La crise des vocations
05 juin 1980
03m 54s
Réf. 00606
Notice
Résumé :
Même si le nombre de prêtres et de fidèles a baissé en 25 ans, l'Eglise reste une force sociale importante, comme en témoigne Roland Gautreau, ordonné prêtre il y a 4 ans à Luçon. Issu du monde ouvrier, il se veut un prêtre du séculier, intéressé par le monde des jeunes et il souhaite que son ministère lui permette d'aller à la rencontre des paroissiens.
Date de diffusion :
05 juin 1980
Personnalité(s) :
Éclairage
Le jeune prêtre qui s’exprime ici présente un double visage. C’est d’abord celui d’un travailleur social, d’un animateur fortement préoccupé par les problèmes sociaux de son environnement immédiat. Mais lorsqu’on l’aperçoit revêtu de ses habits sacerdotaux, exerçant ses fonctions liturgiques, il remet en mémoire la figure traditionnelle du prêtre, voué aux « tâches spirituelles », exerçant un magistère sacré qui le plaçait au-dessus de ses paroissiens.
Il fut un temps où chaque commune rurale du Bocage vendéen correspondait à une paroisse, avec à sa tête un ou deux desservants, scrupuleux porte-parole de leur évêque. Les fidèles qui écoutaient leur sermon à la messe du dimanche étaient nombreux puisque la pratique pouvait communément dépasser les 90 %, au moins jusqu’à la fin des années 1960. Si, dans les villes, ainsi que dans le sud maraîchin, le maillage était moins étroit, il n’en demeurait pas moins impressionnant en comparaison de la majorité des autres départements français.
Fortement respecté en général, le prêtre exerçait un rôle de guide des consciences qui ne pouvait pas ne pas déborder sur le terrain politique. La gauche étant le plus souvent anticléricale, l’allégeance à l’institution ecclésiale portait fortement au vote de droite ou du centre (à l’exclusion de l’extrême droite). Cela était particulièrement le cas en période de tension sur la question du financement des écoles catholiques.
Comme le montre ce témoignage, le rôle du prêtre s’est transformé, du moins pour une partie d’entre eux. Il se sent à maints égards marginal. Surtout, la crise des vocations, déjà sensible à l’époque, s’est encore aggravée. Regroupées, les paroisses voient leur identité se déliter ; elles ne sont plus des centres actifs de socialisation autour de l’église et du presbytère. Avec des prêtres de moins en moins nombreux, de moins en moins jeunes, de moins en moins sollicités comme guides dans les affaires temporelles, l’Eglise catholique en tant qu’appareil institutionnel a vu s’effondrer son influence directe sur les populations vendéennes. Le phénomène n’a pas remis en cause l’orientation à droite du département, mais il a infléchi les motivations de vote des électeurs ainsi que les thèmes de campagne des candidats. Liberté d’expression religieuse et défense des écoles ne sont plus au premier plan des préoccupations des uns et des autres.
Il fut un temps où chaque commune rurale du Bocage vendéen correspondait à une paroisse, avec à sa tête un ou deux desservants, scrupuleux porte-parole de leur évêque. Les fidèles qui écoutaient leur sermon à la messe du dimanche étaient nombreux puisque la pratique pouvait communément dépasser les 90 %, au moins jusqu’à la fin des années 1960. Si, dans les villes, ainsi que dans le sud maraîchin, le maillage était moins étroit, il n’en demeurait pas moins impressionnant en comparaison de la majorité des autres départements français.
Fortement respecté en général, le prêtre exerçait un rôle de guide des consciences qui ne pouvait pas ne pas déborder sur le terrain politique. La gauche étant le plus souvent anticléricale, l’allégeance à l’institution ecclésiale portait fortement au vote de droite ou du centre (à l’exclusion de l’extrême droite). Cela était particulièrement le cas en période de tension sur la question du financement des écoles catholiques.
