L'exploitation du Rhône
Notice
Depuis l'antiquité romaine, le Rhône joue un rôle majeur, mais c'est surtout aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale que l'exploitation du Rhône s'est largement développée. Les ports sont aménagés, des barrages et des centrales hydro-électriques fleurissent.
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Éclairage
Malgré l'avertissement du commentateur, qui présente ce document comme une « histoire du Rhône et de sa vallée », ce documentaire de 1950 est en fait composé de deux parties distinctes. Dans un premier temps, l'auteur évoque assez rapidement l'époque de la romanisation de la vallée du Rhône, présentée comme moment fondateur de l'identité rhodanienne. Puis il trace à grands traits les portraits des régions reliées par l'axe fluvial, non sans tomber dans certains stéréotypes : la Provence est ainsi la patrie de l'olivier et d'une « certaine nonchalance » alors que la Savoie est peuplée de « montagnards obstinés » travaillant une terre difficile et vivants de l'exploitation laitière. Ces provinces dissemblables seraient fédérées par le fleuve et par sa « capitale » : Lyon (dont on donne l'image de la cité industrieuse, montrant pour cela des métiers à tisser type Jacquard), ainsi que par diverses qualités prétendument rhodaniennes que certains poètes avaient pu chanter en leur temps (Frédéric Mistral, Charles Ferdinand Ramuz)...
Dans une deuxième partie, le reportage se fait plus didactique et présente les principaux objectifs de l'époque quant à l'aménagement du fleuve non sans emprunter, là aussi, de nombreux raccourcis.
A la fin du XIXème siècle, de nombreux acteurs locaux de la vallée du Rhône affirment leur volonté de voir domestiquer le fleuve afin de profiter de potentialités de développements économiques. Ainsi, en 1899, les délégués des 27 chambres de commerce du Sud-Est réunis à Lyon appellent de leurs vœux la mise en place d'aménagements permettant d'assurer d'une part une meilleure navigation sur un cours d'eau tumultueux et irrégulier, d'autre part une irrigation indispensable au développement agricole des régions du sud et enfin la production d'électricité issue de la force motrice de l'eau. C'est à ce triple objectif que répond la loi de 1921 dite « loi d'aménagement du Rhône ». Son adoption a été rendue possible par l'action de Léon Perrier (député radical socialiste de Grenoble et grand défenseur à la chambre des députés de la cause de l'aménagement du fleuve) et d'Edouard Herriot (maire de Lyon depuis 1905, un temps ministre des Travaux Publics pendant la Première Guerre mondiale puis député radical-socialiste à partir de 1919). Par cette loi, l'État concède à une société anonyme (la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), finalement mise en place en 1933 sous la forme d'une société d'économie mixte mêlant fonds publics et privés, et présidée par Léon Perrier) la « concession de l'aménagement du Rhône de la Suisse à la mer » (Méditerranée) pour une durée de 99 ans afin d'atteindre le triple objectif évoqué précédemment.
Le programme d'aménagement mené par la CNR débute dès 1934 par la construction du port de Lyon (devenu Port de Lyon Edouard Herriot) puis par le chantier du barrage hydroélectrique de Génissiat, achevé en 1946. Les travaux permettant d'améliorer l'irrigation de certaines régions méridionales débutent pour leur part dans les années 1940.
Après la Deuxième Guerre mondiale, les considérables besoins en énergie du pays, associés au besoin de faire redémarrer l'outil de production et à la volonté de faire de la France un pays « moderne à niveau de vie élevé », engendrent la mise en place d'une politique volontariste de développement de la production électrique. C'est d'ailleurs un des objectifs des plans de modernisation et d'équipement qui sont mis en place à partir de 1947. Le premier d'entre eux, le « plan Monnet » (1947-1952), fait de l'électricité un des six secteurs prioritaires de l'économie française (avec le charbon, l'acier, le ciment, les transports, le machinisme agricole). Comme le rappelle ce reportage, le premier plan bénéficie grandement des aides américaines pour la reconstruction et le développement de la France (plan Marshall). C'est dans ce contexte que la CNR est invitée à démarrer de nouveaux projets (dont l'imposant chantier du barrage hydroélectrique de Donzère Mondragon de 1950 à 1954).
Mais, dans les années 1960, l'électricité étant devenue une source d'énergie moins compétitive que le pétrole, l'objectif principal de la CNR devient l'aménagement de la navigabilité du Rhône à grand gabarit de Lyon à Fos sur mer. Cependant, les aménagements de chutes hydroélectriques sont poursuivis. Ils redeviennent primordiaux, du milieu des années 1970 (effets du choc pétrolier) jusque dans les années 1980 (inauguration de Sault-Brenaz en 1986, dernier grand chantier hydroélectrique).
En 2010, on estime que l'action de la CNR a permis l'irrigation de milliers d'hectares de terres agricoles. On compte également, le long du Rhône, 19 centrales hydroélectriques, 19 barrages, 14 écluses à grand gabarit et l'équipement d'une trentaine de sites industriels et portuaires. La CNR est devenue, à cette date, le deuxième producteur français d'électricité (environ 20 % de la production hydroélectrique française).