Le Centre national d'Art contemporain de Grenoble
Notice
Reportage sur l'ouverture prochaine du Centre National d'Art Contemporain de Grenoble. Ce nouveau lieu d'exposition ne portera pas préjudice au musée de Grenoble car à l'inverse de ce dernier, riche d'une importante collection permanente, le CNAC ne proposera que des expositions temporaires.
- Rhône-Alpes > Isère > Grenoble
Éclairage
Les centres d'art sont apparus à la fin des années 1970 et sont dédiés à la création actuelle. Ouvert en 1989, celui de Grenoble est un des premiers. Il est né par décision de l'État et de la Ville de Grenoble. Il s'agit d'une association loi 1901 subventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication via la Direction régionale des affaires culturelles Rhône-Alpes, le Département de l'Isère et la Ville de Grenoble. Comme le Centre national d'art contemporain de la Villa Arson à Nice créé en 1986, il a pour vocation d'organiser des expositions temporaires. Ses objectifs ne recouvrent pas ceux du Musée de Grenoble qui constitue des collections. L'école du Magasin, fondée en 1987, dispense une formation professionnelle internationale aux pratiques curatoriales. La politique d'exposition est déterminée par le directeur du centre et son équipe. Des artistes jouissant d'une grande notoriété - comme Daniel Buren - ont exposé au Magasin, mais la programmation ambitionne aussi de faire découvrir des artistes jeunes ou confirmés dont l'œuvre a une audience internationale encore restreinte aux spécialistes de l'art contemporain.
Le Magasin est implanté dans un ancien quartier industriel à l'ouest du centre historique. Il dispose d'un très vaste espace puisqu'il est installé dans un ancien atelier de chaudronnerie d'une surface de 3 000 m². Cette halle avait été construite par les ateliers Gustave Eiffel pour l'exposition universelle de 1900 à Paris. Hippolyte Bouchayer, cofondateur d'une entreprise de conduites forcées, l'avait rachetée, afin de la démonter et de la transporter à Grenoble. Grande halle des machines de l'usine, elle servait dans les derniers temps de son existence industrielle de magasin, un nom qui a été conservé. Cette dénomination fait aussi référence à l'exposition Magasin organisée par Vladimir Tatline du 19 mars au 20 avril 1916 dans un commerce vacant du centre-ville de Moscou. Il s'agissait de tenter de sortir l'art de ses chapelles élitistes, de le confronter à la réalité dans un lieu inhabituel et de le présenter directement au public.
Patrick Bouchain (né en 1945) a été chargé de la reconversion de l'édifice. Il a transformé de nombreux locaux industriels en lieux culturels dédiés aux arts plastiques et au spectacle vivant. Le très grand volume de la halle (900 m², 70 mètres de long et 20 mètres de hauteur) a été préservé en laissant la charpente métallique apparente. Celle-ci a d'ailleurs fait l'objet d'une restauration en 2005. Dénommée la Rue, elle permet d'accueillir des pièces ou des interventions in situ de très grandes dimensions. Un autre espace a été pris sur la nef latérale orientale de la halle. Ces « galeries », d'une surface de 860 m², sont modulables et constituent des espaces d'exposition plus traditionnels et plus confortables. Le caractère industriel du lieu est toujours très présent créant une analogie implicite entre le processus de fabrication industrielle et celui de la création artistique. Patrick Bouchain considère d'ailleurs que les chantiers qu'il conduit sont en eux-mêmes des projets culturels. Il en résulte une architecture très ouverte et peu institutionnelle. Par cette absence de finitude et de détermination, elle contribue à la créativité des acteurs comme à l'ouverture d'esprit des visiteurs.