La maison de la culture de Saint-Etienne
Notice
La maison de la culture de Saint-Etienne ouvre ses portes. De nombreuses activités seront proposées, théâtre, musique, danse, expositions, ainsi qu'une bibliothèque et une discothèque. Mais c'est avant tout un lieu de rencontres et de partage.
Éclairage
Les maisons de la Culture ont été inventées par André Malraux, ministre des Affaires culturelles du général de Gaulle de 1959 à 1969, qui fait inscrire en 1961, par la Commission de l'équipement culturel et du patrimoine artistique du IVe Plan, l'ouverture de vingt établissements en quatre ans. Les maisons de la culture, qui ne sont pas des institutions spécialisées, doivent accueillir aussi bien des représentations théâtrales que des ballets ou des expositions. Fidèles à la conception de Malraux, elles privilégient l'accès direct aux œuvres. Mais, au terme des dix ans de son ministère, moins de la moitié des établissements prévus seront créés. Le projet est vivement critiqué. D'abord, les structures sont implantées sans réelle discussion avec les collectivités locales, qui doivent pourtant cofinancer pour moitié l'équipement. De plus, les premières institutions, prennent place dans des projets qui ne sont pas conçus originellement pour des activités multiples : le Havre l'ouvre dans un musée, Caen dans un théâtre, l'Est parisien dans un cinéma etc. Dans ces conditions, trois villes profitent de la contestation de 1968 pour reprendre le contrôle des maisons de la culture, à Caen, Firminy (construite par Le Corbusier) et Thonon. Le maire de Villeurbanne est arrivé, lui, en 1963 à bloquer le projet Malraux prévu autour du TNP et de Planchon.
La Maison de la culture de Saint-Étienne qui ouvre en 1969, ne fait pas partie des premières ouvertes en France. Elle a été précédée par celles du Havre, de Caen, du théâtre de l'Est parisien, de Bourges, d'Amiens et de Grenoble. Elle a aussi ses particularités soulignées d'emblée par le reportage : la municipalité a tenu à être maître d'œuvre (c'est un adjoint au maire qui présente la Maison de la Culture à la journaliste ; le bâtiment a été construit par trois architectes stéphanois). La municipalité entend définir la programmation : tous les arts, toutes les disciplines, toutes les activités sans exclusive dans les domaines du théâtre, de la musique, de la danse, des arts plastiques, des expositions. Cela s'explique par le rôle du maire de Saint-Étienne, Michel Durafour, président pendant dix ans de la Fédération nationale des centres culturels communaux qui voulait s'imposer comme intermédiaire entre le ministère et les municipalités. L'adjoint au maire est très fier de présenter les mains imprimées dans le béton du mur d'entrée de la Maison de la Culture qui sont celles de toutes les personnes ayant participé à la construction. Il est fier aussi du Grand Théâtre consacré à l'art lyrique. Il est moins disert sur le petit théâtre, le théâtre Copeau, prévu pour Jean Dasté, encore directeur de la Comédie de Saint-Étienne. Son mutisme sur le personnage créateur du théâtre dans la cité est significatif, alors même que dans nombre d'autres villes, c'est le directeur du théâtre qui prend la tête de l'établissement. Non évoquée dans le reportage qui montre le décor moderne du « foyer » (c'est-à-dire le bar-restaurant) avec ses fauteuils tulipes Knoll, la question de la direction de la Maison de la culture pèse sur l'ouverture et conduira au départ de Jean Dasté de la Comédie de Saint-Étienne en 1971.