L'usine Peugeot de Lille Fives
02 août 1966
02m 10s
Réf. 00019
Notice
Résumé :
Reportage sur l'usine Peugeot de Fives Lille. Présentée par son directeur, Monsieur Lange, comme le berceau de la mécanique lourde, l'usine Peugeot est spécialisée, depuis son origine, en 1898, dans la mécanique de précision, et surtout les moteurs Diesel. L'entreprise a amorcé, à la fin des années 50, une reconversion totale, axée autour du moteur Diesel à quatre temps.
Date de diffusion :
02 août 1966
Source :
ORTF
(Collection:
Nord actualités télé
)
Lieux :
Éclairage
Première usine installée hors du bastion originel de la famille Peugeot à Montbélliard, l’usine de Lille est la deuxième plus importante concentration ouvrière du quartier de Fives après l’usine de métallurgie Fives Cail FCB . Créée en 1898 par Armand Peugeot, qui ambitionne d’orienter le groupe familial vers la production automobile, elle est l’une des plus importantes unités du groupe et élabore les premiers modèles qui feront la réputation internationale de la marque au lion.
La fin du XIXe siècle est marquée en différents points du globe par des tentatives de réorganisation de la production industrielle afin de permettre une meilleure productivité des salariés et des rendements plus importants. Promoteur d’une organisation scientifique du travail basée sur son expérience comme ouvrier à Philadelphie, Frederick Winslow Taylor est sans doute le représentant le plus fameux de ce groupe d’ingénieurs qui donnera naissance à la production industrielle de masse au XXe siècle.
Pour ce qui est du cas français, et plus particulièrement de celui des usines automobile Peugeot, il convient de mettre en évidence le rôle d’Ernest Mattern (1880-1952) dans l’organisation et la direction du groupe. Fils d’un important entrepreneur de travaux publics alsacien reconverti dans l’architecture, Mattern est employé à l’usine Peugeot de Lille entre 1906 et 1912. Il occupe successivement les positions de contremaître, chef d’atelier et sous-directeur-chef avant d’être nommé directeur d’usine dans le Doubs. De cette première expérience, il tirera des enseignements pour le reste de sa carrière et participera à élaborer certaines configurations encore en vigueur aujourd’hui aux usines Peugeot.
L’apport de Mattern à l’organisation du travail s’évalue tout particulièrement dans l’importance qu’il accorde à l’espace de l’usine, aux agencements des différents bâtiments, au positionnement des machines-outils et aux déplacements des ouvriers. Il se comporte à ce titre comme un réel maitre d’œuvre, organisant la production et l’espace de production dans un même élan. L’action de Mattern est également caractérisée par une forte propension à la prospective. Dès 1906, à l’échelle de son équipe d’ouvriers à Peugeot-Lille, Mattern évalue le coût de tout ce qu’il entreprend et anticipe, par la rédaction de plans, les possibles évolutions de la production. Plus tard, anticipant l’explosion de la production automobile, il recommande d’acquérir de larges espaces et de les aménager de manière à pouvoir les réorganiser à volonté en fonction des besoins et de la demande. Son objectif : passer de l’"usine de bricoleurs" à l’"usine de série".
En 1928, l’usine, rebaptisée Compagnie lilloise de moteurs (CLM), entame pour la première fois en France la construction du moteur à "huile lourde", le Diesel. Elle produit tout au long du XXe siècle de nombreux véhicules de 4 à 500 CV et du matériel agricole, industriel, pour la marine, le rail et les groupes électrogènes. En 1958, l’entreprise se spécialise dans la production de moteur Diesel pour véhicules rapides et produira son millionième moteur 18 ans plus tard, en 1976. A cette époque, l’usine emploie près de 3000 ouvriers.
Mais l’usine ne fêtera pas son centenaire. En 1998, elle ferme définitivement ses portes et les derniers salariés sont reclassés à la Française de mécanique à Douvrin. Les 10 hectares de l’usine, réunis de part et d’autre de la rue Louis Braille et qui doivent beaucoup aux conceptions d’Ernest Mattern, sont aujourd’hui, occupés par le Secrétariat général pour l’administration de la police (SGAP) qui y entrepose véhicules et matériel de la police national. Le site est, en 2015, en attente d’un projet de reconversion qui transformera sans doute radicalement le paysage de cette partie nord du quartier de Fives.
Pour aller plus loin :
Yves COHEN, "L'espace de l'organisateur : Ernest Mattern, 1906-1939", Le Mouvement social, n°125, 1983, pp. 79-96.
