Les canons à neige
Notice
La station de Flaine est la première à avoir utilisé le canon à neige. Produite par la cristallisation de gouttelettes d'eau, elle est une solution non négligeable pour le maintien de la pratique du ski dans le département.
Éclairage
Le 3 janvier 1986, dans le cadre de sa série « Montagne », FR 3 Grenoble revient en soirée sur l'utilisation des canons à neige dans les stations de moyenne altitude. Les premières images, toutes en recherche d'esthétique sur fond de musique classique, s'attardent sur ces équipements qui projettent leurs gouttelettes d'eau en contre-jour dans la lumière de l'aube, pour les faire retomber en cristaux de neiges. La séquence suivante vaut démonstration avec une vue aérienne exposant de façon spectaculaire un long corridor de neige artificielle, entouré de vastes prairies d'herbe et de terre.
Illustrée par des séquences d'ouvriers travaillant à la fabrication de canons, l'explication technique est assurée par Jean Pierre Maillet, Directeur technique chez York, une société implantée à Nantes et leader mondial dans le domaine. En affirmant que la neige artificielle est produite selon les mêmes mécanismes physiques que la neige naturelle, nul doute qu'il ne cherche à rassurer une population de pratiquants qui se rend en station pour renouer avec la nature et voit éventuellement d'un mauvais œil une offre qui, au moins symboliquement, lui rappellerait par trop la ville et ses technologies. Jouant sur le paradoxe, le reportage d'Alain. Desmaris, prend alors l'exemple de la station de Chalmazel, seule station de ski de la Loire, dans le haut Forez, qui a précisément fait de l'authenticité l'un de ses slogans et permet à son directeur, Guy Ygnard, de s'amuser des propos de skieurs qui ne font plus la différence entre neige naturelle et artificielle. Toutefois, l'homme reprend vite son sérieux pour indiquer que ces opérations, malgré leur coût et leurs limites en cas de température vraiment trop clémente ou de volumes d'eau disponible insuffisants, sont nécessaires pour maintenir l'activité touristique et les emplois afférents.
Ayant fait le pari du développement des sports d'hiver depuis 1965, Chalmazel, ce village de moins de 500 habitants situé à 1100 mètres d'altitude quand ses pistes pointent à 1640 mètres, a assez vite adopté cette politique d'aménagement saisonnier des pentes. C'est pourtant dans les Alpes, là où des communes ont fait le choix d'une économie locale fondée exclusivement sur les sports d'hiver, que les aléas de la météo ont les conséquences les plus radicales. Suivant l'expérience positive de Flaine au milieu des années 1970, la plupart des stations s'équipent de canons à neige dans les années 1980 et 1990. Un choix qui, pourtant, n'est pas le seul possible, comme l'indique justement le reportage par la voie d'un interview de René Chaboud. Connaissant le poids des contraintes climatiques sur les stations, le météorologue invite plutôt à envisager le développement d'activités ne nécessitant pas de neige quand celle-ci est belle et bien absente. Une déclaration de bon sens, que le reportage confirme en images avec une dernière séquence découvrant en plan rapproché un skieur utilisant un remonte-pente au milieu des prés verts, sur des patinettes à roulettes. Parce qu'elle égratignait l'idéologie rattachée à l'or blanc, la diversification de l'offre des stations alpines vers la prise en compte d'activités différentes en hiver et complémentaires en été ne démarre pourtant guère qu'à la fin des années 1980.