La villa gallo-romaine de Séviac
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Paulette Aragon Launet, membre de la société archéologique du Gers, nous emmène à la découverte de la villa gallo-romaine de Séviac. Elle donne des explications sur l’agencement de la villa et des thermes, et s’attarde sur les mosaïques qui constituent la grande richesse du site. Paulette Aragon Launet réalise des fouilles à Séviac depuis 30 ans, un travail en cours qui est loin d’être achevé.
Date de publication du document :
14 sept. 2021
Date de diffusion :
05 mars 1992
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Contexte historique
ParIngénieure d'études au Service régional d'archéologie Occitanie
Publication : 14 sept. 2021
Dans l’Antiquité, deux types de demeures privées coexistent : la domus, près du centre politique, économique, social et religieux d’une cité, et la villa. Cet établissement rural, ou plutôt suburbain, se divise généralement en une pars urbana – la résidence du propriétaire – et la pars rustica, qui comprend les bâtiments nécessaires au fonctionnement du domaine agricole. La partie résidentielle comporte en général des espaces « communs » – par opposition à ceux plus strictement privés – permettant au maître de maison, le dominus, de recevoir ses clients et ses dépendants.
Columelle, agronome romain du Ier siècle de notre ère, considérait qu’un notable devait pouvoir accéder à son domaine en une journée tout au plus depuis la ville : la villa de Séviac, à moins de quinze kilomètres d’Eauze, suit ces préceptes. Situé sur l’actuelle commune de Montréal-du-Gers, au nord du hameau de Séviac, l’établissement surplombe la vallée. C’est probablement la construction d’une ferme, encore présente sur le site, qui a permis les premières découvertes de vestiges dans la seconde moitié du XIXe siècle. Des sondages sont réalisés en 1868 par l’abbé Monnier, dont les résultats sont publiés vingt ans plus tard par l’abbé Breuils dans la Revue de Gascogne : ce ne sont, dans un premier temps, que les mosaïques qui suscitent l’intérêt. Quelque peu oubliées, elles sont « redécouvertes » au début du XXe siècle : le docteur Odilon Lannelongue, professeur de la faculté de médecine de Paris, finance alors des fouilles et une partie de la villa est dégagée.
À la fin des années 1950, Paulette Aragon-Launet, membre de la Société archéologique du Gers, retrouve le site dont son père lui a tant parlé. Sous sa direction, les recherches reprennent : pendant trente ans, des campagnes annuelles auxquelles participent de nombreux bénévoles, dont des étudiants, mettent au jour la villa. L’équipe de cette fouille programmée a dû faire face au décès de deux de ses protagonistes principaux : Hervé Rivière, en 1990, et Paulette Aragon-Launet, en 1992.
À la charnière de notre ère, un ensemble composé d’une demeure, d’un bâtiment thermal et d’un petit édifice funéraire, rapidement complétés par un chai, est édifié. Notablement agrandi au milieu du IVe siècle, il est presque intégralement reconstruit après 360 : une nouvelle villa, beaucoup plus vaste (6 000 m2) et somptueusement décorée de marbres et de mosaïques, voit le jour. Au tournant du Ve siècle, de nouvelles pièces sont dotées de mosaïques et une galerie ouvrant sur le paysage est créée. Peu après, des travaux renforcent son caractère ostentatoire : un vaste espace de près de 250 m2, dans lequel a été découverte la fameuse mosaïque dite « aux arbres », véritable emblème de Séviac, est aménagé. Vers la fin du Ve siècle, la villa entre dans une nouvelle ère : un baptistère est aménagé dans ses murs. Au VIe siècle, la demeure est réduite au tiers de sa superficie mais conserve son caractère de résidence aristocratique. Une petite église est accolée au baptistère. Au VIIe siècle, quelques maisons sont construites dans les ruines, tandis qu’une tombe privilégiée est implantée dans le baptistère, désaffecté, et qu’une seconde église est édifiée à proximité. Après un incendie qui, vers 670, détruit les maisons, le baptistère et la première église, l’occupation n’est plus, pour l’essentiel, que funéraire, les habitants s’étant installés à moins de 200 mètres au sud-est.
La villa de Séviac, aménagée au cœur d’un important domaine agricole et viticole, est l’une des plus vastes découvertes dans le sud-ouest de la Gaule. Elle se distingue surtout par son exceptionnel ensemble de mosaïques, qui ne constitue vraisemblablement qu’une partie du décor originel. Elles sont majoritairement composées de motifs géométriques et floraux polychromes, représentatifs de la production stylistique de l’École d’Aquitaine, active dans la région entre la seconde moitié du IVe et le Ve siècle. Une partie du site a été classée au titre des Monuments historiques en 1978, puis la protection a été étendue en 2014 à la totalité de la pars urbana tardive. Elle seule a fait l’objet d’une étude archéologique complète : sa pars rustica et une partie de la demeure du Haut-Empire restent encore à étudier. Propriété communale administrée par le SIVU ELUSA Capitale antique, le site est placé sous la gestion scientifique de la Conservation départementale du patrimoine et des musées du Gers. À l’issue de grands travaux de mise en valeur du site et de restauration des mosaïques, la villa de Séviac rouvre ses portes en 2018.
Paulette Aragon-Launet a régulièrement publié, entre 1959 et 1983, des comptes rendus sur l’avancée des opérations de fouille dans le Bulletin de la Société archéologique du Gers.
Bibliographie
- Brieuc Fages, « La villa gallo-romaine de Séviac », Bordeaux, Aquitania, à paraître.
- Jacques Lapart, « Premières fouilles et premières découvertes sur le site de Séviac à Montréal-du-Gers à la fin du XIXe siècle », Bulletin de la Société archéologique du Gers, 1994, p.13-34.
- Raymond Monturet, Hervé Rivière, « Les thermes sud de la villa gallo-romaine de Séviac », Bordeaux, Aquitania, 1986.
- Elusa, capitale antique [en ligne]. Agence Otidea. Disponible sur https://www.elusa.fr / [consulté le 25 mars 2021].
Transcription
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