Le passage du tour de France à Aix les Bains

22 juillet 1948
01m 48s
Réf. 00348

Notice

Résumé :

Pour ce tour de France cycliste, Louison Bobet franchit le col de Turini et gagne au sprint à Cannes. L'étape la plus dure : Cannes/ Briançon, est remportée par Gino Bartali à Briançon et la troisième étape Briançon/ Aix les Bains l'est également.

Type de média :
Date de diffusion :
22 juillet 1948
Thèmes :

Éclairage

Le 22 juillet 1948, trois jours avant l'arrivée à Paris du 35ème Tour de France de l'histoire, les Actualités Françaises diffusent pour la première fois un reportage filmé sur ce fleuron du sport français qu'Henri Desgrange, le directeur du journal L'Auto, avait créé en 1903 pour renforcer la position de son quotidien sur le marché de la presse sportive. Filmé en partie caméra à l'épaule sur une moto qui suit la course, le reportage installe le spectateur dans une expérience inédite qui lui fait partager l'émotion de l'épreuve au plus près des concurrents. Trois ans seulement après la Libération, les sensations, encore inédites, provoquées par les images ne peuvent être coupées de l'émoi généré par la vision des différentes régions de France.

Ce Tour de 1948 s'étend sur 4922 kilomètres et 21 étapes, une longue durée qui favorise le suspens et fidélise les lecteurs et spectateurs. Quelques innovations, en outre, stimulent l'intérêt des passionnés. Le parcours échappe ainsi ponctuellement aux limites hexagonales pour quelques excursions en Suisse, en Italie et en Belgique, manière d'internationaliser la course, d'amplifier sa renommée et de renforcer son public sans trop ébranler le cœur de son espace géographique. Le Tour avait depuis toujours imposé l'idée d'un marquage ostensible du premier au classement général avec un maillot jaune, aux couleurs du journal L'Auto des origines, que le noir et blanc des images ne permet pas d'apprécier. En 1948, cependant, le regard se déplace aussi vers la fin de la course car, de la troisième à la dix-huitième étape, le dernier du classement général est désormais éliminé. Enfin, à partir de cette même année, les cols sont classés en deux catégories de difficulté pour préparer spectateurs et lecteurs à partager l'effort des coureurs dans les étapes de montagne. Celles-ci sont en effet les plus attendues. Elles justifient l'intérêt particulier du reportage des Actualités Françaises pour la quatorzième étape qui voient les coureurs couvrir les 263 kilomètres de routes sinueuses séparant Briançon d'Aix-les-Bains. Gino Bartali y fait la différence en arrivant en tête à l'étape après 9h 30' 18'' de course et un incident dont sont avides les journalistes – une crevaison – qui transforme le reportage en épopée. Le champion italien remporte sept étapes au total dans ce Tour qu'il enlève finalement, dix ans après sa première victoire dans l'épreuve. Mais le reportage met évidemment en scène les coureurs français qui animent l'étape et se signaleront bientôt au classement final. Le futur triple vainqueur du Tour en 1953, 1954 et 1955, Louison Bobet, n'est alors qu'un jeune champion prometteur qui termine ce Tour à la quatrième place, juste derrière un autre Français, Guy Lapébie, champion olympique à Berlin en 1936 et qui signe en 1948 sa meilleure performance sur le Tour.

Les images rendent enfin compte de quelques-unes des traditions et des rituels qui font la légende de la Grande Boucle. Elles consacrent l'effort et la souffrance de coureurs montant des machines relativement lourdes dans des conditions de montagne propices à l'imagination. Elles rappellent aussi l'importance de l'incertitude, à une époque où les coureurs doivent encore eux-mêmes changer leur boyau en cas de crevaison. De 120 au départ, ils ne seront d'ailleurs que 44 cette année-là à Paris. La présence des spectateurs au bord de la route, venus admirer les démêlées des cyclistes et s'enthousiasmer au passage de la « caravane », confirme la popularité et le statut de spectacle familial de la course. A l'arrivée à Aix-les-Bains, Bartali reçoit un bouquet de fleurs d'une miss locale, renforçant ainsi la symbolique virile d'une épreuve d'où les femmes sont absentes. Certains ont même la chance d'apercevoir le chanteur Maurice Chevalier et les anciens champions cyclistes Charles Pelissier et André Leduc à l'arrivée de l'étape, car les vedettes des planches et du cinéma ont pris l'habitude de se montrer sur le Tour.

Thierry Terret

Transcription

(Musique)
Journaliste
Le col de Turini donne à Louison Bobet l’occasion de montrer sa vitalité. Il fait un gros effort pour consolider sa position de leader et après avoir entraîné quelques compagnons de fuite, il les bat au sprint en arrivant à Cannes.
(Bruit)
(Musique)
Journaliste
Cannes-Briançon fut l’étape la plus dure du tour. Beaucoup de coureurs comme [inaudible] furent gravement accidentés, d’autres comme Diot firent des chutes douloureuses. Les voitures suiveuses, elles-mêmes, ne furent pas à l’abri d’accidents puisque celle-ci tomba dans un précipice de 300 mètres.
(Musique)
Journaliste
Le lendemain, dans Briançon - Aix-les-Bains Bartali affirma définitivement ses prétentions au maillot jaune et détruisit d’un seul coup les espoirs de tous ses adversaires. Par contre, Guy Lapébie stupéfia les plus avisés en se maintenant très près du champion italien. La victoire de Bartali n'alla pas, cependant, sans que le jeune Bobet ne se défendît jusqu’à la limite de ses forces.
(Musique)
Journaliste
Après une bataille terrible, Bartali, Brulé et Bobet restent seuls, invaincus.
(Musique)
Journaliste
Puis Brulé est distancé. Bartali crève et Bobet reste seul poursuivi par un premier peloton.
(Musique)
Journaliste
Mais Bartali se lance dans une chasse extraordinaire, remonte tout le monde et réussit encore l’exploit de gagner l’étape. Maurice Chevalier, Charles Pélissier et André Leduc semblent apprécier la performance de celui que les Italiens appellent à juste titre « le Campionissimo », ainsi que le courage et le panache avec lesquels Bobet a défendu sa chance.