La maison-musée de Saint-Just à Blérencourt
Notice
Découverte de la maison de Saint-Just à Blérancourt. Sa demeure est devenue un musée moderne et interactif. Rappel biographique avec Hervé Paturé : des études au collège des oratoriens à Soissons, à 25 ans il est élu député de l'Aisne à la Convention. Il devient proche de Robespierre et intègre le Comité de Salut public. Il se montre impitoyable avec les ennemis de la jeune République on le surnomme " l'archange de la terreur". Il est guillotiné en 1794. Elisabeth Dieval, présidente de l'Office de tourisme de Blérancourt, présente les nouveaux aménagements de ce musée.
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Éclairage
Le département de l'Aisne vit naître plusieurs personnalités de la Révolution française : Condorcet est né à Ribemont le 17 septembre 1743, Camille Desmoulins à Guise le 2 mars 1760, Gracchus Babeuf à Saint-Quentin le 23 novembre 1760. Si Louis-Antoine de Saint-Just est né à Decize, dans la Nièvre, le 25 août 1767, son nom va être associé au village de Blérancourt. En effet, son père Louis-Jean, d'une famille originaire de Nampcel, commune aux confins de l'Oise et de l'Aisne, revint en 1776 en Picardie et acheta à Blérancourt, rue des Chouettes, une maison qui avait été bâtie à partir de 1750.
L'acte de vente du 17 octobre 1776 la décrit ainsi : "Une maison consistant en cuisine deux chambres à côté, vestibule, trois chambres à la gauche d'iceluy en entrant grenier au-dessus desdits bâtiments, pavillons servant de bûcher et de grange deux caves sous les bâtiments de ladite maison, petit caveau voûté en pierres attenant de la cuisine, halle à la suite, le tout couvert en thuilles, petit collombier pratiqué dans le grenier sur le devant de la ditte maison"(1).
Louis-Antoine, dont le père meurt en septembre 1777, partage pendant quelques années la vie et l'éducation des jeunes Blérancourtois, avant que sa mère ne l'envoie au collège des Oratoriens à Soissons, probablement à partir de 1779.
Après avoir fui le domicile maternel pour se rendre à Paris à la suite d'une dispute, il est interné dans une pension-détention, rue de Picpus, de septembre 1786 à mars 1787, à la suite d'une lettre de cachet obtenue contre lui par sa mère. Devenu ensuite clerc auprès de maître Dubois, procureur de Soissons, il semble qu'il s'inscrit en octobre 1787 à la Faculté de droit de Reims avant de rentrer l'année suivante à Blérancourt où il séjourne jusqu'en septembre 1792 et où il vit les débuts de la Révolution.
Membre de la Garde nationale de Blérancourt, il représente le canton dans des cérémonies régionales ou nationales. Il est envoyé à la fête de la Fédération à Paris le 14 juillet 1790. Un an plus tard, au moment de la fuite de Louis XVI, il est du contingent du district de Chauny, le 24 juin 1791, appelé à se rassembler à Soissons, mais la mesure est rapportée le 25 après l'arrestation du souverain à Varennes. Pendant plus de deux ans, il s'exerce au commandement de plus de 200 hommes (2). Après divers échecs politiques, notamment pour accéder à la Législative, Saint-Just est élu en septembre 1792 à la Convention. Ainsi se termine un séjour de près de trois années à Blérancourt, puisqu'il gagne Paris le 18 septembre.
Il est élu président du Club des Jacobins le 24 décembre et, le 10 juillet 1793, est élu au Comité de salut public. Il se fait remarquer par la violence de ses interventions. Aux Jacobins, il exige « le développement du système d'oppression » et la dénonciation de « tous les traîtres ». A la Convention, il demande la tête du roi, des sanctions contre les Girondins et l'instauration d'un gouvernement révolutionnaire privant les citoyens de protections constitutionnelles.
Organisateur de la Terreur, il décide notamment l'incarcération de tous les nobles domiciliés dans les départements du Pas-de-Calais, du Nord, de la Somme et de l'Aisne le 4 février 1794. Il effectue plusieurs missions militaires en 1793-1794. Arrêté en même temps que Robespierre le 9 thermidor (27 juillet 1794), il est exécuté le lendemain, à l'âge de vingt-six ans.
La maison de Saint-Just avait traversé les années. Bernard Vinot, biographe du révolutionnaire, la décrivait en ces termes en 1985 : « Aujourd'hui l'une des plus anciennes maisons du bourg, elle a conservé sa toiture de tuiles plates et elle est caractéristique de l'habitat dans cette région du milieu du XVIIIe siècle. L'ensemble, en forme de U composite, est bâti en pierre friables extraites des carrières voisines de Vassens. Des ancrages assurent une solide liaison avec la charpente. Comme il était d'usage dans la région, l'un des pignons est flanqué d'une cheminée, l'autre est à ressauts ou sauts de moineaux. Un très sobre bandeau, soulignant par endroits le niveau du grenier, en constitue la seule décoration extérieure » (3). Comme le montre le reportage, une plaque avait été apposée le 13 juillet 1930 par le consortium des coopératives de reconstruction du bas canton de Coucy-le-Château.
L'état de la maison s'était considérablement dégradé au cours du XXe siècle, ce qui justifia la création, le 30 septembre 1985, de l'Association pour la Maison de Saint-Just, à l'initiative de Bernard Vinot. La maison, inscrite aux monuments historiques en 1987, rachetée par la commune de Blérancourt en 1989, avait été aménagée en musée, ouvert en 1996. Celui-ci subit une rénovation de 2008 à 2010, avec l'emploi d'écrans tactiles dans la muséographie. C'est à cette occasion que le reportage a été diffusé.
La maison et le musée ont partiellement été détruits par un incendie en juin 2012. Des travaux de restauration sont prévus à la fin de l'année 2013.
(1) Bernard Vinot, Saint-Just, Paris, Fayard, 1985, p. 27.
(2) Ibid., p. 91.
(3) Ibid., p. 28.