Messe en langue bretonne dans les Côtes du Nord
Notice
Le Concile Vatican II officialise l'usage des langues régionales lors des offices. Le Recteur Le Floch, prêtre à Louannec, emploie le breton durant les messes et les cérémonies religieuses telles que les mariages ou les enterrements.
Éclairage
L'usage de la langue bretonne par le clergé était ancien et son emploi pour le catéchisme avait fait l'objet de longues luttes entre les autorités républicaines et les autorités religieuses, du Finistère surtout. Dans les années 1950-1960, dans les régions rurales bretonnantes, les prêtres utilisaient le breton lors de la messe pour le sermon et les cantiques.
La nouveauté est que la partie de la messe jusque-là dite en latin, est dite désormais en breton. La chasuble du prêtre n'est plus bordée d'or mais blanche avec un motif symbolique, ici une broderie bretonne. La Bretagne applique les réformes du Concile qui vise à rendre plus sobre les cérémonies religieuses.
L'annonce en janvier 1959, par le nouveau pape Jean XXIII, de la convocation d'un Concile œcuménique est un véritable choc. Connu sous le nom de Vatican II, il se tient du 11 octobre 1962 au 8 décembre 1965 (sous l'égide de Jean XXIII, puis de son successeur Paul VI). Cette réunion extraordinaire, la vingt-et-unième du genre dans l'histoire ecclésiastique de l'Occident, réunit plus de 2 500 pères conciliaires venus du monde entier.
Cet aggiornamento - ou "mise à jour" - rompt avec les décennies précédentes : l'Eglise, alors, sanctionnait tout ce qui était soupçonné de modernisme, puis de progressisme. L'objectif du Concile est ainsi défini par le pape : il ne s'agit pas de combattre une erreur ou de condamner une hérésie, mais de pousser l'Église à une réflexion sur elle-même, à un retour aux sources de la foi, pour lui permettre d'engager un dialogue fructueux avec son temps.
Outre une ouverture au-delà du catholicisme (avec les chrétiens, non-chrétiens, non-croyants), Vatican II tente également une refonte de ses propres règles. Celle-ci se traduit par une modification liturgique dans le sens d'un rapprochement entre les clercs et les laïcs : les prêtres ne doivent plus tourner le dos aux fidèles lors de la messe, ils doivent quitter leur soutane pour se fondre dans dans la société. Et surtout, il y a un abandon de la messe en latin au bénéfice des langues vernaculaires, c'est-à-dire parlées par les fidèles.
Les effets au quotidien semblent importants : la messe est profondément changée ; il existe un meilleur dialogue entre les prêtres et les fidèles. Paradoxalement, la pratique religieuse s'effondre littéralement, l'unique cause n'étant pas Vatican II puisque la déchristianisation a commencé bien avant. Quels sont les échos de ce Concile en Bretagne ? Dans les années 1950/1960, face à une masse de fidèles passifs, dans le cadre des mouvements d'Action catholique, se développe tout un courant de militants, prêtres et laïcs, porteur de renouveau. Avec le Concile de Vatican II, c'est toute l'Église qui est concernée et invitée à suivre la même voie, à renouveler les pratiques religieuses, à ouvrir l'Église au monde.
En Bretagne à la fin du Concile, la pratique religieuse, qui pouvait dépasser 80% dans les campagnes mais était de 25 à 30% dans les villes pendant les années 1950, diminue considérablement. Ce déclin paraît d'autant plus spectaculaire que l'on avait affaire à une région de forte pratique religieuse jusqu'à cette période. En Bretagne, comme ailleurs et peut-être plus qu'ailleurs, l'Église, la communauté des fidèles ont été secouées par les transformations nées du concile de Vatican II qui a tenté, avec des réformes internes, de véritablement séculariser l'Église, de l'ancrer dans son temps.