Boules à l'étaque

13 février 1971
06m 12s
Réf. 00056

Notice

Résumé :
Reportage à la bourloire de la société de boules Saint-Paul à Wattrelos, commenté par Jacques Marquis. Nous assistons à une partie de bourle à l'étaque. Les joueurs nous en expliquent les règles et nous font la démonstration de leur habileté. Le jeu consiste à placer les bourles (un disque en bois de gaïac) le plus près possible de l'étaque (un disque de cuivre de 3 cm de diamètre).
Type de média :
Date de diffusion :
13 février 1971
Source :
ORTF (Collection: Spécial Nord )
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

Bourle, boule à l’étaque, boule flamande sont autant de variantes d’un même jeu, pratiqué depuis des siècles, et qui n’a qu’un lointain rapport avec sa cousine plus médiatique, la pétanque. Le jeu se pratique sur une aire cintrée, la bourloire, avec de gros disques de bois, les bourles, qu’il s’agit de faire rouler pour qu’ils approchent au plus près d’un disque de métal, l’étaque. Le poids et la taille des bourles varient non seulement en fonction des joueurs et de leur gabarit, mais également des bourloires. A Wattrelos on s’intéresse plutôt à la "grosse bourle", pesant de 4 à 8 kg, alors que Tourcoing opte pour la "petite bourle" de 2 kg, proche de la boule flamande que l’on retrouve dans la région d’Hazebrouck et de Bailleul. Par contre, elles ont toujours un côté faible et un côté fort, lesté, qui rend leurs trajectoires complexes et leur permet de tomber, ou "bourler" selon le terme en usage.

La bourle n’aurait pas le même charme sans son jargon : les équipes se composent d’un "commandant", en charge de la stratégie, de "pointeux", d’ "hellicheux" et de "butcheux". Il faudra, pour jouer juste, ne pas se tromper entre "mettre le fort au mur" ou le mettre "au jour ", savoir "jouer en rive " pour exploiter les pentes de la bourloire et "faire jo", c’est-à-dire marquer le point. Surtout éviter d’aller au "tchu ", ce fossé en bout de piste : il en coûte une pièce dans le "sabot".

La plus ancienne trace du jeu de bourle remonte aux bans échevinaux de Lille datés du 4 août 1382, interdisant sa pratique sur la voie publique sous peine d’une amende de 60 sols ou de "castagne de verge". Faut-il y voir là une des raisons de la naissance des bourloires ? Toujours est-il qu’elles se sont considérablement développées pendant quelques siècles avant de revenir à un nombre plus modeste de nos jours, où elles font figure de symbole. On comptait au début du XIXe siècle, près de 200 bourloires pour la seule ville de Wattrelos ! Elles sont aujourd’hui bien moins nombreuses dans la métropole lilloise, mais on continue d’y jouer et d’y initier les plus jeunes [1]. Nombre de bourloires de la région sont désormais inscrites au titre des monuments historiques et l’on peut toujours admirer en mairie de Roubaix le tableau de Rémy Cogghe, Le Jeu de bourles en Flandres.




[1] Parmi les bourloires classées et toujours en activité, il y a le Café-bourloire Saint-Paul de Wattrelos (vue dans ce document), mais aussi le Café-bourloire Le Carrin, à Tourcoing on dénombre pas moins de huit bourloires classées, une à Toufflers et une autre à Neuville-en-Ferrain. Mais bien d'autres sont actives les samedi et dimanche à Tourcoing, Wattrelos, Roubaix, Halluin, Wasquehal, Lannoy, Leers...
Pour connaître les salles et les activités proposées, voir le site de la Fédération des sociétés de bourles du Nord : https://fedbourlenord.wordpress.com/
Tristan Wallet

