Les protestants en Vendée

02 septembre 2011
03m 25s
Réf. 00577

Notice

Résumé :
Le protestantisme est attesté en Vendée depuis le 16e siècle, cette minorité religieuse ayant alors subi persécutions et clandestinité, au point de devoir inhumer ses défunts dans des cimetières privés. A Monsireigne, un musée de l'histoire protestante conserve la mémoire de cette frange de la population tandis qu'un recensement du patrimoine protestant vendéen est en cours.
Date de diffusion :
02 septembre 2011

Éclairage

La présence du protestantisme en Vendée est ancienne puisque dès le XVIe siècle, des membres de la petite bourgeoisie urbaine, de la noblesse locale et une partie de la paysannerie s’y convertissent. Un exemple bien connu est celui de François Viète (1540-1603), mathématicien et maître des requêtes ordinaire de l’hôtel du roi. Les protestants sont nombreux à l’est de l’actuel département, jusque dans le Haut-Bocage, mais aussi dans quelques localités côtières, comme Saint-Gilles, La Chaume ou Talmond.
C’est au point qu’en 1665, la moitié de la noblesse poitevine aurait été huguenote. Or la conjonction entre l’attitude peu protectrice de la noblesse et la violence de la persécution fait disparaître apparemment la population huguenote. Les « dragonnades » sont lancées à partir de 1681, elles sont terribles dans le Bas-Poitou entre 1686 et 1695. Les soldats soumettent les familles protestantes à des brutalités et des exactions provoquant l’émigration d’une partie des adhérents des villes et dans les campagnes des conversions forcées qui ne sont pas toujours sincères. Une partie des protestants s’engage dans une pratique clandestine au « désert » avec l’appui de pasteurs venus tout exprès.
Population catholique et les nouveaux convertis cohabitent plus ou moins bien pendant un siècle, avant que la liberté du culte permette le retour d’une Eglise protestante. Mais l’hostilité durable fait que les protestants sont inhumés dans des cimetières familiaux, qui demeurent aujourd’hui des lieux de mémoire. Le musée du Bois-Tiffray, sur la commune de Monsireigne, qui retrace ainsi un pan d’histoire important de la Vendée, a été installé dans une demeure possédée par des familles protestantes depuis le XVIe siècle avant d’être légué, en 1945, à la Société de l’Histoire du Protestantisme français.
Jean-Clément Martin

Transcription

Présentateur
C’est une page importante de l’histoire de France, les guerres de Vendée, tout le monde le sait, à la fin du XVIIIe siècle, le département était très imprégné par le catholicisme. Et pourtant, c’est également en Vendée qu’on trouve un musée d’histoire protestante. Alors, pourquoi, pour comprendre, Sandrine Gadet et Jean-Marc Lallier vous propose de remonter le temps.
(Musique)
Sandrine Gadet
Un logis seigneurial qui offre une vue imprenable sur la campagne vendéenne. C’est ici, à Monsireigne que se niche le Musée de l’Histoire Protestante de l’Ouest de la France. Cela peut paraître incongru de trouver un tel conservatoire au coeur de la très catholique Vendée, et pourtant.
Denis Vatinel
Il y a toujours eu depuis le XVIe siècle, une partie de la population qui était ou qui est protestante. Et que c’est rendre hommage à cette population protestante minoritaire que d’avoir ici un Musée de l’Histoire Protestante.
Sandrine Gadet
Au XVIe siècle, on estime que la moitié de l’aristocratie vendéenne est protestante et l’on dénombre même une cinquantaine de lieux de culte répartis dans le département. Mais avec la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, cette élite est progressivement décimée. Pendant plus d’un siècle, les protestants seront la cible du pouvoir royal, envoyés aux galères, contraints à l’exil ou forcés à se convertir.
(Musique)
Denis Vatinel
Il va y avoir une mise à l’écart de la population protestante par le clergé catholique. On ne doit pas avoir de domestique protestant, ou si on a des domestiques protestants, il faut qu’ils deviennent catholiques. On ne va pas acheter son pain chez un boulanger protestant. Et ce qui fait que les protestants vont avoir de plus en plus tendance, en milieu rural, à vivre uniquement entre eux.
Sandrine Gadet
Longtemps, le culte protestant a été réduit à la clandestinité, notamment dans l’Est et le Sud de la Vendée. Les offices comme les enterrements étaient interdits, les familles inhumaient alors leurs défunts dans des cimetières privés sur leur propriété.
(Musique)
Sandrine Gadet
Derrière cette porte, on compte une vingtaine de tombes soigneusement entretenues aujourd’hui encore par Henriette Pilastre.
(Musique)
Henriette Pilastre
Et la plus récente, c’est celle-ci, c’est une petite tombe, la petite tombe de Lisa Pilastre, c’est une petite fille mort-née ou à peu près, qui est morte en 1899. Pour moi, ce n’est pas du tout un lieu de culte, mais c’est un lieu de mémoire, c’est une page de l’histoire, écrite là, dans la pierre, et à ce titre, il me paraît que c’est important d’essayer de la transmettre.
Sandrine Gadet
Ce patrimoine méconnu, Christophe Klein est l’un de ceux qui ont entrepris de le recenser et parfois de le restaurer et il n’est plus seul à s’y intéresser.
(Musique)
Christophe Klein
Les communes s’intéressent à ces cimetières, parce que comme c’est des cimetières qui sont souvent à l’écart des bourgs, ils font souvent partie d’un sentier pédestre. Alors je vois, il y a déjà quatre communes qui entretiennent des cimetières dont Bourneau, Pouzauges également, et donc, c’est quand même un cimetière qui est préservé, hein !
Sandrine Gadet
Si vous souhaitez en savoir plus, un livret a été édité. Il dresse l’inventaire d’une quarantaine de cimetières familiaux retrouvés et revient sur le destin tragique des protestants de Vendée.