Grand Prix International de ski à Megève
Notice
A Megève se déroule le Grand Prix International de ski alpin. Plusieurs épreuves ont lieu, la descente, le slalom et le saut à ski.
Éclairage
Dans leur rubrique « Sport », Les Actualités françaises du 15 février 1946 commentent les compétitions du Grand prix international de ski organisé dans la station haute-savoyarde de Megève. Le film, en noir et blanc, ne s'attache ni au village, ni aux équipements - Megève possède pourtant depuis 1933 le premier téléphérique de France réservé aux skieurs - pour s'arrêter plutôt sur les trois vainqueurs masculins, tous français, qui s'imposent dans leur discipline respective devant le regard enthousiaste de quelques milliers de spectateurs et spectatrices. Les femmes, pour leur part, ne sont pas montrées en action ; Georgette Thiollière, pourtant vainqueur du slalom féminin, ne bénéficie d'une brève séquence que pour évoquer son admiration pour les exploits de ses camarades masculins.
A une époque où le ski alpin n'a qu'une vingtaine d'années d'existence, les caméras enregistrent plusieurs scènes de chutes plus ou moins contrôlées et présentées dès lors comme des indices de maitrise des compétiteurs. Plus généralement, les techniques utilisées par des champions généralement issus des milieux montagnards, confirment encore l'attachement à des pratiques utilitaires et les faibles volumes d'entraînement que s'imposent les skieurs. Les positions adoptées par les descendeurs ou les sauteurs montrent l'absence de recherche d'attitudes aérodynamiques et la multiplication de gestes de rééquilibre de grande ampleur. Faute de procédés technologiques, les descentes se font dans une neige non damée. Les fuseaux ont fait leur apparition, mais l'équipement vestimentaire valorise davantage le confort et la chaleur que les qualités de pénétration dans l'air.
Le reportage suit la chronologie du Grand prix, en s'attardant plus particulièrement sur la discipline la plus en vue, la descente, remportée par James Couttet (1921-1997). Déjà champion du monde en 1938, alors qu'il n'avait que 16 ans et demi, le Chamoniard est le meilleur descendeur français dans l'immédiat après-guerre. En 1946, il est double champion de France de descente et de slalom spécial. Sa victoire à Megève annonce celles qui suivent bientôt dans l'Arlberg-Kandahar (1947, 1948 et 1950), et ses belles performances aux Jeux olympiques de Saint-Moritz, en 1948, où il remporte une médaille d'argent en slalom et une de bronze en combiné.
Bénéficiant d'un temps moins clément, Henri Oreiller (1925-1962) est montré effaçant quelques piquets en slalom. Celui qui n'est alors qu'un espoir, donnera pourtant à la France ses deux seules médailles d'or lors des Jeux olympiques de Saint-Moritz, deux ans plus tard, grâce à un doublé descente et combiné. Surnommé « le Parisien de Val d'Isère », il abandonne cependant le ski pour la course automobile en 1952. Enfin, la troisième journée permet aux Actualités françaises de mettre en vedette un autre Français, Charles Bozon, dans l'épreuve de saut.
Ce Grand prix fait partie des compétitions organisées par les stations dans le cadre de leur politique événementielle afin d'attirer ou de retenir la clientèle des sports d'hiver. Megève, devenue progressivement une station huppée quand la Baronne de Rothschild décide, au lendemain de la Première Guerre mondiale, d'en faire une concurrente de Saint-Moritz, n'a pourtant toujours que 3743 habitants en 1946, qui vivent encore en partie de l'économie montagnarde et en partie du tourisme. Bientôt, malgré sa faible altitude, le développement des sports d'hiver et, notamment, du ski alpin, la conduira inéluctablement à multiplier son offre d'équipement sur les pentes qui la surplombent tout en continuant à cibler les vacanciers les plus fortunés.