Transcription

Luc Dekerle
Voici maintenant le premier volet d’une série consacrée aux jeux sportifs pratiqués en Flandre depuis des temps immémoriaux. Ce premier volet sera consacré à la boule plate. Et Jacques Marquis, qui depuis très longtemps, s’efforce de redonner force et vigueur à ces jeux, nous a servi de guide. Alors si vous le voulez bien, suivez-nous jusqu’à la bourloire.
(musique)
Intervenant
Notre jeu consiste tout simplement à aller le plus près de l’étaque qui se trouve là-bas, dans le fond du jeu de boule. Cette boule évidemment, elle, il y a un fort, ce fort est le côté le plus bas de la boule.
Jacques Marquis
Oui.
Intervenant
Alors en la lançant, il y a une certaine ampliation plus forte qui se donne sur, du côté du fort qui permet à lui faire, à lui donner la trajectoire qu’on veut. Évidement, c’est un jeu qu’on ne réussit pas au premier coup ! Mais avec un... on peut y arriver très facilement,mais seulement, il faut de la persévérance, il faut être, il faut de l’adresse et être observateur !
Jacques Marquis
Bien sûr.
Intervenant
Vous, je ne sais pas, si vous voulez essayer parfois, hein ?
Jacques Marquis
Bien, on verra, on peut toujours. Seulement, je trouve aussi que votre bourloire ait une forme incurvée ?
Intervenant
Elle a une forme incurvée.
Jacques Marquis
Et ça pourrait correspondre aussi à la forme de la boule.
Intervenant
Oh, à la forme de la boule.
Inconnu 1
Qui permet de faire des bonds !
Inconnu 2
Et ce qu’on appelle les rives, c’est ce qu’on appelle les rives.
Jacques Marquis
Comme ça ?
Intervenant
Alors oui, alors vous, vous faites une petite flexion des genoux en mettant le pied droit en avant, le pied droit en avant, et vous lancez votre boule en faisant un petit geste comme ça.
Inconnu 1
Voilà, et elle est partie !
(musique)
Luc Dekerle
Jacques Marquis, est-ce qu’on joue encore beaucoup aux boules dans le Nord ?
Intervenant
Eh oui ! On joue encore beaucoup aux boules, il en existe d’ailleurs différentes sortes de jeux. Celui-ci, les grosses boules plates, il y a aussi des jeux avec des petites boules plates, et des jeux avec des grosses boules sphériques. Si vous voulez, nous y reviendrons une autre fois.
Luc Dekerle
Oui, dans quelle région particulièrement en Flandre ?
Intervenant
Ça s’est joué partout, il y a surtout un gros point d’intérêt, c’était à Lille, à Toufflers à Roubaix, à Arras. Il y en avait énormément à Wattrelos, mais il y en avait aussi dans la région de Dunkerque, à Rosendael, et aussi n’oublions pas en Belgique, de sorte qu’il y avait les compétitions régionales et aussi internationales.
Luc Dekerle
Et d’où vient cet amour des flamands pour ces jeux de société ?
Intervenant
Eh bien, je pense qu’il s’agit là d’une excellente chose et qu’il faudrait y revenir, l’amour qu’ont les gens du Nord de se retrouver ensemble et de passer de bons moments. Je pense que c’est là quelque chose d’excellent d’ailleurs.
(musique)
Intervenant
Depuis plus d’un siècle, on joue à la boule au Wattrelos.
Luc Dekerle
Et il y avait combien de sociétés de boule à ce moment-là ?
Intervenant
En 1900, il y avait plus de 90 bourloires à Wattrelos, couvertes et à l’air libre.
Luc Dekerle
Et combien de joueurs, combien de pratiquants à moment-là ?
Intervenant
Ah, ces temps-là, il y en avait plusieurs milliers !
(musique)
Intervenant
Nous avons beaucoup de jeunes et ces jeunes sont, n’ont rien à envier aux anciens. D’ailleurs dans toutes les compétitions, ces jeunes se défendent très honorablement.
(musique)
Intervenant
Pour être un bon joueur de boule, il faut d’abord être observateur du jeu. Être souple tout d’abord, parce qu’aussi, vous savez, lorsqu’un frappeur lance sa boule, il la lance à près de 25 kilomètres à l’heure ! Ces boules font entre 12 et 18 livres, mais le poids des boules n’a pas tellement une importance, il faut jouer surtout avec une boule et qui est en comparaison de la force du joueur.
Luc Dekerle
Mais je crois que les boules ont des formes bien particulières suivant les régions, suivant les villes d’ailleurs !
Intervenant
Ah, évidemment, il n’y a que ici, à Wattrelos, qu’on joue avec ce genre de plateaux, qui sont des plateaux qui ont entre 30 et 35 centimètres de hauteur sur 12 centimètres de large.
Luc Dekerle
Ce sont des boules en bois, hein ?
Intervenant
Ces boules sont en gaïac ou en quebracho. Mais depuis quelque temps, on a essayé des boules en contreplaqué, mais ces boules coûtent très cher !
(musique)
Luc Dekerle
Le bourloire, ce qu’on appelle le bourloire, qui a cette forme particulière incurvée, comment est-il fait ?
Intervenant
C’est de la terre battue tout simplement, et qui, à la suite des temps devient très dure.
Luc Dekerle
Et ce bourloire, ici à Wattrelos, existe depuis plus de 100 ans alors ?
Intervenant
Celle-ci, elle existe depuis plus de 100 ans !
Luc Dekerle
Et sans jamais s’abimer, sans être….
Intervenant
Sans jamais s’abimer !
(musique)