Casino, mécène du musée d'art moderne de Saint-Etienne

24 juin 1994
02m 08s
Réf. 00289

Notice

Résumé :

Le groupe Casino basé à Saint-Etienne vient de signer pour la troisième fois une convention avec le musée d'art moderne. Le groupe s'engage à épauler financièrement le musée. Cette aide, cumulée aux subventions de l'État, permet l'accroissement des acquisitions d'œuvres.

Date de diffusion :
24 juin 1994
Source :

Éclairage

Le musée d'art moderne de Saint-Étienne inauguré en décembre 1987 dans ses nouveaux locaux sis au nord de la ville sur le territoire de la commune limitrophe de Saint-Priest-en-Jarez, est le symbole de l'image culturelle dont veut se doter l'ancienne cité industrielle du XIXe et du premier XXe siècles, mais aussi celui du mécénat de l'entreprise Casino, un des rares grands groupes à avoir son siège social dans une ville de province.

La société des magasins Casino créée en 1898 par Geoffroy Guichard (qui a donné son nom au stade de Saint-Étienne connu par les succès de l'équipe des Verts - la couleur des succursales Casino - dans la coupe d'Europe en 1976). Le fondateur fait passer dans l'entre-deux-guerres une épicerie de gros et détail à un réseau de succursales dans le sud-est de la France et à plusieurs usines de fabrication de produits alimentaires. Dans la période dite des Trente Glorieuses, l'ouverture de supermarchés, puis d'hypermarchés et d'entreprises de restauration (Quick et Hippopotamus) fait de l'entreprise familiale un groupe international coté en bourse. Après avoir financé l'équipe de football de la ville, les épiciers deviennent mécènes. Pour l'ouverture du nouveau Musée une convention de partenariat de quatre ans est signée par les Guichard à hauteur de 12 millions de francs. La construction du musée d'art moderne est confiée à l'un des membres de la famille, l'architecte Didier Guichard. Des esprits chagrins compareront l'architecture du musée à un supermarché : avec ces 4000m2, le cube couvert de céramique noire offre à l'intérieur de vastes espaces blancs modulables en fonction de la présentation des œuvres et des expositions.

Constituée depuis 1947 par Maurice Allemand remplacé par Bernard Ceysson en 1967, la collection du Musée d'Art Moderne de Saint-Étienne est l'une des plus importantes de France. Rassemblant plus de 15 000 œuvres à l'ouverture, deuxième de France pour l'art moderne et contemporain, le Musée est une institution culturelle prestigieuse. Il comporte des ensembles importants de certains artistes, comme Jean Dubuffet, Pierre Soulages ou Raoul Hausmann, mais aussi des œuvres représentatives de l'art allemand des années 1980, de l'art minimal, de l'abstraction américaine, de l'art conceptuel, du groupe Supports/surfaces ainsi que, plus récemment, du design et de la photographie qui permettent de rendre compte de la création plastique dans toute sa diversité. Régulièrement enrichie par de nouvelles acquisitions, elle a également bénéficié de legs et donations importantes (legs Victor Brauner, collections de Vicky Rémy, de François et Ninon Robelin, de la Caisse des Dépôts et de la Société Générale), ainsi que de dépôts des grandes institutions nationales (Centre Pompidou, Musée Picasso, Fonds national d'art contemporain) faisant entrer ainsi dans la collection, Picasso, Kandinsky ou Mirò. Les acquisitions se poursuivent avec des achats d'œuvres d'artistes contemporains vivants.

Le reportage du 26 juin 1994 a lieu à l'occasion de la signature de la troisième convention de partenariat avec l'entreprise Casino représentée par son PDG Antoine Guichard, en présence du ministre de la Culture dans le gouvernement Balladur, Jacques Toubon et du maire de Saint-Étienne récemment élu Michel Thiollière (1994-2008). De 1987 à 1997, Casino aura consacré 30 millions de francs pour soutenir la politique d'acquisition du Musée d'art moderne de Saint-Étienne. Depuis 2006, le mécénat a été élargi avec la création du club des partenaires, association loi de 1901, composée d'entrepreneurs régionaux ; elle a pour vocation d'aider au développement et à la promotion du musée et d'encourager les dons à son profit : « Entre deux mondes qui souvent s'ignorent nous avons la certitude que l'entreprise peut être un acteur culturel fort et le mécénat un point de rencontre. »

Michelle Zancarini

Transcription

Présentatrice
Ces moyens, s’il est une entreprise qui les maîtrise parfaitement, c’est bien la société Casino, implantée à Saint-Étienne, et qui vient de signer pour la troisième fois, sous l’œil du Ministre, sa Convention avec le Musée d’Art Moderne. Une attitude qui a permis entre autres ces dernières années au musée de cette ville de rivaliser avec les plus grandes capitales européennes. Une nouvelle preuve, justement une nouvelle donation de 125 pièces de la collection Ninon et François Robelin viendra l’enrichir dès cet automne.
(Bruit)
Journaliste
C’est avec un humour complice montrant bien que le Ministre admet que certaines œuvres resteront à la postérité et d’autres pas, que Jacques Toubon a visité le musée d’Art Moderne de Saint- Étienne. La finalité de cette visite était de rendre hommage au mécénat entre Casino et le musée, un mécénat sans lequel le musée ne serait que celui de la neuvième ville de France et non pas le troisième pour la richesse de ses collections du XXe siècle. Entre 87 et 97, Casino aura participé à hauteur de 30 millions aux activités du musée.
Jacques Toubon
Un engagement à long terme, un engagement désintéressé, c’est-à-dire qui s’interdit toute subjectivité, et un engagement qui a aussi un caractère pédagogique.
Journaliste
S’il se refuse à tout interventionnisme, Antoine Guichard estime que ce serait de l’abus de bien social que de faire croire que le mécénat puisse être totalement désintéressé lorsque l’aura de la culture profite au rayonnement de l’entreprise. Aux Etats-Unis, il y a le musée de Santa Barbara et une antenne Casino. Par ailleurs, le Président de la Commission mécénale du CNPF a déploré le manque d’autonomie de gestion des institutions culturelles. Néanmoins, c’est bien grâce aux financements croisés de l’Etat, de la Ville et des mécènes - Casino n’est pas seul - que le musée stéphanois a pu acquérir entre 87 et 93 davantage d’œuvres modernes qu’entre 53 et 87. Le résultat : 100 000 visites l’année dernière.