A Saint Malo, une cité renaît
Notice
Saint Malo, fortement endommagée durant la guerre, se reconstruit peu à peu en respectant son architecture d'origine. Les premiers cars de touristes sont venus en masse découvrir l'embellissement de la cité malouine.
Éclairage
Comme tous les grands ports de la péninsule bretonne, la cité corsaire a connu une forte densité de soldats allemands entre 1940 et 1944. Les opérations libératrices commencées, elle est assiégée deux semaines durant par les Américains et sujette à un pilonnage constant, détruisant habitats, industries, moyens de communication et port.
La reconstruction est non seulement nécessaire, mais urgente. Tandis que les civils n'ont plus de toit, les industries manquent de matières premières et d'énergie électrique. En fait, le département manque de tout pour la reconstruction. L'hiver 1944-1945 est particulièrement rude et les vitres des immeubles encore habitables ont été soufflées par les explosions. Presque tous les habitants de ces immeubles doivent se contenter de calfeutrer leurs fenêtres, ne pouvant empêcher le vent et le froid de pénétrer à l'intérieur des habitats. Et la population citadine ne ressent pratiquement aucune amélioration avant 1946. Cet état de fait entraîne de vives réactions populaires contre les services de la Reconstruction, dirigés par Louis Arretche. A Saint-Malo, la situation est particulièrement dramatique. 6 500 habitants sont sans abri, complètement sinistrés. Certains se relogent à l'extérieur ou dans leur famille. Mais dès le lendemain du siège, 2 200 personnes se présentent à la mairie pour être relogés et le flot se poursuit encore pendant quelques jours. Sur réquisition, les Malouins sont relogés dans des communes voisines, dans des hôtels, pensions et villas habituellement destinées aux estivants. La population sinistrée se heurte aussi à la concurrence des administrations, elles aussi "sans-abri". Or, la zone balnéaire est le cadre privilégié de ce réaménagement administratif. Les revendications des associations de sinistrés aboutissent finalement au printemps 1946 lorsque les administrations s'installent dans une caserne libérée par le départ définitif d'une garnison, mettant ainsi des logements à disposition pour les sinistrés. La situation transitoire des sinistrés malouins dura en réalité plusieurs années, jusqu'au début de la décennie 1950.
Pas plus à Saint-Malo qu'ailleurs, les sinistrés n'ont retrouvé une réplique exacte de ce qui avait été détruit. Toutefois, le maire Guy La Chambre (ancien député d'Ille-et-Vilaine et ancien ministre de l'Air) souhaite une reconstruction aussi proche que possible de l'ancienne ville. Cela aboutit à la reconstitution de l'intra-muros tout en rectifiant quelques ruelles. La reconstruction du port dura 4 ans, sans tenir compte des innovations techniques, de l'accroissement de la taille des navires déjà tangible à cette date, ce qui ne put que nuire au développement ultérieur du port. Pour autant, comparée aux cités modernes hérissées de béton qui renaissent sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale (Le Havre, Royan, Brest, Lorient...), Saint-Malo a retrouvé quant à elle son ancienne physionomie, ses ardoises d'antan et ses habituels vacanciers.