Les emplois frontaliers
Notice
La Suisse, suite à la reprise économique, attire de plus en plus des travailleurs français et frontaliers car les salaires sont nettement supérieurs. Mais cette fuite de main d'oeuvre pose un réel problème de recrutement aux entreprises françaises.
- Autres lieux > Europe > Suisse > Genève
- Rhône-Alpes > Haute-Savoie > Annemasse
Éclairage
L'espace transfrontalier avec la Suisse est une particularité structurante de la région Rhône-Alpes, en particulier pour l'Ain et pour la Haute-Savoie dont la main d'œuvre est attirée par l'agglomération genevoise et, de manière moindre par le canton de Vaud et Lausanne dont l'attraction s'exerce plus directement sur les départements du Doubs et du Jura.
Le reportage date de 2001 mais les personnes interviewées, bien que l'euro existe depuis le 1er janvier 1999, comptent toujours en francs français. Cette précision est importante pour comprendre le différentiel qui existe entre les salaires français et les salaires genevois. Ainsi le salarié, un professionnel du bâtiment le dit sans ambages « y-a pas photo ». Il estime son salaire à 5000 F suisses net et il continue « par 4, ça fait 20 à 22 000 francs (français). ». En France, il estime le salaire dans sa profession à 8 à 9000 francs (français). En euros, cela ferait environ 3300 et 1350. Au delà de cette habitude de compter en une monnaie disparue et qui a été le cas lorsque, en France même, on est passé de l'ancien franc au nouveau franc, l'important est le différentiel, d'autant plus significatif que les salaires, en Suisse, sont des salaires dont l'impôt a déjà été prélevé. Ce différentiel entraîne une série de conséquence sur l'emploi de part et d'autre de la frontière. Du côté français de la frontière – l'exemple retenu est celui d'Annemasse – certains secteurs (bâtiment, santé, restauration) connaissent, de ce fait, une pénurie de main d'œuvre.
Depuis les années 1960, un nombre de communes françaises toujours en augmentation ont des résidents qui vont travailler en Suisse et principalement dans l'agglomération genevoise. Ils sont nettement plus nombreux à résider en Haute-Savoie que dans l'Ain, de l'ordre de 30 000 dans le premier département et de 5000 dans le second. Parallèlement, l'extension de l'espace bâti dans l'agglomération genevoise a fortement augmenté sans tenir compte des frontières politiques et les administrations locales, qu'elles appartiennent à le confédération helvétique ou à la République française ont été amenées à travailler ensemble pour harmoniser leurs politiques, tant en matière de transports – les déplacements journaliers sont très nombreux – qu'en matière de couverture sociale. L'attractivité de Genève est très forte pour les travailleurs frontaliers et de manière générale, pour la main d'œuvre étrangère à la Suisse.
La constitution d'un observatoire statistique transfrontalier en est une manifestation directe. Il répond à la nécessité de disposer d'informations précises pour les cantons suisses et pour les départements français. Les migrations journalières, les flux de main d'œuvre sont directement corrélés aux conjonctures locales mais aussi au cours du change d'abord entre le franc suisse et le franc français, et, depuis 1999, entre le franc suisse et l'euro.
L'enjeu pour les territoires frontaliers est d'arriver à un développement plus équilibré avec l'implantation d'entreprises industrielles et de services de haute technologie de part et d'autre de la frontière. Ce développement doit aussi composer avec la pression à la hausse des prix immobiliers, d'autant plus manifeste que les bords du Léman restent très attractifs pour les privilégiés de nombre de pays émergents et pour des fonctionnaires publics internationaux qui, ni les uns, ni les autres ne sont évoqués dans le reportage.
Voir le site de l'Observatoire statistique transfrontalier qui donne accès à ses publications consacrées à l'Ain et à la Savoie.