La CUMA

11 mars 1977
03m 07s
Réf. 00265

Notice

Résumé :

Des agriculteurs finistériens se sont réunis afin d'acheter en commun du matériel agricole. Les adhérents de la CUMA (coopérative d'utilisation du matériel agricole) de Saint Allare expliquent le fonctionnement et les avantages de ce groupement.

Date de diffusion :
11 mars 1977
Source :
TF1 (Collection: IT1 13H )

Éclairage

Qu'est ce qu'une CUMA ? L'acronyme cache une Coopérative d'Utilisation de Matériel Agricole en commun, organisation phare de l'agriculture de groupe si florissante en Bretagne dans les années 60-70.

En 1945, dans l'esprit de la reconstruction, l'Union Nationale des Cuma est créée. Les Cuma, qui doivent permettre l'obtention de matériel agricole - dont les tracteurs américains - se propagent alors très rapidement dans le pays (en 1949, 8000 Cuma et coopératives de battage et service). Toutefois ce mouvement semble très fragile, sans doute parce qu'il a été bâti dans l'urgence volontariste d'après-guerre, sans reposer sur l'engagement de la base agricole. Aussi un grand nombre de CUMA est-il dissout dès les années 50.

A partir de 1954, avec l'aide des pouvoirs publics, les Cuma vont se réorganiser sur de nouvelles bases. Une organisation fédérale se met en place : La FNCUMA qui est la tête du groupe. Peu après les FRCUMA sont créées et 84 fédérations départementales se partagent l'espace national en 1964. Ces dernières s'organisent, se structurent et embauchent progressivement des conseillers en machinisme, des animateurs, des comptables. Dans les années 70, l'organisation est fortement marquée par la volonté de laisser aux agriculteurs le pouvoir de décision, et par la méfiance face aux groupes ou aux coopératives capitalistes. La priorité est la mécanisation. Quel que soit le capital investi, chaque homme vaut une voix face à l'outil partagé et à la décision à prendre.

En 1966, il ne reste plus que 79 Cuma de la première vague mais 900 nouvelles ont été créées de 1957 à 1966. Leurs 12 000 adhérents représentent alors environ 7 à 8% des agriculteurs bretons. Le nombre de Cuma se stabilise à la fin des années 70.

Les années qui suivent vont être défavorables au mouvement CUMA pour de multiples raisons : l'augmentation de la production qui implique une relance de la mécanisation (gros tracteurs pour ensilage) devient l'objectif premier de tous les producteurs. Certains craignent alors que les Cuma ne puissent pas faire face aux besoins. Nombre de cumistes suppriment leur adhésion pour se tourner vers d'autres solutions : la co-propriété, l'entreprise de matériels agricoles etc... Toutefois, en Ille-et-Vilaine, le mouvement perdure mieux qu'ailleurs puisque l'on compte 209 Cuma en 1978, 237 en 2000 (6 000 cumistes). Cette résistance au temps, aux évolutions techniques et économiques est à mettre en rapport avec les formes de la modernisation souhaitées par les agriculteurs de l'Ouest.

Outre l'intérêt de montrer la vie d'une CUMA, au jour le jour, ces témoignages d'hommes et de femmes convaincus nous rappellent que le milieu agricole, souvent taxé d'individualisme, semble paradoxalement avoir beaucoup réfléchi aux configurations modernes de la solidarité et avoir été très loin dans la mise en application de leurs démarches.

Bibliographie :

- Denis Lefèvre, A l'ombre des machines, Les CUMA, 50 ans de solidarités locales, ed Entraid', 1996.

- Martine Cocaud, "Un cadre associatif pour l'innovation technique dans les campagnes bretonnes", ABPO, 2001, n°3.

- Martine Cocaud, "Un modèle de solidarité du monde agricole d'après-guerre : le mouvement des CUMA", Sociabilités et politique en milieu rural, 2007.

Martine Cocaud

Transcription

Jean-François Robinet
Il était une fois aux alentours de Plouarzel, dans le nord Finistère, un groupe d'agriculteurs dont les préoccupations étaient les mêmes : Produire de la manière la plus rationnelle possible. Ils ont commencé par se réunir pour évoquer leurs problèmes, puis par rechercher des solutions. Et un beau jour est née la coopérative d'utilisation du matériel agricole de Saint-Allard.
Agriculteur 1
Dans les années 70, vers 1970 donc, le maïs avait fait son apparition, et nos machines qui commençaient donc à avoir un petit peu d'âge, et il y avait des problèmes d'usure, on s'est aperçu qu'il fallait absolument les changer. Alors on s'est retrouvé ensemble, on a vu la question de très près, et on a pensé tout de suite vendre nos petites machines qu'on possédait, pour acheter une grosse machine, mais tout en mettant les deux groupes en même temps.
Agriculteur 2
Actuellement, nous sommes à dix-huit adhérents. La tranche d'âge va de vingt et un ans à cinquante-trois ans, avec une moyenne d'âge de quarante-deux ans. La CUMA couvre une surface de quatre cent vingt-trois hectares de surface agricole utile, cela fait une moyenne de vingt-trois hectares par exploitation.
Agriculteur 1
Pour gérer le matériel, ça se présente comme ci, il y a des petits carnets de bord au niveau de chaque machine, carnets de bord qui sont donc mis à jour régulièrement par ceux qui utilisent la machine.
Agricultrice
Je fais les relevés des carnets de bord, je totalise par adhérent le nombre d'heures par exemple pour un tracteur, et ensuite je multiplie par le chiffre qui est fixé pour ... Et je réalise la facture.
Jean-François Robinet
Et vous l'envoyez à chacun ?
Agricultrice
Oui.
Jean-François Robinet
Il n'y a jamais contestation ?
Agricultrice
Non.
Agriculteur 3
Au point de vue avantages fiscaux, vraiment par rapport à l'individuel il n'y en a pas tellement. Le fait d'être en CUMA maintenant, je crois que vis-à-vis des crédits agricoles, on aura aussi des prêts à taux bonifié, donc ce sera quand même de ce côté-là un avantage.
Jean-François Robinet
Ca c'est nouveau ?
Agriculteur 3
C'est nouveau oui.
Jean-François Robinet
Est-ce que le fait d'appartenir à un groupement agricole, qu'il soit une communauté, en somme vous enlève une part de votre individualité ?
Agriculteur 4
Non, je ne pense pas, pas dans la CUMA. De toute façon, la CUMA, c'est une aide matérielle. Nous, on garde toujours notre exploitation, notre tracteur, notre ferme, nos bêtes.
Agricultrice 2
Les hommes sont beaucoup plus souvent à la maison, on a le mari pour les soins des bêtes.
Jean-François Robinet
Et est-ce que ça va plus loin alors que l'utilisation du matériel ?
Agricultrice
Oui, il y a certainement l'amitié par exemple entre les agriculteurs, la connaissance entre nous. On se rencontre pour les voyages, les sorties entre nous.
Jean-François Robinet
Des aides au un point de vue travail, vous me citiez un exemple ?
Agriculteur 5
Moi, je me suis cassé une jambe, c'était en août, et c'était juste le moment de rentrer le maïs quoi. Enfin, sans que je soie là, tout le maïs a été rentré dans des conditions normales.
Jean-François Robinet
Un exemple qui n'est pas unique certes, mais dont la réussite méritait d'être rapportée. D'autant que l'entente de ces familles dure maintenant depuis plusieurs années. C'est la raison du choix des responsables du Salon de la machine agricole qui ont décerné l'un de leurs deux grands prix 77 à ce groupe.
Intervenant
Alors bon courage et continuez !