 et n° 27, 2015 [https://doi.org/10.4000/insitu.9542 et https://doi.org/10.4000/insitu.11901].

Sur Vladimir Vinchon

• Vladimir Vinchon, fiche individuelle de sportif sur le site de la Fédération française paralympique [https://france-paralympique.fr/paralympiens/vladimir-vinchon/].
• Michel Mieusset, « Vladimir Vinchon en quête d’une médaille », Cheval Magazine, 28 août 2012 [https://www.chevalmag.com/sports/vladimir-vinchon-en-quete-d-une-medaille/].
• « Ahuillé. Le cavalier Vladimir Vinchon sera bientôt aux Jeux paralympiques de Tokyo », Ouest-France, 3 août 2021 [https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/ahuille-53940/ahuille-le-cavalier-vladimir-vinchon-sera-bientot-aux-jeux-paralympiques-ff188b50-f394-11eb-921e-231773beadfe].
• « Jeux Paralympiques Paris 2024 : l’athlète Vladimir Vinchon membre du pôle sportif du Grand Ouest », Ouest-France, 26 novembre 2021 [https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/ahuille-53940/jeux-paralympiques-paris-2024-l-athlete-vladimir-vinchon-membre-du-pole-sportif-du-grand-ouest-7b358d32-4e99-11ec-b2b9-fc54b95c0179].