La fin du XIXe siècle est marquée en différents points du globe par des tentatives de réorganisation de la production industrielle afin de permettre une meilleure productivité des salariés et des rendements plus importants. Promoteur d’une organisation scientifique du travail basée sur son expérience comme ouvrier à Philadelphie, Frederick Winslow Taylor est sans doute le représentant le plus fameux de ce groupe d’ingénieurs qui donnera naissance à la production industrielle de masse au XXe siècle.
Pour ce qui est du cas français, et plus particulièrement de celui des usines automobile Peugeot, il convient de mettre en évidence le rôle d’Ernest Mattern (1880-1952) dans l’organisation et la direction du groupe. Fils d’un important entrepreneur de travaux publics alsacien reconverti dans l’architecture, Mattern est employé à l’usine Peugeot de Lille entre 1906 et 1912. Il occupe successivement les positions de contremaître, chef d’atelier et sous-directeur-chef avant d’être nommé directeur d’usine dans le Doubs. De cette première expérience, il tirera des enseignements pour le reste de sa carrière et participera à élaborer certaines configurations encore en vigueur aujourd’hui aux usines Peugeot.
L’apport de Mattern à l’organisation du travail s’évalue tout particulièrement dans l’importance qu’il accorde à l’espace de l’usine, aux agencements des différents bâtiments, au positionnement des machines-outils et aux déplacements des ouvriers. Il se comporte à ce titre comme un réel maitre d’œuvre, organisant la production et l’espace de production dans un même élan. L’action de Mattern est également caractérisée par une forte propension à la prospective. Dès 1906, à l’échelle de son équipe d’ouvriers à Peugeot-Lille, Mattern évalue le coût de tout ce qu’il entreprend et anticipe, par la rédaction de plans, les possibles évolutions de la production. Plus tard, anticipant l’explosion de la production automobile, il recommande d’acquérir de larges espaces et de les aménager de manière à pouvoir les réorganiser à volonté en fonction des besoins et de la demande. Son objectif : passer de l’"usine de bricoleurs" à l’"usine de série".
En 1928, l’usine, rebaptisée Compagnie lilloise de moteurs (CLM), entame pour la première fois en France la construction du moteur à "huile lourde", le Diesel. Elle produit tout au long du XXe siècle de nombreux véhicules de 4 à 500 CV et du matériel agricole, industriel, pour la marine, le rail et les groupes électrogènes. En 1958, l’entreprise se spécialise dans la production de moteur Diesel pour véhicules rapides et produira son millionième moteur 18 ans plus tard, en 1976. A cette époque, l’usine emploie près de 3000 ouvriers.
Mais l’usine ne fêtera pas son centenaire. En 1998, elle ferme définitivement ses portes et les derniers salariés sont reclassés à la Française de mécanique à Douvrin. Les 10 hectares de l’usine, réunis de part et d’autre de la rue Louis Braille et qui doivent beaucoup aux conceptions d’Ernest Mattern, sont aujourd’hui, occupés par le Secrétariat général pour l’administration de la police (SGAP) qui y entrepose véhicules et matériel de la police national. Le site est, en 2015, en attente d’un projet de reconversion qui transformera sans doute radicalement le paysage de cette partie nord du quartier de Fives.
Pour aller plus loin :
Yves COHEN, "L'espace de l'organisateur : Ernest Mattern, 1906-1939", Le Mouvement social, n°125, 1983, pp. 79-96.
Antonio Delfini
Transcription
Journaliste
Une usine pas tout à fait comme les autres. L’an dernier, elle ouvrait ses portes aux familles de son personnel. Son directeur Monsieur Lange nous la présente.Monsieur Lange
Et bien, Fives-Lille est surtout le berceau de la mécanique lourde et très connue à ce point de vue et on oublie fréquemment que dans ce centre ; il existe une usine qui est dirigée vers la mécanique de précision et en l’occurrence surtout les moteurs diesels. Cette maison fondée en 1898 est l’œuvre d’un frère Peugeot nommé Armand qui concurremment avec Valentigney a été le berceau de l’automobile. Puisque dès 1898, sortaient les premières voitures.Journaliste
En 1928, le moteur diesel fait son apparition en France. Il se singularise par une grande campagne en Afrique. L’usine de Lille se spécialise dans la construction de cette nouvelle mécanique. Après la guerre, l’entreprise se développe et après une période de reconversion qui permet l’ébauche de la fabrication en grande série, ce sont les années 50. Des techniques nouvelles font leur apparition.(silence)