La maison de la culture de Saint-Etienne

04 février 1969
04m 55s
Réf. 00239

Notice

Résumé :

La maison de la culture de Saint-Etienne ouvre ses portes. De nombreuses activités seront proposées, théâtre, musique, danse, expositions, ainsi qu'une bibliothèque et une discothèque. Mais c'est avant tout un lieu de rencontres et de partage.

Date de diffusion :
04 février 1969
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Les maisons de la Culture ont été inventées par André Malraux, ministre des Affaires culturelles du général de Gaulle de 1959 à 1969, qui fait inscrire en 1961, par la Commission de l'équipement culturel et du patrimoine artistique du IVe Plan, l'ouverture de vingt établissements en quatre ans. Les maisons de la culture, qui ne sont pas des institutions spécialisées, doivent accueillir aussi bien des représentations théâtrales que des ballets ou des expositions. Fidèles à la conception de Malraux, elles privilégient l'accès direct aux œuvres. Mais, au terme des dix ans de son ministère, moins de la moitié des établissements prévus seront créés. Le projet est vivement critiqué. D'abord, les structures sont implantées sans réelle discussion avec les collectivités locales, qui doivent pourtant cofinancer pour moitié l'équipement. De plus, les premières institutions, prennent place dans des projets qui ne sont pas conçus originellement pour des activités multiples : le Havre l'ouvre dans un musée, Caen dans un théâtre, l'Est parisien dans un cinéma etc. Dans ces conditions, trois villes profitent de la contestation de 1968 pour reprendre le contrôle des maisons de la culture, à Caen, Firminy (construite par Le Corbusier) et Thonon. Le maire de Villeurbanne est arrivé, lui, en 1963 à bloquer le projet Malraux prévu autour du TNP et de Planchon.

La Maison de la culture de Saint-Étienne qui ouvre en 1969, ne fait pas partie des premières ouvertes en France. Elle a été précédée par celles du Havre, de Caen, du théâtre de l'Est parisien, de Bourges, d'Amiens et de Grenoble. Elle a aussi ses particularités soulignées d'emblée par le reportage : la municipalité a tenu à être maître d'œuvre (c'est un adjoint au maire qui présente la Maison de la Culture à la journaliste ; le bâtiment a été construit par trois architectes stéphanois). La municipalité entend définir la programmation : tous les arts, toutes les disciplines, toutes les activités sans exclusive dans les domaines du théâtre, de la musique, de la danse, des arts plastiques, des expositions. Cela s'explique par le rôle du maire de Saint-Étienne, Michel Durafour, président pendant dix ans de la Fédération nationale des centres culturels communaux qui voulait s'imposer comme intermédiaire entre le ministère et les municipalités. L'adjoint au maire est très fier de présenter les mains imprimées dans le béton du mur d'entrée de la Maison de la Culture qui sont celles de toutes les personnes ayant participé à la construction. Il est fier aussi du Grand Théâtre consacré à l'art lyrique. Il est moins disert sur le petit théâtre, le théâtre Copeau, prévu pour Jean Dasté, encore directeur de la Comédie de Saint-Étienne. Son mutisme sur le personnage créateur du théâtre dans la cité est significatif, alors même que dans nombre d'autres villes, c'est le directeur du théâtre qui prend la tête de l'établissement. Non évoquée dans le reportage qui montre le décor moderne du « foyer » (c'est-à-dire le bar-restaurant) avec ses fauteuils tulipes Knoll, la question de la direction de la Maison de la culture pèse sur l'ouverture et conduira au départ de Jean Dasté de la Comédie de Saint-Étienne en 1971.

