Armand Lanoux parle de Germinal d'Emile Zola
Notice
Le Magazine du mineur consacré à Germinal fait évoluer le personnage de Zola sur les lieux qui l'ont inspiré pour son roman. Armand Lanoux explique que celui-ci s'est beaucoup documenté visitant corons et puits de mines. Zola fait en premier un travail de journaliste en allant constater les faits puis il met en valeur des informations en utilisant les codes du feuilleton en opposant les classes bourgeoise possédantes et la classe ouvrière. Une construction épique avec une histoire d'amour.
Éclairage
Émile Zola, écrivain naturaliste de la seconde moitié du XIX° siècle, se fixe pour objectif dans ses romans, plus particulièrement dans la grande série – une vingtaine de titres - des Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire (1871-1893), dont Germinal fait partie, de donner de la société de son temps, des conflits qui l'agitent et des injustices qui la caractérisent, une vision la plus proche possible de la réalité. Dans ce but, il adopte une méthode de travail tout à fait particulière, peu en usage chez les hommes de lettres de son temps. Il se documente par le biais d'études de différentes origines et par la lecture des journaux, avant de mener, lui-même, sur place, une enquête de terrain, avec interviews des différents acteurs qu'il compte mettre en scène dans son récit.
Au cours de la phase préparatoire à l'écriture de Germinal, Émile Zola lit abondamment et prend de multiples notes, sur ses lectures, dans ses fameux "carnets" d'enquête. De La science économique (1881) du journaliste et homme politique Yves Guyot, qui le renseigne sur les crises économiques, en passant par le très classique ouvrage de Louis-Laurent Simonin, La Vie souterraine (1867), qui l'informe sur le fonctionnement général du travail sous terre, sans parler de l'étude du médecin belge H. Boëns-Boissau, Maladies, accidents et difformités des houilleurs, paru en 1862, qui permet de comprendre toutes les caractéristiques physiques du mineur, Zola puise dans tout ce qui disponible, au début des années 1880, sur la mine. Les articles de presse lui permettent de suivre les conflits qui se déroulent dans les différents bassins miniers de France, mais c'est surtout sa visite à Anzin (Nord), du 23 février au 3 mars 1884, où 12 000 mineurs sont en grève depuis quatre jours, qui permet au père des Rougon-Macquart de voir lui-même les conditions de vie et de travail des "gueules noires", mais également l'ambiance qui règne entre les différentes parties prenantes du conflit. Accompagné par le député socialiste Alfred Girard et par un ingénieur du nom de Mercier, Zola visite corons et galeries souterraines et participe à des réunions syndicales. De ce voyage, il rentre avec une documentation vivante et une conscience aigüe de tous les maux qui minent cette société de houilleurs.
Il se met alors à la construction d'un roman, qu'il veut mettre à la portée du public le plus large possible, d'un feuilleton – un genre littéraire particulièrement prisé dans la seconde moitié du XIX° siècle qui paraît dans la presse, par épisodes – opposant le Capital - représentée ici par les compagnies minières et leurs dirigeants qui défendent les intérêts de leurs actionnaires – et le Travail, qui prend, dans Germinal, le visage des mineurs et de leurs familles réclamant des salaires décents et de quoi renouveler leur force de travail. Cet ouvrage "magistral", "épique", tel que le décrit Armand Lanoux, est à la fois la description d'une guerre sociale et un roman d'amour dans lequel l'héroïne, Catherine, est l'image même du prolétariat exploité.
Deux films seront tirés du roman d'Émile Zola. Le premier Germinal est tourné par Yves Allégret et sorti sur les écrans en 1963. Ce film n'a pas connu un grand succès. Néanmoins, le scenario est très fidèle au récit de l'écrivain naturaliste. Le second film tiré du roman d'Émile Zola est celui de Claude Berri datant de 1993. Ce dernier eu un grand succès. Ces deux films témoignent de l'intérêt que les réalisateurs continuent à porter à la grande saga des mineurs.