Au fil des 4000 : le départ de Patrick Berhault et Philippe Magnin
Notice
Le reportage présente les alpinistes Patrick Berhault et Philippe Magnin, partis pour une expédition de 3 mois qui doit les mener sur les 82 sommets des Alpes de plus de 4 000 mètres. Les guides ont entamé leur expédition par l'ascension de la Barre des Écrins, puis celle du dôme des Écrins. Pendant leur expédition, ils seront ravitaillés par des guides et termineront par le sommet du Bernina situé sur la frontière italo-suisse.
Éclairage
Alors que l'ensemble des sommets alpins a été gravi depuis l'entre-deux-guerres, les années 1990 voient une nouvelle tendance de l'alpinisme se dessiner pour repousser les limites et offrir de nouveaux défis. Désormais, l'exploit ne se situe plus uniquement dans l'ouverture de nouvelles voies mais dans l'enchaînement de plusieurs sommets dans un temps contraint. Patrick Berhault, initiateur (en compagnie de Patrick Edlinger) de l'escalade libre en France à la fin des années 1970 et Philippe Magnin, alpiniste chevronné, envisagent de gravir 82 sommets alpins de plus de 4000 mètres en trois mois durant le printemps 2004. Le nombre et l'altitude doivent frapper les esprits afin d'étalonner quantitativement et qualitativement le défi. Diffusé dans le Journal des Alpes (1) à une heure où les téléspectateurs se pressent devant les écrans, le reportage présente le début de cette aventure en insistant sur les préparatifs des deux hommes qui allient le professionnalisme et la volonté de s'adapter à l'environnement. Impacté par la canicule de l'été 2003, l'enneigement est en recul et les conduit à modifier leurs itinéraires. La Lune, filmée à plusieurs reprises, représente une allégorie de l'objectif qu'ils envisagent de décrocher. Il est nécessaire de stimuler l'imagination du téléspectateur dans la mesure où il n'est pas possible de filmer l'ensemble des sommets comme le cheminement des deux alpinistes. Relevant davantage du sport avec le souci de la performance que de l'épopée qui caractérisait les premières alpines, il n'en demeure pas moins que ce défi inédit conduit les deux hommes à se mesurer à des ascensions qu'ils n'ont jamais franchies. Les plans serrés sur des arêtes particulièrement escarpées permettent de prendre la mesure des difficultés auxquelles ils seront confrontés. Équipés d'un matériel innovant dont le téléspectateur peut discerner aisément les marques, ils s'apprêtent à repousser les limites avec passion dans le massif des Écrins. L'ancrage territorial rappelé à plusieurs reprises par le commentaire nommant des lieux (Saint Christophe, etc.) comme la visualisation de la carte et le rappel de la nécessité d'un ravitaillement dans les vallées, permettent d'insister sur l'authenticité de ce cheminement et l'attachement des alpinistes au milieu. La bonne humeur et la sérénité qui transparaissent de ce reportage contrastent avec l'étendue d'un défi qui doit ouvrir de nouveaux horizons pour l'alpinisme moderne.
L'aventure se terminera par un drame. Patrick Berhault fait une chute mortelle le 28 avril 2004, après le 64e sommet, sur l'arête neigeuse qui sépare le Täschhorn du Dom dans le massif des Mischabels. Une polémique suivra sur les causes de cet accident susceptible d'avoir été provoqué par un excès de fatigue dû à la pression des sponsors. Le décalage est ainsi saisissant avec le ton positif du commentaire teinté d'humour sans aucune allusion aux risques encourus (2).
(1) JT produit et diffusé pour la rédaction de France 3 Alpes (Grenoble).
(2) Un film retrace la dernière cordée du duo d'alpinistes, le jour de la chute de fatale de Patrick Berhault : « Sur le fil des 4000 », de Gilles Chappaz, 52 mn, Migoo productions (disponible en DVD).