Michelle Zancarini

Transcription

Journaliste
Monsieur Claude [Faure], vous êtes Adjoint au Maire et Attaché aux Affaires Culturelles de Saint Etienne. Vous veillez donc aux destinées de la Maison de la Culture et des Loisirs. Voulez-vous nous conter cette maison, voulez-vous nous en dévoiler le corps, l’âme.
Intervenant
La Maison de la Culture et des Loisirs de Saint Etienne a été projetée il y a déjà pas mal d’années par le précédent conseil municipal. Elle a été conçue et réalisée par 3 architectes stéphanois, elle est située comme vous le voyez en plein cœur du jardin des plantes, qui est une situation privilégiée étant donné que c’est le, elle est à égale distance des quartiers neufs de Beaulieu, [incompris], de Montchauvet, et du centre traditionnel. Le jardin des plantes adoucit un peu les lignes sévères de cette Maison de la Culture, c’est un grand parc qui est très fréquenté par les stéphanois.
Journaliste
Et bien, maintenant nous pourrions peut-être aller la visiter.
Intervenant
Volontiers.
(Silence)
Journaliste
Vous avez conçu un édifice très vaste, sans doute, est-ce pour y accueillir un nombre très grand et très varié d’activités.
Intervenant
La Maison de la Culture et des Loisirs de Saint Etienne ouvre ses portes à toutes les activités. Elle accueillera sans autre condition que celle du travail bien fait tous les arts, toutes les disciplines, tous les styles. Chacun y aura sa place sous la seule réserve qu’il accepte d’y voisiner autrui. Toutes les activités culturelles, économiques, sociales pourront se réunir ici.
Journaliste
Voulez-vous nous énumérer ces activités ?
Intervenant
Et bien, le théâtre évidemment, la musique, la danse, les arts plastiques avec les ateliers, le cinéma, les expositions, que sais-je encore, la bibliothèque, la discothèque.
Journaliste
Nous nous trouvons dans le grand foyer du grand théâtre et ce foyer est souvent très animé, n’est-ce pas ?
Intervenant
Il accueille à chaque entracte les spectateurs bien entendu. Et au-delà, c’est un point de rencontre qui est animé chaque après-midi en particulier les jeudi, samedi et dimanche après-midi. Nous avons depuis quelques semaines pensé que c’était également un point de rencontre où les jeunes artistes locaux amateurs pouvaient faire une animation, les cinéastes amateurs, guitaristes, chanteurs, ils se retrouvent donc ici assez souvent.
Journaliste
Mais il faut évidemment parler de ce théâtre, du grand théâtre qui est une belle réalisation.
Intervenant
Oui, il y a 1282 places exactement qui offrent toutes une visibilité exceptionnelle. La salle est agréable malgré sa grande capacité, elle est assez intime, il y a des couleurs chatoyantes, l’équipement technique est très moderne, pratiquement parfait je pense. Le plateau offre toutes les conditions pour travailler dans les meilleures, la meilleure façon possible.
Journaliste
Et maintenant bien sûr, il faut parler des programmes.
Intervenant
Oui. C’est ce qui donne une âme à la maison. Donc cette maison est ouverte depuis 3 mois, nous n’avons pas encore un programme qui est peut-être suffisant. Nous lançons l’affaire et nous allons donner à la saison 69,70 un autre éclat. Mais malgré tout, déjà se retrouvent dans cette maison différentes activités. Et en particulier une activité qui était assez contestée, l’art lyrique qui est à Saint Etienne comme vous le savez, très prisé. Nous allons donner Porgy and Bess.
Journaliste
Maintenant évidemment, nous devons parler également du petit théâtre, qui est quelque chose de très particulier, et qui est le domaine de Jean Dasté.
Intervenant
Et c’est un peu surprenant ce petit théâtre. Et c’est assez choquant pour un public non averti car sa conception est toute nouvelle. C’est un théâtre qui peut se transformer en, on peut faire du théâtre en rang, du théâtre élisabéthain, un théâtre classique. C’est le domaine de Jean Dasté. C’est un théâtre qui permet la recherche, qui permet l’expérience, et Dasté qui est depuis plus de 20 ans a fait un excellent travail à saint Etienne, trouve là un outil assez remarquable. Au-delà de la vie culturelle, nous souhaiterions que cette maison accueille des activités économiques sous forme de congrès, de conférences de comptes-rendus. Et le manque de locaux, peut-être d’autres locaux à Saint Etienne explique déjà une très grande fréquentation de certains congrès, ce qui montre bien que la Maison de la Culture est avant tout un point de rencontre de ces différentes activités.
Journaliste
Je pense qu’il ne faut pas quitter la Maison de la Culture sans jeter un coup d’œil sur un détail architectural qui porte un symbole.
Intervenant
Ah, ce sont les mains. Ces mains sont les, la signature de tous les ouvriers qui ont travaillé dans la maison, depuis les architectes jusqu’aux manœuvres. Cette signature est un peu le symbole de l’union que nous voudrions voir de tous les milieux dans celle maison-là pour définir en commun un nouvel art de vivre.