Les ex-voto à Cancale
Notice
A la chapelle Notre Dame du Verger, les terre-neuvas cancalais se mettaient sous la protection de la Vierge, en lui offrant des ex-voto. Cette demande de grâce ou de remerciement perdure encore aujourd'hui. La foi en la Vierge reste vivace.
Éclairage
Ce document met en scène la mémoire des terre-neuvas bretons. Cette pêche a disparu depuis les années 50 mais elle a durablement marqué les esprits des habitants de la côte nord, tant par l'activité qu'elle engendrait dans les ports que par le rythme de vie qu'elle imposait aux pêcheurs.
Au XVIe siècle, la découverte "des terres neuves" et de l'abondance de poissons que les marins y ont trouvés marque le début d'une formidable poussée dans l'Atlantique du Nord-Ouest qui durera jusqu'au XXe siècle. Les morutiers de France – des goélettes au XVIIIe et XIXe siècle, des chalutiers à vapeur au XXe - partaient au début du printemps pour arriver sur Terre-Neuve hors des glaces.
Deux techniques ont été employées : la pêche à la morue sèche ou pêche sédentaire, qui se faisait sur des chaloupes le long des côtes. Le poisson était alors débarqué tous les soirs sur la terre, afin d'être salé et mis à sécher ; et la pêche verte ou pêche errante - qui s'est imposée par la suite - se faisait à la ligne à partir de petits doris embarqués le temps du voyage sur le navire. Le poisson restait sur le bateau ou était porté à sécher dans des pêcheries.
Si au XVIIIe siècle, Le Havre , Fécamp, les Sables d'Olonne, La Rochelle, Le Havre et Bordeaux ont une belle activité morutière, au XIXe siècle ce sont les ports de la Manche qui prédominent : Dunkerque, Boulogne, Dieppe mais aussi Saint-Brieuc, Binic, Paimpol (pour l'Islande) et Cancale. Ce dernier port débute son activité tardivement mais entre 1885 et 1900 il verra partir 147 morutiers pour Terre-Neuve. L'activité cessera avant la Seconde Guerre mondiale. Entre les tempêtes, les brouillards et la proximité de la glace, cette pêche se révélait extrêmement dangereuse ; elle trouvait cependant toujours de la main d'œuvre car elle représentait un complément au travail de la terre pour une population rurale trop nombreuse. Cette activité a donc largement contribué à transformer les paysans bretons en pêcheurs puis plus tard en marins professionnels sillonnant, pour le commerce ou la "royale", tous les océans.
De nombreux pardons, fêtes et festivals rappellent cette dure aventure des mers, qui a été largement mythifiée par la littérature écrite et orale. Un pardon de la mer a encore lieu à Cancale chaque mois d'août.
Bibliographie :
- Robert de Loture, Histoire de la grande pêche de Terre-Neuve, Gallimard, 1949.