Course hippique féminine à Nuillé-sur-Vicoin
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Pour accroître le rayonnement de son hippodrome, Nuillé-sur-Vicoin se prépare à organiser une course de trot attelé exclusivement féminine lors de ses prochaines courses hippiques annuelles.
Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
07 oct. 1993
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Contexte historique
ParDirecteur des archives départementales de la Mayenne
Publication : 01 sept. 2021
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le célèbre naturaliste Buffon décrit le cheval comme la plus noble conquête que l’homme ait jamais faite.
Il faut reconnaître que les services rendus par ces courageux animaux sont nombreux : le cheval de trait est une bête de somme efficace pour le transport de charges lourdes et le cheval de selle peut être monté pour le déplacement d’un cavalier seul, notamment pour porter des messages ou être mobile sur les champs de bataille. Le cheval d’attelage offre un bon compromis entre vitesse et charge tractée pour le transport des calèches et diligences, ancêtre de la poste. Colbert, proche conseiller de Louis XIV, a doté le royaume de haras pour élever des bêtes qui répondent à toutes les exigences. Trois régions principalement ont concentré ces structures : le grand Est, de Rosières à Cluny en passant par Montier-en-Der ; le sud du Massif central, entre Pompadour, Villeneuve-sur-Lot et Uzès ; le grand Ouest, de La Roche-sur-Yon à Mézidon et de Saumur à Plougourvest.
À ces haras royaux puis nationaux se sont ajoutés des haras locaux, lesquels ont joué un rôle majeur dans la reproduction et la formation de bêtes de courses. Il était tout naturel que la Mayenne, située en plein cœur de la région hippique du grand Ouest, devienne une terre de cheval. Le choix de Pégase comme logo du conseil général (aujourd’hui conseil départemental) de la Mayenne en 1988 est un hommage explicite à la tradition équine et hippique du territoire.
Évron et le Dorat (commune de Beaumont-Pied-de-Bœuf) entre autres ont abrité ou abritent encore des haras réputés. La Mayenne a ainsi connu quelques champions : la jument Queila Gédé, vainqueur du Prix d’Amérique en 1989, l’emblématique Ténor de Bauné, élevé à Meslay-du-Maine et vainqueur du Prix d’Amérique en 1991, et Insert Gédé, second du Prix d’Amérique et vainqueur du Prix de Paris en 2003, pour ne citer que les plus célèbres. La Mayenne dispose également d’équipements dédiés à la course, avec une dizaine de sociétés de courses adossées à des hippodromes : Château-Gontier-sur-Mayenne (La Maroutiere), Chemazé (Molières), Craon (La Touche), Houssay, Laval (Bellevue-La Forêt), Meslay-du-Maine (La Bretonnière), Nuillé-sur-Vicoin (Ligonnière), Saint-Ouen-des-Toits (La Hunelière), Saint-Pierre-La-Cour (Le Tilleul) et Senonnes-Pouancé (Les Senonnettes).
C’est dans l’un de ces hippodromes, celui de Nuillé-sur-Vicoin, qu’est tourné le reportage, à l’occasion d’une course organisée par huit femmes de la bonne société, désireuses de donner un coup de projecteur médiatique sur les courses qui doivent s’y dérouler la semaine suivante. Deux thèmes sont ainsi explicitement traités : l’un, social, sur le rôle qu’entendent jouer ces femmes dans la promotion d’un événement local ; l’autre, sociologique, sur la place réelle et la place possible des femmes dans un milieu où la recherche de la performance peut générer des gains considérables.
L’hippodrome de Nuillé possède trois caractéristiques originales, dont deux sont évoquées dans le reportage : son gazon verdoyant et l’origine historique d’une course qui remonterait à la Seconde Guerre mondiale. S’y ajoute la traversée, dans le parcours, d’une rivière naturelle : le Vicoin, qui prend sa source au Bourgneuf-la-Forêt et se jette dans la Mayenne à Entrammes. Cette course n’est certes pas l’une des plus célèbres, mais ses caractéristiques lui assurent la fidélité des jockeys et du public. Deux challenges s’y tiennent chaque année : le galop monté et le trot attelé.
C’est à cette discipline que s’essayent les huit bienfaitrices présentées dans le reportage. Mais leur initiative soulève quelques critiques. Certains y voient une lubie de jeunes femmes bourgeoises s’ennuyant
, alors que les principales intéressées affirment que la course se veut sérieuse. D’autres doutent que des femmes puissent déployer la force nécessaire pour tenir leur trotteur. Si la différence de constitution physique entre hommes et femmes et le manque de force de ces dernières sont invoqués pour justifier cette incapacité supposée, une autre explication est sous-entendue à travers les témoignages : le caractère très masculin du milieu hippique. Une seule femme semble s’être fait un prénom dans le secteur en Mayenne : Marie-Annick Dreux, la fille de Georges et Annick Dreux. Ces derniers, installés à Bonchamp-lès-Laval, sont célèbres pour avoir élevé tous les Gédé (notamment les cracks Queila et Insert déjà cités).
Bibliographie
- Archives départementales de la Mayenne, E-Dépôt 125, archives communales déposées de Nuillé-sur-Vicoin.
- Jean-Pierre Reynaldo, Champions trotteurs, Épinay-sur-Seine, Galtro, 1991.
- Jean-Pierre Reynaldo, Le Trotteur français : histoire des courses au trot en France des origines à nos jours, Panazol, Lavauzelle, 2015.
- Martine Fasquelle, « Marie-Annick Sassier (ou) Dreux. Femme opiniâtre », site femmechevalpassion.com, rubrique « Portraits de Femmes », entretien avec Marie-Annick Sassier, consulté le 19 avril 2021.
Transcription
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