Le phare des Pierres Noires

21 août 1946
01m 36s
Réf. 00405

Notice

Résumé :

Les phares des côtes françaises retrouvent la lumière. Le phare des Pierres Noires, au large des côtes bretonnes, est le dernier a être rallumé. Son gardien reprend durant vingt jours ses fonctions de sentinelle des mers.

Date de diffusion :
21 août 1946
Source :

Éclairage

Le phare des Pierres Noires est un phare maritime du Finistère situé sur la commune du Conquet et qui appartient à l'Etat Français. Sa situation de pleine mer au large de la pointe Saint-Mathieu et le danger qu'impliquent les relèves font du phare des Pierres Noires un de ceux que les gardiens classent, dans la hiérarchie des phares, parmi "les enfers". Sa construction est imaginée dans les années 1855-1860, en même temps que, sous le règne de Napoléon III, l'idée de faire de Brest un grand port transatlantique. Le phare est donc nécessaire pour accompagner cette volonté de sécuriser l'accès des bateaux de certains plateaux dangereux comme celui des Pierres-Noires à la conaluence de l'Océan Atlantique et de la Manche. Sa construction débute en 1867 et s'achève en 1871, après de nombreuses hésitations car la roche du Diamant, choisie initialement comme emplacement du phare, était trop difficile d'accès et trop dangereuse pour y mener des travaux. C'est donc finalement sur la Grande Pierre Noire que le phare est construit.

A l'époque, son architecture est innovante. En effet il est le premier phare de mer à ne pas utiliser la technique de la base évasée. Il est donc facilement reconnaissable par sa forme tronconique et sa ressemblance avec une tour médiévale, une architecture pensée pour que la tour de 28 mètres de haut soit la plus sécurisante possible. Ceci explique que le diamètre et la densité de sa base soit bien plus importants que celle des phares construits à cette époque. Le phare est d'autant plus reconnaissable qu'en 1910, il fut peint en blanc jusqu'à mi-hauteur et rouge jusqu'au sommet, afin d'améliorer sa visibilité.

Comme de nombreux autres phares, celui des Pierres Noires a connu plusieurs évènements tragiques au cours de son histoire. Malgré les efforts consentis au cours de sa construction, on dénombre tout de même deux naufrages sur les Pierres Noires : le Queen of colonies et le Ville de Bilbao qui viennent s'y abîmer en janvier et septembre 1875. Enfin le 18 septembre 1965 un des gardiens en poste tombe du phare et se noie malgré les efforts du deuxième gardien et des bateaux venus tenter de le secourir.

Classé à l'inventaire général du patrimoine culturel, le phare des Pierres Noires fonctionne à l'électricité depuis 1984 ; en 1992, le départ de son dernier gardien, Jakez Riou, a sonné l'heure de l'automatisation. Aujourd'hui le phare est télécontrôlé à partir du phare de Créac'h situé à Ouessant.

Frédéric Martin

Transcription

(Musique)
Commentateur
La guerre les avait éteints. La paix les rallume. L'un après l'autre, les phares des côtes françaises ont retrouvé leur tranquille appel lumineux et les gardiens de phare, les obscurs veilleurs d'océan, ont recommencé de s'embarquer tous les 20 jours pour leur faction solitaire, où ils auront pour seul compagnon un chien, un songe et le vent de la mer. Le dernier, le phare des Pierres Noires s'est rallumé. Notre reporter a accompagné la première relève à travers les 18 kilomètres de mer qui séparent son îlot sauvage de la côte bretonne. Inaccessible par mer houleuse, le phare des Pierres Noires ne peut être ravitaillé, la plupart du temps, que par un va-et-vient installé sur un rocher proche. L'un arrive, l'autre s'en va. Pendant 20 jours, celui-là va vivre à l'écart des hommes, entre le ciel et l'eau, sentinelle isolée à l'extrême occident de l'Europe, et sur qui pèse le destin des navires.
(Musique)
Commentateur
Un feu sur l'océan. Pendant 20 jours, cette énorme lanterne sera l'unique soin sinon l'unique pensée. Et c'est peut-être le plus beau signe de la paix revenue que les hommes, à nouveau, passent par-dessus les flots de grands gestes de lumière.
(Musique)