Les métiers du bois en Vendée

02 juin 1977
03m 47s
Réf. 00516

Notice

Résumé :
9% des salariés vendéens travaillent dans les métiers du bois, secteur en déficit de main-d'oeuvre. 74% des entreprises comptent moins de 10 salariés. Si de grosses entreprises ne nécessitent pas de grandes compétences, les sculpteurs sur bois pour l'ameublement artisanal se font rares. Pour pallier à ces carences, à Montaigu et aux Herbiers, des formations spécialisées vont voir le jour.
Date de diffusion :
02 juin 1977
Source :
Thèmes :

Éclairage

Tourné en 1977, le reportage consacré au risque de pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans les métiers du bois en Vendée est censé illustrer un des aspects du déséquilibre pouvant exister entre le marché du travail et le système scolaire sur fond de forte hausse du chômage, passé de moins de 700 000 personnes début 1975 à un million fin 1977. Dix ans après la création de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) par le jeune secrétaire d’Etat à l’Emploi Jacques Chirac, au moment où apparaissaient les premiers signes d’un chômage structurel, le thème de l’emploi occupe une place croissante dans les préoccupations quotidiennes et le déficit de lycéens professionnels et d’apprentis dans les formations conduisant aux métiers du bois semble d’autant plus étrange, du moins en apparence. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la demande est effectivement demeurée forte pour le mobilier de qualité ou les commandes de navires de plaisance qui constituent les deux débouchés traditionnels des métiers du bois en Vendée, si l’on exclut la demande également forte pour le bois d’œuvre et de charpente. Ces raisons expliquent, ainsi qu’il est mentionné dans le reportage, que les métiers du bois emploient 9 % de la main-d’œuvre vendéenne au milieu des années 1970.
Toutefois, le séquence du tournage se situe au point d’inflexion du cycle économique qui va affecter le secteur de la menuiserie dès 1979 et le début des années 1980 lorsque vont se faire sentir les conséquences du second choc pétrolier et les répercussions de la récession américaine de 1980-1981. On va alors assister à une concentration des acteurs du secteur de la menuiserie-ébénisterie traditionnellement dominé par des entreprises artisanales employant moins de 10 salariés. Au fil des ans, des départs à la retraite et des dépôts de bilan, le nombre de menuisiers-ébénistes diminue en Vendée comme dans les autres départements possédant ce type de savoir-faire. A l’inverse de ce qui se passait encore dans les années 1960, les jeunes couples ne rêvent plus de buffets ou d’armoires en bois massif au cours de leurs premières années de mariage. Des solutions alternatives moins coûteuses vont se développer jusqu’à nos jours avec l’offre à bas coût d’enseignes spécialisées vendant du mobilier importé d’Asie ou d’Europe de l’Est, avant même l’arrivée sur le marché des meubles en kit d’un fameux distributeur scandinave. Les artisans menuisiers vendéens vont payer un lourd tribut à ce changement d’habitude de consommation. C’est ainsi qu’en 2009 certains d’entre eux sont emportés par la faillite de la CAMIF de Niort pour laquelle ils travaillaient quasi-exclusivement.
Aujourd’hui, la crise de la menuiserie traditionnelle paraît surmontée et les jeunes Vendéens qui choisissent les métiers de la filière du bois n’ont guère de difficulté pour trouver un emploi car de nouveaux savoir-faire sont apparus tant dans le secteur du mobilier que dans celui de la construction en bois ou de la construction nautique qui recourt toujours aux emménagements en bois pour les voiliers et vedettes haut de gamme.
Eric Kocher-Marboeuf

Transcription

(Bruit)
Journaliste
Environ 9 % de la main d’oeuvre vendéenne, soit 3400 personnes travaillent dans le secteur de l’ameublement. Un chiffre encore, 74 % des entreprises n’emploient que de 1 à 10 salariés. Ce sont donc essentiellement des entreprises artisanales, mais malheureusement, leur petite taille et leur structure font naître de gros problèmes.
Intervenant 1
Nous avons besoin d’une main d’oeuvre extrêmement qualifiée, nous avons besoin de gens qui prennent, à partir d’un plan, toute une fabrication pour la livraison. Donc, c’est ce que nous manquons, nous manquons de qualifiés, nous recherchons au niveau national à faire venir en Vendée des ébénistes, des menuisiers hautement qualifiés, et bien entendu, des sculpteurs sur bois.
Journaliste
Monsieur, vous êtes ici ébéniste, à Saint-Aubin-des-Ormeaux, combien y-a-t-il d’employés dans votre entreprise et quelles sont leurs spécialités.
Intervenant 2
L’entreprise comporte dix ouvriers. Et dans les dix ouvriers, il y a deux compagnons du devoir, et le reste, ce sont des ouvriers hautement qualifiés. Lorsqu’ils entreprennent un travail et n’importe quel travail, que ce soit le meuble sur mesure ou que ce soit la cuisine également sur mesure, ils sont capables de faire tout. Aussi bien le travail du traçage, le plan, le traçage, le tournage, éventuellement la pose chez le client, ils sont capables de tout faire. Ce sont des ouvriers complets.
(Bruit)
Journaliste
Ces petites entreprises artisanales ont leur ambiance propre. Ce n’est pas celle de l’usine, loin s’en faut. Les plus vieux ouvriers, pour rien au monde, ne voudraient abandonner leur emploi pour un autre peut-être mieux rémunéré. Ils sont chargés d’initier les jeunes dès leur arrivée mais encore faut-il les trouver.
(Bruit)
Journaliste
La situation est telle actuellement que pour certaines entreprises, les patrons recherchent impérativement des ouvriers très spécialisés.
Intervenant
Effectivement, dans l’entreprise dans laquelle on est actuellement, je peux vous dire que c’est une entreprise où la finition est une finition main, la sculpture est faite entièrement à la main, il est bien évident que nous n’avons pas pu, malgré tous les moyens mis à la disposition des entreprises par l’agence nationale pour l’emploi, essayer de trouver, et puis aboutir à trouver un sculpteur qualifié. Donc, il est bien évident que c’est un frein au niveau de la production.
Journaliste
Nous sommes ici devant un meuble copie style Louis XIV, alors, combien d’ouvriers ont travaillé sur ce meuble, et combien de temps de travail faut-il pour le réaliser ?
Intervenant 3
Un ouvrier, qui est l’ébéniste, qui a monté le meuble seul, avec le concours de sculpteurs qui ont réalisé ces choses-là, qui sont les montants, les tiroirs et les traverses. C’est l’ébéniste lui-même qui a monté toutes les portes, les portes, la corniche, enfin, l’ensemble du meuble.
(Bruit)
Journaliste
Mais il n’y a pas que de petites entreprises en Vendée. Si l’essentiel de la production est artisanale, les grosses entreprises, celles ayant plus de 100 salariés, emploient le reste de la main d’oeuvre. Pas moins de 200 menuisiers travaillent ainsi à l’aménagement intérieur de ces bateaux. Si la nature de l’ouvrage est différente, sa valeur est toute aussi grande. Mais nous sommes loin alors du travail minutieux du sculpteur sur bois.
(Bruit)
Journaliste
La solution aux problèmes de la main d’oeuvre des métiers du bois, ce sera peut-être la création d’un centre de formation professionnelle à Montaigu. Un département de sculpture sur bois est également prévu au CET des Herbiers, les jeunes qui en sortiront sauveront peut-être ce secteur de l’économie vendéenne.
(Bruit)