L'abbaye de Flaran
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Résumé
Ce reportage est consacré à l’abbaye de Flaran située dans le nord du Gers. L’abbaye, fondée en 1151, est l’une des mieux préservées de la région. Marie-Claude Maquart, guide-interprète, raconte la vie des moines cisterciens du XIIe siècle à travers une visite de l’abbaye et de ses jardins. Ce monument ouvert au public a su évoluer avec son temps.
Date de publication du document :
14 sept. 2021
Date de diffusion :
08 juil. 2015
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Contexte historique
ParConservateur délégué des antiquités et objets d’art du Gers
Publication : 14 sept. 2021
Le temps d’un reportage, l’abbaye de Flaran est mise en avant. C’est l’un des rares ensembles monastiques encore en élévation dans le Sud-Ouest.
Ce vaste ensemble est fondé en 1151, à l’époque où la France se recouvrait d’un blanc manteau d’église
et – pourrions-nous ajouter – d’abbayes. La dizaine de moines installés à Flaran sont rattachés à l’ordre cistercien dont l’abbaye-mère se trouve alors à Cîteaux. Cet ordre prôné et défendu par Bernard de Clairvaux entend régir le quotidien des moines par la prière et la dévotion. En architecture, ses abbayes se distinguent par un grand dépouillement qui traduit la règle bénédictine dans l’espace. Leur plan est bâti sur des considérations fonctionnelles, liées aux aménagements hydrauliques, à la lumière et aux matériaux disponibles dans la région, tout en respectant les recommandations de Bernard de Clairvaux définissant les bâtiments nécessaires pour servir Dieu selon la règle : l'oratoire, le réfectoire, le dortoir, l'hôtellerie et la porterie.
Les exigences architecturales de l’ordre cistercien viennent en contradiction de celles prônées par l’ordre clunisien, dont les prieurés de Mouchan et Saint-Orens d’Auch dépendent. Émanant du puissant monastère de Cluny, cet ordre s’attache en effet à enrichir et embellir toujours plus les églises et les sites monastiques de peintures, sculptures et autres décors, en rapport constant avec des scènes de la Bible.
L’ensemble conventuel de Flaran est donc constitué d’un cloître, « cœur » de l’abbaye, scandé par des arcades gothiques, qui conduit à l’église vouée à Notre-Dame de Flaran. Cet édifice en pierre de la région se caractérise par sa sobriété. Pour éviter que l’attention des moines soit détournée, les pierres sont totalement nues de scènes, de personnages ou d’autres motifs bibliques, à l’exception notable de signes lapidaires, laissés par les tailleurs de pierre au Moyen Âge. Ces signes constituent leur signature et leur permettent de percevoir leur salaire. Cette église de style roman, massive, peu haute et éclairée par de rares petites baies vitrées, est constituée d’un chevet doté d’une abside flanquée de part et d’autres de deux absidioles. Dans ce même édifice, s’élève « l’escalier des matines » reliant l’église au dortoir. Il est emprunté par les moines, notamment la nuit, pour assister à l’office des vigiles, à 2h30 du matin. Le dortoir est traversé par un long couloir communiquant avec les cellules des moines et les appartements privés de l’abbé. Au rez-de-chaussée, le cloître permet de desservir la cuisine, le réfectoire et la salle capitulaire, où se retrouvent l’ensemble des moines de l’abbaye qui débattent des affaires de la communauté. Dans cette salle, voûtée de croisées d’ogives, seul le père-abbé a la parole et autorise un ou plusieurs moines à intervenir s’ils en font la demande : ils ont alors voix au chapitre. Enfin, le jardin de l’abbaye sert à cultiver plantes potagères et médicinales. Les moines, hommes de savoir, connaissent le secret des plantes qui permet de soigner les maux du corps humain.
En 1914, par l’entremise et l’influence bienfaitrice de Philippe Lauzun, président de la Société archéologique du Gers et natif de Valence-sur-Baïse (commune dont dépend l’abbaye de Flaran), le site monastique est classé au titre des Monuments historiques pour éviter son démantèlement et son intégration au musée des Cloisters de New York.
