Le barrage du Mont-Cenis
Notice
Le barrage du Mont-Cenis fait parti des grandes actions françaises en matière d'hydroélectricité. Les ministres de l'Industrie français et italien, François- Xavier Ortoli et Silvio Gava, sont venus le visiter. Cet ouvrage est dû à la collaboration des deux pays.
Éclairage
L'inauguration du barrage du Mont-Cenis, en 1978, témoigne de la poursuite de l'équipement de la partie alpine de la région Rhône-Alpes en grands barrages hydroélectriques, lancé depuis les années 1930, et des évolutions de celui-ci. En effet, si les barrages alpins sont forts anciens, les grands barrages ne datent que de l'entre deux guerres, lorsque les techniques de construction les rendent possibles et que l'interconnexion des réseaux de transport d'électricité autorise l'évacuation de leur énergie vers les zones de consommations urbaines. Une seconde vague de construction se déroule après la guerre dans le cadre du plan Monnet et de la naissance d'EDF qui vise à accroître la production globale d'énergie dans une période de forte pénurie énergétique. Les chantiers suivants se poursuivent à un rythme plus ralenti et concernent des barrages plus spécifiques, intégrés à un système électrique complexe devenu non seulement national mais international. Le barrage du Mont-Cenis s'inscrit dans cette logique. Prenant la suite d'un barrage italien plus petit, l'ouvrage est formé d'une énorme digue de 15 millions de m3 de terre et d'enrochement (un record à l'époque) qui donne naissance à un lac de 660 hectares, alimenté par plusieurs bassins versants grâce à un vaste réseau de galeries. Il présente la particularité d'être situé sur un plateau transfrontalier (une rectification de frontière à d'ailleurs été nécessaire pour que le barrage soit intégralement situé en France) et de recueillir des eaux en provenance de France et d'Italie. Il alimente de même des centrales situées de part et d'autre de la frontière, la centrale de Villarodin côté français et de Venaus côté italien.
Ceci explique la présence lors de l'inauguration des ministres de l'industrie français et italiens. La tonalité du reportage est bien différente de celle des années d'après guerre. Si l'on célèbre toujours la performance technique et la maîtrise de la nature, le temps n'est plus à l'exaltation de la grandeur française retrouvée, comme lors des inaugurations de Génissiat et de Tignes, mais à l'évocation d'un ouvrage complexe alimentant des réseaux électriques interconnectés à échelle européenne. Ces changements dans la logique et l'échelle de ce type de grands aménagements énergétiques (à l'image de celui d'Emosson à la frontière franco suisse) illustrent l'intégration croissante des économies et réaffirment la réalité transfrontalière de la région Rhône-Alpes.