Chanson Al'quinzaine

11 avril 1965
57s
Réf. 00011

Notice

Résumé :

Un mineur retraité interprète une chanson Al'quinzaine, qui parle de la quinzaine  (la paye bimensuelle des mineurs).

Type de média :
Date de diffusion :
11 avril 1965
Source :

Éclairage

La mine et les mineurs ont été au cœur de nombreuses poésies et chansons. Les houilleurs eux-mêmes ont chanté sur des airs parfois connus, des paroles en français et en patois qui, souvent, portaient sur la vie du travailleur, avec ses joies, avec ses peines et ses difficultés, dont celle de faire vivre sa famille.

Des chansonniers, comme le Communard Jean-Baptiste Clément, auteur de la fameuse romance révolutionnaire Le Temps des cerises et sans doute aussi de La grève, une complainte que lui inspira l'arrêt du travail qui marqua le bassin du Pas-de-Calais en 1893. Quelques années plus tard, Clovis Hugues, poète et député socialiste, écrit un Chant des mineurs dans lequel les ouvriers sont dépeints comme miséreux et exploités. Bien d'autres hymnes à leur "gloire" furent écrits et interprétés au fil des années, comme ce magnifique Coup d'grisou (1944) auquel Édith Piaf prêta sa voix ou encore Le puits (1956) rendu célèbre par Yves Montand glorifiant, quelques temps après la fin de la Bataille du charbon de la Libération, les efforts fournis par les mineurs pour produire et reconstruire la France après la guerre. Le dernier hommage en musique rendu aux "gueules noires" de ce pays fut, sans doute, celui de Pierre Bachelet, Les corons (1982) devenu un tube, à une époque où les mines étaient en voie de disparition.

Les "gueules noires", elles-mêmes, ont eu leurs chansons. Dès 1840, un Chant des mineurs, très critique du directeur de la mine, est recueilli au Creusot. Ricamarie, chant du 16 juin 1869, met en scène ces mineurs de la Loire réclamant le droit de grève – une arme qui ne sera tolérée qu'à partir de 1884. En 1883, La grève de Carmaux célèbre tout à la fois la République et Dieu. Ces chants, qui naquirent à l'occasion de certains arrêts de travail, ne furent pas les seuls à accompagner la vie des bassins. Des marches, comme ce Chant des jeunes mineurs de France ou encore ce Salut à toi, mineur datant de la fin des années 1940, voir encore Le chant de la corporation (1963), écrit à l'occasion de la grève des mineurs de fer de Trieux en Lorraine, témoignent de la vivacité de ce mode d'expression, quasi militant, dans le milieu ouvrier. Al'quinzaine ne déroge pas à cette tradition, chanté par les mineurs eux-mêmes en patois, sur un air connu – celui de La Petite Tonkinoise (1905) de Vincent Scotto et Jack Lantier – en évoquant la délicate question du salaire, toujours insuffisant, que les ouvriers après de longues luttes ont fini par toucher toutes les deux semaines. Un petit pas vers une plus grande sécurité de l'emploi.

Diana Cooper-Richet

Transcription

Fernand Vincent
Et s’il n’y avait pas de chanson particulière au métier de mineur.
Intervenant
À l ’quinzaine, Tout in peine, On va chercher sa fiche de paie, Et tout in consultant celle-ci, In vôt qué l ’porion nous triche, Y manque des balles, Et ch ’ carbon sale, In mét’ ed beur’ et culbuté Que ch ’ porion n’a point compté In est tout estomaqué. Et in s’ in va compter s’ misère Tout in co-co Tout in co-co Tout in colère Au porion insuite à ch’ maître, Disant qu’ y faut nous in r’ mettre. Mais grand-mère Elle est là qu’elle braille, T’ es qu’ inne ca-ca, T’ es qu’ inne ca-ca, T’es q ’ inne canaille Vas tin ar’ clamer tes sous, Pour mi payer tout partout.