Le mondial de snowboard
Notice
Le 7ème mondial de snowboard s'est déroulé aux Deux Alpes. Cet événement attire de nombreux spectateurs et de nombreux curieux qui veulent s'essayer à cette discipline. Les évolutions et les nouveautés concernant les matériels sont présentées.
- Europe > France > Rhône-Alpes > Isère > Venosc
Éclairage
Automne 1996, le mondial du snowboard se déroule aux Deux Alpes, l'occasion pour le journal des Alpes du 26 octobre de revenir en images sur cette manifestation. Créée en 1987 d'abord sous la forme de test de matériel, la première édition annonce des « essais snowboard », proposés exclusivement à la clientèle du magasin organisateur La Glisse de Frédéric Peguilhan à Grenoble. Dès l'année suivante, les essais sont co-organisés avec André Leplus, alors propriétaire de l'unique commerce de la station entièrement dédié au textile et matériel de snowboard, Yellow Cab Surfing. Sous son impulsion, la manifestation, victime de son succès, prend en 1990 l'appellation mondial du snowboard ouvert au grand public et en collaboration avec l'industrie du snowboard. Au moment du reportage, 5000 personnes sont attendues quotidiennement pendant trois jours. Rassemblement d'adolescents et de jeunes adultes comparable à un « Woodstock des neiges », le mondial n'est pas le lieu où l'on vient profiter de la montagne. Celle-ci filmée furtivement ne fait figure que de décor. Le public s'est donné rendez-vous entre soi pour guetter les dernières tendances et faire la fête.
Le partenariat que l'organisateur noue avec la société d'exploitation du domaine skiable DAL (1) et l'office de tourisme permet à cette nouvelle clientèle de s'offrir un séjour à prix attractif (2) grâce à un tout-compris incluant forfait remontées mécaniques, logement, gratuité des soirées.
Si les skieurs représentent les deux tiers des adeptes de la glisse, ici l'angle d'approche ne laisse aucun doute, les quelques égarés sensibles au plaisir de la neige ne sont pas invités, la manifestation est réservée aux surfeurs (3). Cette « culture snowboard » prête à « conquérir la neige » témoigne de nouvelles valeurs basées sur le spectacle et l'univers ludique. Comparable à une tribu, elle possède ses codes, son langage. Elle est aussi l'objet de vives critiques liées au problème de vandalisme voire de délinquance, non exprimées dans le reportage. Attachés à un mode culturel identifiant une certaine frange de la jeunesse, les snowboarders cristallisent les griefs comme le rock ‘n' roll dans les années 1960. Le temps d'un week-end, la montagne devient le terrain de jeu de la grande banlieue grenobloise où la culture urbaine est transposée. Les tremplins de neige remplacent les rampes de skate.
L'effet de masse symbolisé par les surfeurs agglutinés devant le bureau des forfaits coïncide avec l'évolution de leur nombre. Entre l'hiver 94-95 et l'hiver 96-97, il passe de 6% à 10% des pratiquants (4). C'est la raison pour laquelle ils sont pris en considération tant par les exploitants du domaine skiable que par les fabricants de matériel. La station iséroise profite de l'un de ses atouts majeurs, son domaine d'altitude avec le glacier de la Girose. Les vacances de la Toussaint sont le moment idéal pour capter l'attention des grands médias et lancer la saison d'hiver d'autant qu'à cette période peu d'événements font la une. Ce coup de projecteur automnal répond à une recherche de visibilité et de retour sur investissement de la part de la station.
Le public vient de toute la France et même de l'Europe grâce à une notoriété accrue. Les marques se doivent d'être présentes pour exposer les nouveaux modèles et répondre à une forte concurrence sur un marché jeune en pleine croissance. Chacune communique à travers son « rider vedette », leader d'opinion que le public est invité à côtoyer et admirer sur le big air ou le boardercross. Les innovations technologiques s'adaptent à la demande et s'appuient sur l'expertise de sports traditionnels tels que le cyclisme ou le ski. L'hiver 1997 annonce l'arrivée de la fixation à chaussage rapide, « step-in », gage de facilité. Loin des contraintes, de la rigidité, de la précision propres aux valeurs du ski de compétition, les snowboarders souhaitent souplesse et confort. Les skieurs seront à leur tour peu à peu imprégnés par la culture de la glisse. L'événement évolue avec la création du mondial du ski en 1997 (5). En 2001, les « deux mondiaux » sont vendus à la société DAL qui les maintiendra jusqu'en 2008.
(1) Deux Alpes Loisirs
(2) La politique tournée vers les jeunes des grandes agglomérations proches (Lyon, St Etienne, Grenoble) est une spécificité sur laquelle la station s'est construite une image dès les années 1950 en proposant au cours de l'hiver 1954-1955 le premier forfait remontées mécaniques (avant il fallait payer chaque remontée séparément), puis à partir de 1964 le tout-compris qui inclura prix de pension, cours de ski et forfait de remontées mécaniques.
(3) Parmi eux se distinguent les « alpins » dont le nombre décline (3,4% des pratiquants) au profit des « freestylers », (6,3% des pratiquants) Source : SEATM. Le surf alpin s'appuie sur le virage slalom issu du ski. Il a été détrôné par des disciplines non basées sur la performance du virage, mais sur des figures acrobatiques, qu'il s'agisse du free-style ou du half-pipe.
(4) Source SEATM.
(5) Les deux événements sont organisés l'un après l'autre.
(6) Plusieurs raisons de l'arrêt de la manifestation peuvent être évoquées. Pour la société DAL, une volonté de ne plus porter seule cet événement, la perspective de la vente de DAL à la Compagnie des Alpes (effective fin 2009) remet en cause sa stratégie événementielle en dehors des objectifs prioritaires de la CDA. Pour les élus, le souhait de se réorienter vers des animations moins coûteuses. Enfin, des divergences d'opinion et une cible de clientèle contestée et qui ne correspondait plus aux attentes des différents acteurs. La station conserve aujourd'hui une image jeune dont elle hérite par la notoriété qu'a obtenu cet événement de masse. L'impact de sa suppression dans la fréquentation de la station, reste à interroger.