Comme le montre ce témoignage, le rôle du prêtre s’est transformé, du moins pour une partie d’entre eux. Il se sent à maints égards marginal. Surtout, la crise des vocations, déjà sensible à l’époque, s’est encore aggravée. Regroupées, les paroisses voient leur identité se déliter ; elles ne sont plus des centres actifs de socialisation autour de l’église et du presbytère. Avec des prêtres de moins en moins nombreux, de moins en moins jeunes, de moins en moins sollicités comme guides dans les affaires temporelles, l’Eglise catholique en tant qu’appareil institutionnel a vu s’effondrer son influence directe sur les populations vendéennes. Le phénomène n’a pas remis en cause l’orientation à droite du département, mais il a infléchi les motivations de vote des électeurs ainsi que les thèmes de campagne des candidats. Liberté d’expression religieuse et défense des écoles ne sont plus au premier plan des préoccupations des uns et des autres.
Transcription
(Bruit)
Journaliste
On n’est plus prêtre en 1980 comme on l’était il y a 20 ou 40 ans. En un peu plus d’un quart de siècle, l’odeur du monde a considérablement changé, et même si en France, l’Eglise demeure une force sociale importante, elle n’en connaît pas moins un inquiétant passage à vide quant au nombre de ses clercs, voire de ses fidèles. Et c’est clair justement, 30000 prêtres environ aujourd’hui contre 41000 en 1965, ne font à la limite plus le même travail que leur prédécesseurs.Roland Gotreau
Salut, Jean ça va ?Jean
Ça va très bien !Roland Gotreau
Eh bien, je passais voir, Christiane est là ?Jean
D’accord !Roland Gotreau
D’accord, bon ben je vais, tiens, bonjour, c’est Nicolas ?Journaliste
Roland Gotreau est âgé de 30 ans. Ordonné il y a 4 ans, il est installé à Luçon au milieu d’autres prêtres, certains plus âgés que lui. Prêtre, il l’est bien sûr, mais il se veut davantage prêtre parmi les hommes, et surtout, préoccupé par le monde des jeunes. Car le curé à la disposition des fidèles appartient à un temps révolu. Aujourd’hui, les prêtres comme Roland Gotreau se resserrent en équipe pour s’attacher plus à des secteurs qu’à des paroisses.Roland Gotreau
Je crois que j’ai envisagé au fond d’être prêtre vers les 10, 11 ans, sans doute à une question posée par un ami qui était prêtre chez moi. Puis, cette perspective-là, au fond, m’a plu dès le départ mais c’est vrai qu’après, il faut, il m’a fallu tout un cheminement pour clarifier au fond ce que je ressentais un peu au fond de moi.(Musique)
Roland Gotreau
Je pense que la confrontation avec le monde du travail a été pour moi l’occasion d’un mûrissement, certainement, de ce projet que je pouvais déjà avoir ; et toute la vie avec des copains au travail m’a aidé aussi à mieux préciser ce service que je voulais de l’ensemble des hommes, mais plus particulièrement peut-être pour moi aussi du milieu ouvrier.(Musique)
Roland Gotreau
Tu es béni, Dieu de l’univers, Toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre, signe du travail de l’homme, nous te le présentons, il deviendra le pain de la vie. Ça peut être l’occasion de dire un peu ce qu’on vit aussi, c’est l’occasion de remarquer ce que les jeunes ont répondu, et nous aussi. En particulier, sur la formation qu’on a reçue, c’est déjà, sur le temps, depuis combien de temps au chômage, les indemnités qu’on reçoit. Puis, on essaiera de voir aussi à partir de ça toutes les répercussions que ça peut avoir sur notre vie de jeunes, puis, sur la vie des copains ou des copines qu’on peut connaître. Ce mystère, pour moi, va être marqué surtout par une rencontre de ceux avec qui je suis appelé à vivre. Pour moi déjà, lorsque des gens, des hommes, des femmes, des jeunes, des enfants aussi déjà, essaient de vivre entre eux une vie de, d’amitié, de camaraderie, de communauté, de solidarité aussi, pour employer ce mot du monde ouvrier, eh bien pour moi, c’est déjà le signe qu’ils commencent à vivre ce message de l’Évangile.(Bruit)