Les canons à neige

03 janvier 1986
02m 58s
Réf. 00331

Notice

Résumé :

La station de Flaine est la première à avoir utilisé le canon à neige. Produite par la cristallisation de gouttelettes d'eau, elle est une solution non négligeable pour le maintien de la pratique du ski dans le département.

Type de média :
Date de diffusion :
03 janvier 1986
Source :
FR3 (Collection: Montagne )

Éclairage

Le 3 janvier 1986, dans le cadre de sa série « Montagne », FR 3 Grenoble revient en soirée sur l'utilisation des canons à neige dans les stations de moyenne altitude. Les premières images, toutes en recherche d'esthétique sur fond de musique classique, s'attardent sur ces équipements qui projettent leurs gouttelettes d'eau en contre-jour dans la lumière de l'aube, pour les faire retomber en cristaux de neiges. La séquence suivante vaut démonstration avec une vue aérienne exposant de façon spectaculaire un long corridor de neige artificielle, entouré de vastes prairies d'herbe et de terre.

Illustrée par des séquences d'ouvriers travaillant à la fabrication de canons, l'explication technique est assurée par Jean Pierre Maillet, Directeur technique chez York, une société implantée à Nantes et leader mondial dans le domaine. En affirmant que la neige artificielle est produite selon les mêmes mécanismes physiques que la neige naturelle, nul doute qu'il ne cherche à rassurer une population de pratiquants qui se rend en station pour renouer avec la nature et voit éventuellement d'un mauvais œil une offre qui, au moins symboliquement, lui rappellerait par trop la ville et ses technologies. Jouant sur le paradoxe, le reportage d'Alain. Desmaris, prend alors l'exemple de la station de Chalmazel, seule station de ski de la Loire, dans le haut Forez, qui a précisément fait de l'authenticité l'un de ses slogans et permet à son directeur, Guy Ygnard, de s'amuser des propos de skieurs qui ne font plus la différence entre neige naturelle et artificielle. Toutefois, l'homme reprend vite son sérieux pour indiquer que ces opérations, malgré leur coût et leurs limites en cas de température vraiment trop clémente ou de volumes d'eau disponible insuffisants, sont nécessaires pour maintenir l'activité touristique et les emplois afférents.

Ayant fait le pari du développement des sports d'hiver depuis 1965, Chalmazel, ce village de moins de 500 habitants situé à 1100 mètres d'altitude quand ses pistes pointent à 1640 mètres, a assez vite adopté cette politique d'aménagement saisonnier des pentes. C'est pourtant dans les Alpes, là où des communes ont fait le choix d'une économie locale fondée exclusivement sur les sports d'hiver, que les aléas de la météo ont les conséquences les plus radicales. Suivant l'expérience positive de Flaine au milieu des années 1970, la plupart des stations s'équipent de canons à neige dans les années 1980 et 1990. Un choix qui, pourtant, n'est pas le seul possible, comme l'indique justement le reportage par la voie d'un interview de René Chaboud. Connaissant le poids des contraintes climatiques sur les stations, le météorologue invite plutôt à envisager le développement d'activités ne nécessitant pas de neige quand celle-ci est belle et bien absente. Une déclaration de bon sens, que le reportage confirme en images avec une dernière séquence découvrant en plan rapproché un skieur utilisant un remonte-pente au milieu des prés verts, sur des patinettes à roulettes. Parce qu'elle égratignait l'idéologie rattachée à l'or blanc, la diversification de l'offre des stations alpines vers la prise en compte d'activités différentes en hiver et complémentaires en été ne démarre pourtant guère qu'à la fin des années 1980.

Thierry Terret

Transcription

(Musique)
Journaliste
L’or blanc sort désormais de la gueule de ces canons. Des machines à produire de la neige. C’est Flaine, la station de Haute Savoie qui a été la première à s’équiper en 1976. Mais d’autres stations ont suivi le mouvement, notamment certaines stations d’altitude, comme Méribel et Courchevel.
Monsieur Maillet
Ce qu’on appelle improprement neige artificielle est en fait de la neige tout à fait naturelle, obtenue comme de la neige qui nous vient du ciel par cristallisation dans l’air froid ambiant, de gouttelettes d’eau très finement pulvérisées dans un canon à neige et projetées à très grande vitesse et à très grande distance. Euh, dans l’air froid ambiant.
Journaliste
Et oui, le canon à neige, mis au point par une société nantaise, spécialiste du froid, permet de lutter contre les caprices du temps. L’idée est simple, pulvériser de l’eau sous pression grâce à de l’air comprimé, par une température inférieure à zéro degré. Cette eau pulvérisée se transforme instantanément en neige. C’est une véritable aubaine pour les stations de moyenne altitude comme Chalmazel, dans la Loire.
(Bruit)
Guy Ygnard
Et bien, je dois dire qu’il n’y a pas de différence entre la neige naturelle et la neige artificielle puisque les skieurs qui ont skié toute la saison sur la neige artificielle ne se sont aperçu de rien et nous ont demandé à la fin de la saison quand on allait mettre en route enfin nos canons à neige.
Journaliste
Il n’y a pas de miracle. A 1100 mètres d’altitude, les canons à neige sont indispensables. L’an dernier, il a fallu avoir recours à eux pendant toute la saison. Coût de l’opération 350000 francs. Et les skieurs, en contrepartie, ont pu utiliser les pistes de Chalmazel durant tout l’hiver.
Guy Ygnard
C’est rentable dans la mesure où cela a permis de stabiliser le déficit de la station et de maintenir dans le département de la Loire la pratique du ski alpin et de maintenir sur la commune et sur tout le canton un niveau d’emploi très respectable.
Journaliste
La sècheresse de l’été perturbe le fonctionnement des canons à neige. A Chalmazel par exemple, les réserves d’eau sont insuffisantes. Conséquence, les responsables ont dû détourner certains cours d’eau.
Guy Ygnard
Cette année, pour la première année depuis au moins 20 ans, la rivière est un petit peu basse et nous n’avons pas suffisamment d’eau pour mettre en activité 27 canons consécutifs comme le permet notre puissance compresseur et pompes.
Journaliste
Après l’été sans eau, y aura-t-il un hiver sans neige ? Ce serait une catastrophe mais c’est bien improbable. Alors il faut tout simplement s’armer de patience et peut-être se tourner vers d’autres sports.
René Chaboud
Au début des vacances de Noël, il y a un problème tout simple, c’est que l’on peut tout à fait s’organiser en montagne pour dégager les terrains de tennis, les terrains de golf, passer deux ou trois jours agréables et ensuite la neige arrive et à ce moment-là, on fait du ski, il n’y a plus de problème.
Journaliste
Et si le problème demeurait, il vous resterait cette solution.