Le premier barrage du Rhône
Notice
La construction du premier barrage sur le Rhône, le barrage de Génissiat, fait partie du programme hydroélectrique de la France. Monsieur Robert Lacoste, ministre de la Production Industrielle est venu l'inaugurer.
Éclairage
L'inauguration du barrage de Génissiat, en janvier 1948, par le ministre de l'Industrie Robert Lacoste, marque une étape importante et fortement médiatisée de l'effort collectif de reconstruction du pays dans l'immédiat après guerre. Le choix est donc fait d'un vaste programme d'équipement hydroélectrique qui doit permettre à la France de se dégager de sa dépendance charbonnière, ressource rare et largement importée. L'hydroélectricité est alors fortement valorisée comme énergie nationale et fait l'objet d'investissements considérables, notamment par le biais de l'aide du plan Marshall. Conduits par EDF (ici pour le compte de la Compagnie Nationale du Rhône), les grands chantiers hydroélectriques sont aussi au cœur de la politique de toute jeune entreprise nationale créée par la nationalisation de 1946.
Célébré comme le plus grand barrage d'Europe, Génissiat illustre donc pour les contemporains la capacité de la France à renaître de ses cendres. Les travaux ont débuté en 1937 sous l'égide de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR). Cette société a été créée en 1933 sous l'impulsion du sénateur de l'Isère Léon Perrier et d'Édouard Herriot, maire de Lyon et plusieurs fois Président du Conseil sous la Troisième République. La CNR est une société d'économie mixte qui regroupe à l'origine les collectivités territoriales riveraines du Rhône (communes et conseil généraux de la Haute-Savoie à l'Hérault, ainsi que le département de la Seine comme client) et des industriels pour mettre en œuvre un programme global d'aménagement du fleuve. Incluse initialement dans le périmètre de la nationalisation, la CNR est finalement « sauvée » par une vibrante intervention à la Chambre d'Édouard Herriot, maire de Lyon et grand défenseur de la Compagnie. Les travaux du chantier de Génissiat sont interrompus en 1940 puis se poursuivent au ralentit durant l'occupation. Leur rapide reprise à la Libération se déroule dans des conditions matérielles très difficiles. Les équipes du chantier sont néanmoins portées par l'urgence de répondre aux besoins du pays (les coupures de courants se prolongent jusqu'en 1950) et par la volonté de surmonter les humiliations de la défaite, ce que souligne ici le commentaire en voix off. Génissiat, réelle performance technique avec ses 104 mètres de hauteur, construit dans un site contraignant ayant entre autre imposé de détourner le cours du Rhône pour réaliser les travaux, est par ailleurs la tête de pont d'un vaste programme d'aménagement du fleuve qui s'est poursuivi jusqu'aux années 1960.