Les employées saisonnières à Saint Jean de Monts
Notice
Durant la saison estivale, de jeunes vendéennes travaillent à St Jean de Monts. Pendant que les touristes profitent de leurs vacances, elles sont notamment employées en tant que serveuses. Certaines témoignent de l'apport du tourisme dans leur vie.
Éclairage
Eté 1964 en Vendée : deux mondes se côtoient, celui des jeunes rurales en quête d'une vie meilleure, et celui des touristes, citadins en mal de repos. Les deux mondes commencent à se mêler, mais timidement.
A cette date, la France dans son ensemble bascule progressivement dans la société de consommation tandis que les congés payés dus au Front populaire en 1936 sont désormais de trois semaines. Les Français qui peuvent partir vont à la mer, leur destination préférée. La saison touristique dure deux mois, guère plus à l'époque mais elle occasionne un travail saisonnier qui est le bienvenu.
Les jeunes rurales sont souvent en surnombre dans l'exploitation familiale et envisagent facilement de travailler hors de celle-ci ; le travail saisonnier leur apporte un salaire complémentaire, des horaires qui leur paraissent moins astreignants que celui de l'agriculture. Plus encore, l'arrivée des vacanciers les sort de la routine, apporte une ouverture à laquelle elles aspirent. La mode, certes, - et on voit que leur coiffure suit les canons de la mode de l'époque -, mais plus encore elles aussi voudraient prendre des vacances un jour. Espérance modeste, mais révélatrice des conditions de vie et de travail du milieu agricole.
Dans les années soixante, si le monde agricole de l'Ouest s'est modernisé (eau courante, électricité), les conditions de travail restent difficiles : pas d'horaires, pas de congés. L'exode rural qui se poursuit en ces années là avait d'abord commencé par les jeunes filles qui voulaient des conditions de vie et de travail décentes et un revenu correct. Entre 1962 et 1968, le nombre d'agriculteurs dans l'Ouest a diminué de moitié ; en partie par départ à la retraite et plus encore par exode rural. Celui-ci est certes nécessaire pour permettre un agrandissement des exploitations mais le départ des jeunes filles remet en question la notion d'exploitation familiale au sens traditionnel et, implicitement, il révèle le souhait de voir leur travail reconnu, de participer elles aussi à la société de consommation qui leur apparaît comme un eldorado.