En 1970, un incendie criminel met en péril l’abbaye avant qu’elle ne soit rachetée, en 1972, par le Conseil général du Gers qui engage alors une importante campagne de restauration.
Aujourd’hui, l’abbaye de Flaran, toujours propriété du Département du Gers, est ouverte aux visiteurs qui peuvent découvrir l’organisation du site et ses différentes salles et pièces. Siège de la Conservation départementale du Patrimoine, l’abbaye est dépositaire de la collection Mickaël Simonow qui rassemble une centaine d'œuvres du XVIIe au XXe siècle (Ronda, Monet, Steer, Courbet) présentée au public dans le cadre d’expositions.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Nicolas Albrand
Ils sont là, les juillettistes et ils ont commencé à visiter la région.Quinze millions de touristes chaque année en Midi-Pyrénées, parmi les lieux les plus fréquentés, les grands sites, et c’est notre feuilleton de la semaine.Parmi les vingt-cinq grands sites, les moins connus, on trouve la très belle abbaye de Flaran, dans le Gers.Un reportage de Christine Ravier et Jack Levé.
Christine Ravier
Avec ces nombreux bâtiments monastiques, son cloître, ses jardins, l’abbaye de Flaran est l’une des mieux préservées du Sud-Ouest.Fondée en 1151, elle témoigne à la perfection de ce que pouvait être la vie des moines cisterciens dès le XIIe siècle.
Marie-Claude Maquart
Il y a eu des générations et des générations de moines.Lorsque nous sommes au mois de novembre, qu’il y a du brouillard,là, on sent une présence très forte et on peut essayer de comprendre la vie austère qu’ils devaient mener.
Christine Ravier
Marie-Claude Maquart est guide depuis 8 ans à l’abbaye.Elle a apprivoisé, selon ses mots, le lieu et ses habitants d’un autre temps.Les moines cisterciens inspirés de l’orthodoxie catholique, proposaient de revenir à la pureté de la règle instaurée par Saint Benoît.Une règle fondée sur la prière et l’étude des textes évangéliques.
Marie-Claude Maquart
C’est l’escalier des matines qu’empruntaient les moines lorsqu’ils se levaient la nuit pour l’office des vigiles, à deux heures trente du matin, en hiver.Il faisait froid. Il fallait s’arracher de sa paillasse, pas trop bien réveillé, mais réveillé quand même, sinon il y avait une sanction.La foi, à ce moment-là, sûrement, devait les aider ou l’obligation, pour ne pas se faire repérer par le frère circateur et ne pas avoir de sanction par la suite.Qui sait !
Christine Ravier
Le mode de vie des cisterciens puise aux sources de la vie monacale.Silence, pauvreté, travail manuel pour une vie en autarcie.Les jardins ont été reconstitués avec les plantes aromatiques d’autrefois et les mêmes essences d’arbres, comme ce cognassier.
Marie-Claude Maquart
Est-ce qu’ils s'en servaient uniquement du point de vue thérapeutique ? Est-ce que le frère apothicaire concoctait des potions pour soigner les moines ?Ou est-ce que, au moyen de l’utilisation du miel, ils arrivaient aussi à faire des pâtes de coing succulentes ?Bien que cela ne soit pas en accord avec la règle mais peut-être y avait-il, parfois, quelques entorses ?
Christine Ravier
Au fil du temps, le bâtiment évolue.À la Révolution, alors qu’il n’abrite plus que trois religieux et un prieur, il est vendu à un particulier.Les façades sont transformées, les ouvertures romanes côtoient de grandes fenêtres XVIIIe.
Marie-Claude Maquart
L’abbaye a su évoluer au cours des siècles.Et cela est d’autant plus réussi que nous avons dans le dortoir, et surtout maintenant dans l’église, les œuvres d’art de l’époque contemporaine.Donc ça, c’est la réussite de l’intégration de toutes les époques dans un écrin médiéval et rien n’est choquant.
Christine Ravier
Amateurs éclairés et nés au fil de tous âges sont bienvenus à l’abbaye de Flaran.Ici, rien n’a changé, mais tout a changé.L’abbaye est un lieu totalement ouvert sur le monde d’aujourd’hui.
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