Cyclisme : le Critérium du Dauphiné libéré

29 mai 1989
02m 06s
Réf. 00392

Notice

Résumé :

Le Critérium du Dauphiné libéré a ouvert sa 41ème édition. Cette compétition cycliste, organisée par le journal du même nom, a connu des moments difficiles mais a été soutenue par la population et sauvée par un journaliste, Thierry Cazeneuve.

Date de diffusion :
29 mai 1989
Source :
Lieux :

Éclairage

Le 29 mai 1989, France 3 Rhône-Alpes diffuse un reportage sur l'histoire de l'une des grandes classiques du cyclisme français et international, le Critérium du Dauphiné libéré. La proximité du lancement de la 41ème édition d'une épreuve créée en 1947 impose que le journal télévisé s'empare d'un sujet devenu incontournable dans le paysage sportif rhônalpin.

Le documentaire s'ouvre sur un gros plan du journal Le Dauphiné libéré. En effet, c'est bien le journal grenoblois qui, aux lendemains de la Seconde guerre mondiale et dans un contexte où l'organisation de manifestations sportives constitue toujours l'un des moyens de créer et d'exploiter l'actualité, est à l'origine de la course. Georges Cazeneuve, que l'on aperçoit dans le reportage où il est présenté comme une légende vivante, est l'un des membres du Conseil d'administration du quotidien, quand il lance l'idée d'une épreuve cycliste sur route. De nombreux journaux ont fait la preuve de l'efficacité d'une telle association entre presse et sport depuis le XIXe siècle, ainsi que le souligne avec justesse le reportage.

Georges Cazeneuve devient immédiatement directeur du Critérium pour sa première édition, en 1947, fonction qu'il occupe jusqu'en 1980. Celui à qui l'on doit ultérieurement les « Six jours de Grenoble » est un fin connaisseur du cyclisme et trouve rapidement les partenaires économiques locaux nécessaires. Il imagine la course sur le modèle du Tour de France dont il reprend de nombreuses caractéristiques techniques, mais à l'échelle régionale : classement par étapes, ajout d'épreuves de contre-la-montre, complémentarité des étapes de plaine et de montagne, maillot jaune, mais avec un liseré bleu, pour le premier du classement général, prix du meilleur grimpeur avec son maillot à poids depuis 1948 et prix du meilleur sprinteur avec son maillot vert depuis 1955. Plus modestement, le reportage de France 3 se contente de souligner que le Critérium du Dauphiné libéré est « un banc d'essai » pour les coureurs préparant le Tour de France qui a lieu un mois plus tard, en juillet. Ce calendrier quelque peu rigide est d'ailleurs l'une des clés du succès de l'épreuve, malgré l'incontestable concurrence du Giro italien, car les meilleurs cyclistes français et internationaux ont ainsi l'occasion d'une ultime mise au point dans les Alpes, avant le pic de la saison que constitue le Tour de France. Plusieurs coureurs ont du reste réussi le doublé entre les deux courses, tels Louison Bobet en 1955, Jacques Anquetil en 1963, Eddy Merckx en 1971, Luis Ocaña en 1973, Bernard Thévenet en 1975, Bernard Hinault en 1979 et 1981, Miguel Indurain en 1995 et Lance Armstrong en 2002 et 2003.

Toutefois, si le reportage évoque quelques-uns de ces champions, il ne fournit pas d'image d'archives sur les premières décennies de l'épreuve et ne dit rien du passage de témoin en 1980 entre Georges Cazeneuve et Marcel Patouillard, celui-ci laissant à son tour la direction de l'épreuve en 1988 à Thierry Cazeneuve, neveu de Georges et journaliste au Dauphiné libéré. France 3 choisit en revanche de valoriser deux épisodes liés et plus récents, mais aux dimensions sans doute plus émotionnelles pour ses téléspectateurs, l'un utilisant les ressorts de la dramaturgie sportive, l'autre agitant la fibre régionaliste. En 1984, Bernard Hinault, auréolé de quatre victoires au Tour de France et dont la popularité est alors exceptionnelle, connaît en effet une défaillance dans des conditions météorologique très difficiles en laissant la victoire lui échapper au profit du Colombien Martin Ramirez, qui signe-là le meilleur exploit de sa carrière. Une édition à suspense alors même qu'un an plus tôt, le groupe Hersant qui venait de racheter le Dauphiné libéré, envisageait de supprimer le Critérium en raison de son déficit ; il est finalement sauvé – c'est le second temps fort du reportage - par la réaction des lecteurs du journal qui refusent de voir le mythe disparaitre ainsi. En 2010, signe d'un éloignement des origines, l'épreuve est cependant organisée par le groupe ASO (Amaury Sport Organisation), déjà propriétaire du Tour de France, de Paris-Roubaix et de Paris-Nice.

Thierry Terret

Transcription

Journaliste
Quoi de neuf dans les actualités ?
Intervenant
Ah ben, la nouvelle du jour, c’est quand même le départ du 41ème critérium du Dauphiné Libéré. Bon, c’est vraiment la nouvelle du jour aujourd’hui.
Journaliste
Le Dauphiné Libéré c’est une course et c’est un journal. D’ailleurs, toutes les grandes épreuves cyclistes dont la plus grande, le Tour de France, sont organisées par des quotidiens. Mieux, leur histoire c’est celle du titre qui les supporte. En 83, changement de direction à la tête du groupe de presse dauphinois, les jours du critérium sont comptés.
(Bruit)
Journaliste
Les comptables de Robert Herzog retiennent le déficit de l’épreuve plutôt que de son passage promotionnel devant les lecteurs du quotidien. Alors, les lecteurs écrivent en masse pour sauver la course. Résultat, l’édition 84 est doublement historique avec une étape d’anthologie sous la neige, fatale à Bernard Hinault et avec la première victoire d’un colombien en Europe, celle de Martin Ramirez. Ramirez est encore là cette année et le critérium n’est plus remis en cause par le quotidien, au point que c’est un journaliste du Dauphiné Libéré qui est le nouveau patron de la course, Thierry Caseneuve. Thierry est le neveu de son oncle, Georges Caseneuve, le père fondateur, aujourd’hui disparu mais qui reste une figure légendaire de la presse et du vélo.
Intervenant
...faire voir les villes, discuter enfin, voir un peu, composer également pour que les étapes sont équilibrées, vous comprenez.
Journaliste
Aujourd’hui comme avant, le critérium, c’est le banc d’essai qui le précède d’un mois. Les plus grands champions cyclistes de Bobet à Hinault ont réussi le double, cela pourrait encore fonctionner cette année et surtout, ne dites pas à Thierry Caseneuve qu’en ce moment, les vedettes du cyclisme mondiales sont au JO.
Intervenant
Il y a effectivement [Ruch, Lemon, Fillion, Pereira], mais au Dauphiné, il y a le numéro 1 mondial Charly Mottet, il y a le numéro 2 Kelly et il y a le leader actuel de la coupe du monde Van Hooydonck. Alors, je ne comprends plus, où sont les vedettes? Elles sont ici je crois.
(Silence)