Elevage de poulets fermiers à Loué

28 novembre 1979
03m 57s
Réf. 00159

Notice

Résumé :

L'industrialisation des productions agricoles s'est parfois faite aux dépens de la qualité. Pour remédier à ce phénomène, des labels sont créés. A Loué, l'élevage de poulets fermiers s'est organisé et respecte un cahier des charges très strict.

Type de média :
Date de diffusion :
28 novembre 1979
Source :
TF1 (Collection: TF4 )

Éclairage

Jusque dans les années 60 toutes les fermes de l'Ouest ont élevé quelques poules pour la consommation familiale et pour alimenter le commerce en œufs et volailles que des négociants passaient acheter dans les fermes ou dans les foires. Certains lieux étaient réputés : Rennes pour son "coucou" blanc et noir, Janzé et Loué pour leurs poulets de chair.

A partir des années 1970, l'élevage avicole change de cadre et connaît une grande expansion : les constructions de poulaillers dit "industriels" se multiplient, assurant une forte augmentation des productions de poulets de chair et d'œufs. Toutefois, certains éleveurs vivant le plus souvent dans les régions où l'élevage d'un poulet réputé était solidement implanté ont refusé cette évolution en préférant la qualité à la quantité.

Ce fut le cas à Loué, chef-lieu de canton situé à 30km à l'ouest du Mans. Les gélines de Loué issues de races anciennes réputées, constituent les souches spécifiques à l'élevage des volailles qui sont élevées en liberté selon la charte du bien-être animal, signée par les 1000 éleveurs des volailles fermières de Loué. Les volailles ont toutes accès à des parcours en plein-air et reçoivent une alimentation basée sur plus de 70% de céréales. La qualité de ce type d'élevage a été validée par une certification : le label rouge "Poulet de Loué" qui atteste qu'un produit a des caractéristiques préalablement fixées qui le distinguent des produits courants similaires. Dans les années 60, les poulets de Loué sont donc apparus comme alternative à la production agricole industrielle. Ce fut un succès : ces produits ont séduits les consommateurs lassés des poulets mous et insipides et les éleveurs ont été beaucoup plus à l'abri des crises des prix qu'ont connues les éleveurs industriels.

Toutefois, en 2005, la grippe aviaire qui menace l'Europe met en difficulté l'élevage de volailles en plein-air, façon de faire indispensable pour garder la certification.

Martine Cocaud

Transcription

Commentateur
Quand le bon roi Henri souhaitait la poule au pot pour chaque français, il ne pouvait imaginer que 4 siècles plus tard, cela poserait d'énormes problèmes d'élevage. En effet, aujourd'hui pour subvenir aux besoins des consommateurs français, il a fallu agrandir les poulaillers, intensifier l'alimentation, normaliser les races, bref produire des poulets comme on produit des voitures ou des savonnettes. Cela a donné les fameux poulets industriels aux muscles mous, à la chair fade, aux os caoutchouteux. Pour réagir contre cette médiocrité, plusieurs syndicats d'éleveurs ont mis au point des techniques d'élevage rationnelles qui sauvegardent la qualité des volatiles. A Loué par exemple, près du Mans, on produit 5 millions de poulets fermiers par an.
Journaliste
M. Vaugarny, les poulets de Loué, la volaille de Loué a un label de poulet fermier. Quand on voit les élevages, on a plutôt l'impression qu'il s'agit de poulets industriels. A moins que vous nous expliquiez la différence.
M. Vaugarny
Alors le poulet industriel est élevé dans, par grandes unités. Actuellement, la taille des poulets industriels atteint jusqu'à 10 000, 20 000, 30 000 volailles dans un même bâtiment. Alors que les bâtiments qui reçoivent la volaille de Loué ne dépassent jamais 1000, 2000, 3000 voire 4000 volailles au maximum. L'autre critère essentiel, c'est que d'une part, les volailles de Loué vont dehors, sur les parcours, comme vous pouvez le constater là. Chaque volaille a l'équivalent de 2 mètres carrés et demi de prairie pour s'ébattre pendant plus des trois quarts de sa vie.
(Silence)
M. Vaugarny
La densité dans les productions de volailles de Loué est nettement moins importante que dans les volailles industrielles, elle est de l'ordre du rapport de 1 à 2 à peu près. Dans les poulaillers, y a jamais plus de 10 volailles au mètre carré.
Commentateur
Une des caractéristiques essentielles à Loué, c'est la conception des poulaillers. Chaque bâtiment construit en dur peut abriter 4 000 poulets du même âge dans un local de 400 mètres carrés. Les volailles se nourrissent elles-même à l'aide d'un nourrisseur automatique mais surtout chaque poulet a la possibilité d'entrer et de sortir à tous moments grâce aux trappes d'accès. Tout au long de son élevage, le poulet de Loué aura donc une relative liberté.
M. Lambert
Les volailles de Loué sont abattues entre 13 et 14 semaines alors que la majorité de la production massale de volailles est abattue entre 6 et 8 semaines.
(Silence)
Commentateur
Passé l'âge fatidique de 13 semaines, le poulet de Loué va être retiré de son poulailler et conduit à l'abattoir. A sablé, cet abattoir ultra-moderne traite 9 millions de volailles par an. Le poulet électrocuté dès son entrée dans l'abattoir est ensuite plumé, lavé, ouvert, vidé, emballé avec un minimum de manutention, à la cadence de 4000 à l'heure. Compte tenu du tonnage traité ici, plus de 13 000 tonnes par an, on comprend les soins vigilants des responsables de cet abattoir pour garantir la qualité de leurs produits.
M. Lambert
Sur ces chaînes d'abattage, nous avons plusieurs contrôles, tant sur le plan sanitaire que technique, si vous voulez, à savoir de vérifier le bon état de ces volailles durant les opérations d'abattage. Sur ces chaînes, nous avons deux préposés vétérinaires qui contrôlent en permanence le bon état de ces dites volailles et nous avons également un contrôle au niveau de l'habillage des poulets, c'est-à-dire que, tous les poulets de Loué ne sont pas systématiquement labellisés. On déclasse à peu près 10% des poulets sur les chaînes parce que ces volailles ne correspondent pas à ce qu'on en attend, ne méritent pas le label. C'est la raison pour laquelle, toutes les volailles de Loué ne sont pas systématiquement labellisées.
Commentateur
Le label «Poulet fermier de Loué», c'est en quelque sorte l'équivalent d'un haut de gamme pour l'industrie, d'un grand millésime pour le vin. Dès qu'un défaut apparaît, on déclasse, une volaille trop grasse, pas assez musclée ou simplement blessée, griffée, est éliminée du cadre du label. Ce label «Qualité France» interdit aussi aux éleveurs de gonfler anormalement leurs volailles à l'aide de produits pharmaceutiques tels que les antibiotiques, par exemple.